Lettre à Éric Caire et consorts : à propos de ce qui nous pollue l’existence (et compromet l’avenir de nos enfants)

Selon vous, il faut arrêter de « polluer l’existence des conducteurs » avec des projets de transport collectif ou de rues partagées (un type d’aménagement urbain où les autos roulent au pas, afin de partager également l’espace avec d’autres usagers). Êtes-vous à ce point dans le déni que vous pensez ce que vous dites ? Ou alors, si vous faites ce genre de déclaration à des fins purement électoralistes, avez-vous seulement conscience qu’elles contribuent à maintenir votre électorat dans un déni de réalité qui nous mène collectivement à notre perte ? 

Ce qui nous pollue l’existence, c’est un mauvais développement axé sur le tout-à-l’auto, et notre dépendance collective à l’auto solo ! Ce sont des villes où les véhicules ont toute la place, si bien qu’on a peur d’envoyer nos enfants à l’école à pied ou à vélo. C’est un parc automobile qui croît plus vite que notre population. C’est un libéralisme économique qui autorise les constructeurs automobiles, tels les cigarettiers de jadis, à nous vendre à grand renfort de publicité toujours plus de produits pourtant nocifs pour notre santé et qui menacent notre survie : les camions légers, véhicules surdimensionnés et énergivores, sont un véritable problème de santé et de sécurité publiques. Ce qui nous pollue l’existence, c’est un gouvernement qui est prêt à relaxer les normes de polluants dans l’air, au détriment des populations locales, pour favoriser l’expansion d’une « filière batterie ». Un gouvernement qui, du même souffle, entretient le mythe qu’il nous suffit d’électrifier les transports et le reste de nos activités pour relever le défi climatique, alors que la crise environnementale appelle à des changements beaucoup plus profonds de nos modes de vie, nécessitant efforts et sacrifices.  

M. Caire, avec de telles déclarations, vous marquerez certainement l’histoire. Dommage que vous et votre gouvernement vous trouviez du mauvais côté de celle-ci, décidément pas à la hauteur des grands enjeux de notre époque.

Signataires: Anne-Sophie Denault, Anne Duchesne, Marie-Hélène Felt, Nicole Gagné, Julie Gravel-Richard, Marie-Hélène Joanette-Cartier, Maryse Mayer, Elsa Moreau, citoyennes de Québec et Mères au front