On ne peut pas dire que l’exercice du plénier était une complète perte de temps, parce qu’il y a sans doute plusieurs personnes qui ont profité de l’occasion pour se mettre à jour dans le dossier du nickel, un sujet dans l’air du temps, il va sans dire.
Par David Lemelin
Je pense néanmoins qu’il faut une bonne dose de jovialisme pour croire qu’il s’agissait d’une tactique étudiée et songée de la part de la mairie. Plusieurs éléments ont été bien exposés par mon collègue Gabriel Côté, notamment en ce qui a trait au choix de s’en prendre à l’opposition, dès le départ, au lieu de chercher à faire converger les forces du conseil. Ça sentait la réponse nerveuse et improvisée à un problème nouveau qu’il fallait apprendre à maitriser.
Et c’est beaucoup ce que je perçois, un peu tous les jours, lorsque Bruno Marchand doit prendre position dans un dossier quelconque : on part toujours ou presque de zéro. Il ne sait pas, il n’a pas de position définie, il n’est pas au courant, il aimerait faire le tour de la question…
Évidemment, sur le plan démocratique, ce n’est pas un mal. On a le droit de s’informer. L’ennui, c’est que, dans ces conditions, on ne se présente pas en campagne en disant qu’on a les réponses à toutes les questions des enjeux de Québec. On dit : « j’ai aucune idée, mais je vais faire travailler les gens ensemble et on décidera, en gang, en bout de piste ».
Dans le même ordre d’idée, on ne se vante pas d’avoir le plus meilleur leadership de la Terre alors que celui-ci consiste, pour l’essentiel jusqu’ici, à attendre que le fruit tombe de l’arbre pour voir ce qu’on devra manger.
Certes, ça fait du bien de nous sortir du style précédent qui rejetait le dialogue et qui aimait décider de tout, tout seul. En revanche, en général, on veut se faire élire pour régler les problèmes, pas pour apprendre à les connaitre. S’il faut qu’il y ait un plénier à chaque fois que le maire n’a pas de compréhension suffisante des dossiers, on en aura un pour les finances publiques, un sur l’aménagement du territoire, un sur les relations intergouvernementales, un sur le développement durable, sur le transport, alouette…
Ce sera long.
Au fond, on attend à chaque fois que Marchand découvre que sa position consistera à défendre les intérêts de Québec. En ce sens, l’opposition a eu raison de dire que le maire cherchait à gagner du temps. C’est effectivement ce qu’il a fait : repousser le moment de la décision pour pouvoir s’informer du dossier, puis prendre la décision que tout le monde attendait.
Heureusement, le consensus qui en ressort sera bénéfique. Mais, on a envie de dire : tout ça, pour ça?
Car, on savait déjà qu’il fallait s’opposer à la hausse des normes. On savait déjà qu’il fallait prévoir des outils supplémentaires pour mieux mesurer et documenter le dossier. Mais, surtout, on savait déjà que Québec aurait tout intérêt à se tenir debout devant les gouvernements qui voudront la traiter comme une demi-portion.
C’est un long combat municipal que celui de la reconnaissance des gouvernements de proximités. Il y a eu des réformes, des gains, des reculs, mais toujours cette quête de respect et d’autonomie chez les élus municipaux québécois. Labeaume rêvait d’une Cité-État, pratiquement indépendante de Québec, avec des responsabilités inédites. Évidemment, le gouvernement a trop à gagner avec la subordination des municipalités pour accepter le rôle de simple spectateur.
Mais, la cause du respect et de l’autonomie des municipalités n’est pas un nouveau combat qu’il faudra prendre en charge, seulement au moment où le maire en sera assez informé.
Le combat est déjà commencé. Et, de fait, il n’a jamais cessé.
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