À 75 ans, Gaétane Asselin vient de s’initier à la course à pied. Elle est la preuve vivante qu’il n’est jamais trop tard pour se lancer dans de nouvelles aventures. Entretien avec une force tranquille.
Par Chantal Lévesque
Vous êtes active depuis toujours. Comment tout a commencé ?
Je n’aimais pas l’école, premièrement. J’ai commencé à faire du sport à trois ans. Du patin à roulettes, dans ce temps-là, il y avait quatre roues. J’ai toujours fait de la natation. La bicyclette à cinq ans. Je pensais juste à sortir dehors, je suis une personne d’extérieur. Je pourrais vivre au Pôle Nord avec les moins 30 °C.
Considérez-vous que vous êtes sportive ?
Je suis très lente. Je parle lentement. Je fais tout quand même, mais je suis comme une tortue. Lentement mais sûrement. Comme les longueurs en natation, je peux en faire pendant deux ou trois heures sans arrêter, mais c’est toujours dans un esprit lent. J’ai une endurance, et je suis patiente. La tortue était lente, mais c’est elle qui est arrivée en premier.
Aussi, je cherche toujours à me dépasser d’une certaine façon. En vélo, je cherche les côtes, sinon je trouve qu’il manque quelque chose. J’aime mieux les monter que les descendre, parce que je suis toujours sur le frein. Dans une côte, je me concentre sur mes jambes et sur ma respiration. En même temps, je me dis que je monte tranquillement, je vois que j’avance, et à un moment donné, je m’aperçois que je suis rendue en haut.
Vous venez de commencer la course à pied à l’âge de 75 ans. Comment c’est arrivé ?
J’ai fait un peu de course à la fin trentaine, mais j’avais mis ça de côté. C’est mon fils Réjean qui m’a parlé du Centre de glaces. Il est tombé en amour avec cet édifice-là, on dirait qu’il a gagné le million. Il n’en revient pas, il dit « c’est motivant ici! ». C’est vrai aussi que c’est beau, ça vient d’être construit, ça fait juste un an. Il m’a inscrite pour que j’aille voir. Mais je ne suis pas juste allée voir, j’ai fait des tours pendant une heure et je réalisais que je marchais beaucoup plus vite que dehors. J’ai fait des intervalles entre marcher vite et courir, peut-être 30 % de course et 70 % de marche.
L’espace est bien configuré, il y a trois pistes de couleurs différentes. Si tu marches lentement, tu prends la piste bleue. Pour ceux qui cherchent de la motivation, s’ils sont au moins capables de se rendre sur place, tout l’environnement va les motiver. On voit les gens qui patinent à côté, d’autres qui font des étirements. On est tous sur la même longueur d’onde, tous dans le sport, chacun à son rythme. On est tous sur cet élan, on n’a pas besoin de se forcer, on est même porté à se dépasser.
Quel conseil donneriez-vous aux gens pour intégrer l’activité physique dans leur quotidien ?
À ceux qui ne font pas de sport, je dis toujours de commencer par aller marcher, parce que c’est accessible à tout le monde. Pas besoin de parler de sport, mais juste d’exercice ou de bouger. Certaines personnes sont actives différemment. Je ne mets pas tout le monde dans le même panier. Je parlerais aussi de tout le bien-être que ça m’apporte pour inspirer les gens à sortir.
Je suggérerais de mettre une activité à l’horaire, à la fréquence voulue, pas nécessairement tous les jours. Faut pas attendre d’avoir le goût. Ça nous dit pas toujours, surtout quand on débute, c’est comme d’aller travailler! De cette façon, les gens découvriront par eux-mêmes les bienfaits sur eux.
Quels sont les plus grands bienfaits selon vous ?
Le mouvement libère l’esprit. Ça va plus loin que le corps. Parfois, même, on règle des affaires. Des fois, je suis en vélo, je pense à quelque chose qui me tracasse, et il y a une solution qui me vient, à travers l’exercice physique. D’autres fois, je ne pense à rien… En vélo, j’aime écouter le mécanisme qui tourne, le bruit du vélo. Je regarde la nature aussi, c’est entendu! Quand j’allais patiner sur la rivière Saint Charles, qui a été entretenue par la ville jusqu’en 1998, j’écoutais le « crouch » de mes patins. L’exercice apporte un bien-être intérieur. Ça ralentit le vieillissement aussi. On vieillit pareil, mais peut-être que je ferais de l’ostéoporose comme ma mère si je n’étais pas si active.
Comment trouver l’énergie nécessaire pour se mettre en forme ?
Les gens pensent qu’il faut attendre d’avoir de l’énergie pour aller faire du sport. Mais l’exercice te donne de l’énergie, ça ne t’en enlève pas. Des fois, on est amorphe, on se sent bizarre quand on se lève le matin. Si on va dehors, ça crée de l’énergie. Par exemple, à la piscine, c’est tout le système respiratoire qui est activé, et après, c’est comme si tout ton intérieur était renouvelé.
Vous gardez des animaux pour les gens qui partent en voyage. Ça vous apporte autant de bienfaits que le sport ?
Je garde des chiens et des chats depuis dix ans. Avec les chiens, faut que ça bouge, j’en ai marché un coup. Le chien est une source d’exercice. Si tu n’aimes pas aller dehors, le chien va te faire sortir. Tu vas trouver ça moins dur, parce que l’animal te donne une compagnie. Quand tu marches avec un chien, tu parles à tout le monde. Les gens que je croise disent souvent que si ça n’avait pas été du chien, ils ne seraient pas sortis. En même temps, ils réalisent que ça leur a donné beaucoup de bien-être quand ils rentrent chez eux.
Un dernier conseil pour partir du bon pied ?
Il faut aller chacun à son rythme. Par exemple, en natation, je ne me compare à personne. J’en vois qui vont bien vite, parce qu’ils ont un cardio qui le leur permet. L’autre jour, j’ai monté un grand escalier menant à la haute-ville avec ma fille Nancy et ma petite-fille Camille. Je suis habituée de monter tous les escaliers de la ville, mais c’est à mon rythme. Là, j’ai embarqué dans leur rythme à elles. Je ne savais plus si j’allais y arriver, mon cœur battait fort, parce que je ne peux pas aller dans le rythme d’une autre personne. On peut tout faire, mais à son propre rythme.
C’est comme pour le reste, il faut vivre ses valeurs à 100 %. Moi, je trouve qu’il y a une belle vie. Je ne pars pas en voyage, c’est pas ça qui m’intéresse. Je suis heureuse si je m’en vais faire du vélo, et que demain je vais courir avec mon fils. Je veux marcher dehors, promener des chiens et avoir des animaux dans ma vie.
Bravo mme Asselin vous êtes un exemple pour toute les personne de notre âge,
J’ai 77ans et je fais beaucoup d’exercice physique ,marche ,jogging vélo etc
J’ai connu jadis une dame extraordinaire qui faisait comme vous du vélo de la natation de la marche et elle portait le même nom que vous ,peut-être est ce vous?
Quoique qu’il en soit ,encore une fois bravo.