Le maire de Québec Bruno Marchand en collaboration avec la ministre provinciale Geneviève Guilbault, le ministre fédéral Jean-Yves Duclos et la YWCA annonçait ce vendredi la création d’une résidence pour femmes.
« Aujourd’hui on met en place un logement pour des femmes et leurs enfants qui doivent être protéger de l’itinérance invisible et épisodique », affirme Jean-Yves Duclos.
Par « itinérance invisible », précise-t-il, il s’agit de la situation dans laquelle se retrouvent certaines femmes lorsqu’elles vivent sans logement, « cachées », donc dans une situation d’itinérance moins évidente que celle de la rue.
La résidence pour femmes en détails
La résidence est une initiative de la YWCA. La directrice générale par intérim Stéphanie Lampron explique la genèse du projet.
« L’année dernière, on a été approché par un partenaire qui nous a dit qu’il y avait une magnifique maison sur l’avenue du Cardinal-Bégin à vendre et qui pourrait nous servir, affirme-t-elle. On cherchait un continuum dans notre offre d’hébergement parce que souvent, au bout d’un an, les femmes n’ont plus d’endroit où aller. »
Pour avoir accès à un logement de type HLM, Stéphanie Lampron explique que l’attente pour une femme seule est de 3 à 4 ans. La YWCA ne peut pas garder les femmes pendant cette période.
« Il manquait un entre-deux entre le logement et l’hébergement », poursuit-elle. Par ailleurs, une femme se retrouvant dans une maison de chambre « ne se sent pas en sécurité », celles-ci étant mixtes.
La YWCA a donc loué la maison sur Cardinal-Bégin pour mettre sur pied un projet pilote en attendant de faire la demande à l’Initiative pour la création rapide de logements (ICRL).
« Depuis septembre, ce sont 8 femmes qui y habitent et qui testent avec les intervenantes différentes façons de faire pour voir ce qui correspond à leur besoin, explique Stéphanie Lampron. On a une bonne idée de ce qu’elles veulent. Le projet va nous permettre d’acheter la maison et de la rénover. »
La résidence pourra accueillir 13 familles, femmes et/ou enfants dans un milieu sécuritaire.
Combattre l’itinérance « invisible »
« Ce qu’on annonce aujourd’hui c’est une des façons de lutter contre l’itinérance chronique », affirme le député libéral de Québec.
Depuis 2017, avec le programme « Vers un chez soi », le gouvernement canadien partage donc un objectif commun avec la Ville de Québec : « l’itinérance zéro ».
Bruno Marchand réitère à ce sujet « qu’il est possible d’agir et d’avoir des effets visibles ». « Le travail de la YWCA s’inscrit dans cette lignée », ajoute-t-il.
« Si on jumelle nos efforts, on est capable d’adapter des services avec des femmes compétentes à travers une problématique qui est fort différente de l’itinérance masculine, soutient le maire de Québec. Ça prend un développement de l’expertise, des infrastructures et des services qui sont offerts pour faire une différence. »
Une initiative du gouvernement canadien
L’ICRL a été lancé en août dernier par le gouvernement du Canada. « Grâce au gouvernement du Québec, de la Ville de Québec et de partenaires comme la YWCA, on peut le faire ici-même à Québec et démontrer qu’on peut cheminer vite et bien sur le chemin de la lutte contre l’itinérance », soutient Jean-Yves Duclos.
Il précise que le projet de la résidence Cardinal-Bégin totalise des investissements de 2,3 millions de $.
« Dans l’ensemble de la circonscription de Québec, c’est autour de 63 logements qui sont en voie d’être annoncés et construits, poursuit le député de Québec. Je pense entre autres au Piolet sur le boulevard Hamel, Inter-elle qui est un organisme de lutte et de défense de droits des femmes dans la basse-ville et à la maison Marie-Frédéric à Saint-Sauveur. »
« Multiplier les efforts »
Compte tenu du marché immobilier actuel, la vice-première ministre du Québec Geneviève Guilbault tient à souligner l’importance de « resserrer la collaboration entre les paliers de gouvernement ».
Elle se dit « fière » du projet mis sur pied par la YWCA. « C’est autant de femmes et d’enfants qui pourront être logés dans un endroit qui convient à leur situation, soutient-elle. Ce sont des femmes qui ne sont pas nécessairement prêtes à être pleinement autonomes et qui se sentent plus à l’aise dans un contexte de maison. »
« C’est un projet qui est rendu possible grâce à l’entente Québec-Canada pour l’initiative de création pour logements abordables », précise Geneviève Guilbault.
Elle ajoute que les femmes pourront aussi bénéficier du programme de Supplément au loyer (PSL) de la Société d’habitation du Québec (SHQ) qui leur permettra de payer seulement 25% de leur loyer.
Il s’agit d’un investissement de 1,4 millions de $ sur 20 ans défrayé à 90% par le gouvernement québécois via la SHQ et 10% par la Ville de Québec.
« Je suis toujours émue de constater et de rencontrer les gens qui font effectivement ce travail humain et de terrain d’aider directement et concrètement des femmes et leurs enfants, ajoute Geneviève Guilbault. On en a trois aujourd’hui. On a besoin de ces personnes de terrain qui luttent contre les violences et les inégalités. »
Commentez sur "Une première résidence non-mixte pour les femmes verra le jour à Québec"