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Québec le samedi – 19 mars 2022

Plénier sur le tramway à l'Hôtel de VilleL'énergie était palpable au plénier sur le tramway, à l'Hôtel de Ville, le 15 mars. Photo : Capture d'écran

Bien que le retour du temps plus doux dispose naturellement les esprits à une certaine légèreté, les derniers jours ont été très agités, et même lourds par moments, pour nos élus municipaux.

La journée de mardi était marquée d’une croix sur le calendrier de tout le monde depuis plusieurs semaines. Par un jour de grand soleil, où quelques rayons parvenaient même à se frayer un chemin jusque dans la salle du conseil de ville, les élus posaient leurs questions aux membres du bureau de projet du tramway de Québec.

La question des arbres qui devront être coupés a occupé une place importante dans les discussions en début de journée, et les membres du bureau de projet ont beaucoup insisté sur l’objectif ambitieux de la Ville de replanter vingt arbres pour chacun des 1584 qui seront abattus. En conséquence, a résumé le maire dans les corridors entre deux séances de questions, la ville sera plus verte après l’implantation du tramway qu’elle ne l’est aujourd’hui.

Daniel Genest
Daniel Genest

Puis, le Bureau de projet a réitéré que l’alimentation électrique par ligne aérienne de contact – des fils électriques – est la meilleure pour Québec, sans fermer complètement la porte à une technologie de batterie embarquée.

Enfin, on a beaucoup parlé du scénario de rue partagée sur le boulevard René-Lévesque et des implications de cette option pour le secteur, et notamment pour Grande-Allée. Les révélations les plus marquantes ont toutefois eu lieu quelques jours plus tard, dans les page du Journal de Québec, quand le journaliste Taïeb Moalla a dévoilé des documents de la Ville précisant que le temps de déplacement pour les automobilistes qui circulent sur le boulevard Laurier et sur Grande-Allée pourrait doubler lors de la mise en fonction du tramway. Ces documents datent du mois de septembre, soit quelques semaines avant l’élection.

Ce fut l’occasion pour les groupes d’opposition d’avoir ce qu’on appelle « une bonne journée » aux dépends de l’administration. Tant Québec 21 que Québec d’abord se sont insurgés, dénonçant un manque de transparence et de leadership de la part de l’administration en place. De son côté, le maire Bruno Marchand a discrètement fait acte de contrition, et il a reconnu qu’il aurait dû rendre ces informations publiques, mais en faisant valoir que ces études étaient en cours d’actualisation pour bien prendre en compte des données qui n’étaient pas connues à l’automne.

Équilibriste

La question des arbres et celle de la place qui revient aux automobiles au centre-ville est le fil sur lequel se tient l’administration municipale. Bruno Marchand répète d’ailleurs très souvent que « décider, c’est renoncer ». Comme il le fait lui-même, il invite les citoyens à prendre en considération ce qu’il appelle le « coût de renonciation » : préfèrent-ils circuler plus fluidement en voiture, ou préserver des arbres ? Or, ce qui rend la position du maire particulièrement délicate, c’est qu’il n’est pas certain que ceux qui seront déçus par la décision finale ne se disent pas qu’en fin de compte, il serait mieux de jeter le bébé avec l’eau du bain, et d’abandonner tout à fait le projet de tramway.

Le pitch de vente du maire est donc assez difficile, mais c’est peut-être le mieux qu’il puisse faire vu l’état actuel d’avancement du projet. Malgré ces embarras, l’équipe du maire sent que les choses commencent à bouger et que les récentes consultations ont permis de gagner des indécis à la cause du tramway. L’administration continue d’essayer d’instaurer, lentement mais sûrement, une « culture du dialogue » à la Ville de Québec, et de favoriser les échanges entre les fonctionnaires et les citoyens, dans l’espoir de mieux prendre le pouls de la population, et aussi de mieux l’informer. Comme Bruno Marchand le disait dans une réunion du conseil de ville il y a quelques semaines, les élus ont un rôle d’interface à jouer, entre les gens et l’administration.

Mais en plus de ce rôle, qui est essentiellement « passif » puisqu’il fait de l’élu une courroi d’information « neutre » entre deux corps qui ne se comprennent pas bien, il ne faut pas oublier le rôle « actif » qu’ont à jouer les politiques : celui d’orienter et d’influencer tant la population que l’appareil municipal, et surtout de trancher, de prendre des décisions. Certainement, le maire est très conscient de cette responsabilité, puisqu’il en parle lui-même souvent. Les prochaines semaines lui fourniront l’occasion d’en témoigner par des gestes concrets.

Considérations stratégiques

Il n’en demeure pas moins que l’opposition officielle semble précisément lui reprocher quelque chose à cet égard. Depuis janvier, on a vu Québec d’abord déposer plusieurs avis de proposition, et on a vu l’administration, très souvent, répondre à ces avis qu’il est nécessaire de prendre un pas de recul avant d’agir, pour prendre le temps de bien considérer chaque problème dans ce qu’il a de complexe. On peut même soupçonner que l’opposition officielle ait déposé certains de ces avis de proposition dans l’idée de forcer l’administration à répéter que des analyses sont nécessaires avant de trancher définitivement.

tramway
Le chef de l’opposition officielle, Claude Villeneuve, répondant aux questions des journalistes en marge du comité plénier sur le projet de tramway, le 15 mars 2022. Photo : Gabriel Côté

Que ce soit là une stratégie avouée ou non, l’effet demeure pratiquement le même, et il se peut bien que certains citoyens perçoivent le maire comme une personne plutôt irrésolue. Si c’était le cas, il s’agirait d’un signe de l’efficacité de la méthode plus douce adoptée par Québec d’abord au cours des dernières semaines. « Plus fait douceur que violence », écrivait l’autre.

La confluence de ces circonstances crée une sorte de piège pour Québec Forte et Fière. Pour éviter de paraître irrésolus, – l’irrésolution et l’hésitation sont souvent comprises comme des signes de faiblesse chez les dirigeants – ils pourraient avoir envie de quitter l’attitude qui est la leur depuis qu’ils sont à la tête de la Ville de Québec et prendre une série de décision simplement pour ne pas avoir l’air tels qu’ils sont dépeints par l’opposition. Mais l’équipe de Bruno Marchand n’envoie aucun signe allant en ce sens, et elle semble convaincue du bienfondé de sa stratégie. Il est fort douteux que le maire décide de jouer ce jeu.

À court terme, cela confère à l’opposition un certain « avantage » dans le jeu des perceptions qu’est la politique, mais il sera intéressant de voir l’effet à plus long terme du style de QFF. Est-ce que celui-ci donnera lieu à de meilleures politiques publiques et à de meilleurs services aux citoyens, ou pas ?  

En rafale

  • Mercredi, le maire a annoncé une modification dans la structure administrative de la Ville. Comme cela a été bien relevé, les deux changements les plus significatifs sont l’emphase qui est mis sur le dossier de la « mobilité intégrée » – dossier prioritaire s’il en est pour l’administration Marchand – et la réouverture du Bureau international.
  • La Ville de Québec a reçu 1,45 M$ du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation pour accélérer la transition numérique en ce qui concerne la conception, la construction et l’Exploitation de ses infrastructures publiques.
  • Pour faciliter la vie des automobilistes, la Ville garantit qu’elle va réparer chaque nid de poule qui lui sera signalé au 311 dans un délai de trois jours ouvrables.
Pierre-Luc Lachance
Le responsable de l’entretien des voies de circulation sur le comité exécutif, Pierre-Luc Lachance.
Photo : capture d’écran
  • La réunion au conseil de ville qui aura lieu ce lundi marquera le retour des citoyens en présence au conseil.
  • Bruno Marchand a signé jeudi la Déclaration de principes pour une gestion et un développement concertés, durables et responsables du logement social et abordable à Québec, en compagnie des membres de la Table de concertation, de représentants de la Ville et de la conseillère Marie-Pierre Boucher.
  • Le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, était de passage lundi matin à l’Hôtel de Ville de Québec pour annoncer du financement du Fonds municipal vert, dont 11,5M$ seront consacrés pour la réalisation du projet de valorisation de la vapeur de l’incinérateur de Québec.

G.C.

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