Publicité
  • Jean Coutu Vaccination
  • Publicité pour la résidence La Champenoise

Québec le samedi – 26 mars 2022

Le maire de Québec entouré par les membres du comité exécutifLe maire de Québec entouré par les membres du comité exécutif, dans sa conférence de presse en réaction aux conditions imposées par le gouvernement pour l'émission d'un décret attendu par la Ville. Photo : Gabriel Côté

Les choses vont parfois si vite que des évènements survenus l’après-midi sont déjà de l’ordre de la chronique le soir venu. Et il est étonnant que les premières analyses, qui viennent bien avant que la poussière ait eu le temps de retomber, soient très souvent si justes. Mais elles ne le sont pas toujours pour les raisons que l’on croit. 

Il y a quelques jours, on disait du projet de tramway qu’il avait du plomb dans l’aile ; aujourd’hui, il semble avoir le vent dans les voiles.

Dans la journée de lundi, le maire de Québec, Bruno Marchand, pressait le gouvernement d’émettre le décret dont la Ville a besoin pour lancer un premier appel de propositions pour le projet de tramway. Il s’inquiétait de ne pas avoir de nouvelles à ce sujet, comme il était prévu que ce processus soit lancé le mardi 22 mars. 

Visuel du tramway
Photo : Ville de Québec

Le lendemain, on apprenait que le gouvernement Legault adopterait le décret tant attendu le 6 avril, mais à la condition que la Ville abandonne le scénario de rue partagée sur René-Lévesque. Le maire était perplexe, et il a d’ailleurs avoué ne pas comprendre ce que faisait le gouvernement. 

Quelques heures plus tard, l’énergie et la frustration accumulées pendant des mois de niaisage et de tergiversations de toutes sortes ont précipité le cours des choses. 

Le coup de la CAQ avait porté. L’impopularité du projet, révélée par un sondage rendu public par Bruno Marchand lui-même, et la déclaration du maire selon laquelle le projet de tramway ne concernait pas les municipalités avoisinantes, avaient placé le maire de Québec dans une mauvaise position. À cela s’ajoutait les difficultés excitées par la CAQ, que certains soupçonnent d’avoir coulé quelques jours plus tôt des informations à propos des impacts du projet sur la circulation au centre-ville dans les médias. 

La concomitance de ces évènements, et en particulier la carence d’acceptabilité sociale du projet, créait un contexte favorable pour que le gouvernement Legault puisse faire valoir avec une apparence de légitimité que des améliorations étaient nécessaires pour le bien du projet. Contrairement à plusieurs, je ne crois pas que la CAQ avait l’intention de « noyer le projet de tramway », puisqu’il en a besoin pour atteindre ses objectifs en matière d’électrification des transports. 

Le réel enjeu était vraisemblablement plus politique qu’autre chose, et peut-être que le gouvernement voulait se servir de ce dossier pour affirmer son autorité et gagner dans une joute d’influence. Mardi, ils avaient « sur papier » un léger avantage, car ils avaient réussi à s’afficher comme le parti de l’unité, soucieux de considérer tout le monde dans la bonne réalisation du projet ; pour cela, ils ont voulu faire de Bruno Marchand le représentant de la division (en tant qu’il opposait la ville et les banlieues). Mais il s’agissait d’un avantage très fragile, puisque la presse les accusait tout de même depuis plusieurs jours de « faire du chantage », et possiblement de vouloir « tuer le tramway ». Bref, malgré ses « bons coups », la CAQ ne gagnait pas haut la main le jeu des perceptions.  

Tout ceci s’est avéré inutile quand le lendemain, mercredi, les ministres Caire et Bonnardel, en ont rajouté en accusant Bruno Marchand de « polluer la vie des automobilistes » et en affirmant que le gouvernement refuserait de se faire « dicter le rythme » par la Ville de Québec. Après tous les efforts pour incarner une volonté de rallier l’opposition et de satisfaire tout le monde, la CAQ est devenue, en quelques minutes seulement, le parti des conflits et de la division.

Bref, un petit bout d’oreille échappé par malheur, aurait dit La Fontaine, découvrit que le lion était en fait un âne.

Sans même avoir à prononcer un seul mot, Bruno Marchand avait repris l’avantage. 

Cet avantage s’est transformé en victoire décisive lors de la sortie théâtrale du maire de Québec. Avec les membres du comité exécutif derrière lui, le maire de Québec a parlé avec la conviction du Juste, en en appelant à des idées qu’on pourrait dire universelles : il a revendiqué l’autonomie de la Ville face à un gouvernement trop centralisateur et trop contrôlant ; il a confié se sentir comme dans une maison de fou dans ses rapports avec le gouvernement ; il a dénoncé l’électoralisme patent de la CAQ en faisant valoir qu’il ne se soucie pas personnellement de sa réélection. 

Le maire a ainsi joué sur ses forces en même temps que sur les faiblesses de l’adversaire. Il a la légitimité d’un maire en début de mandat, alors que la CAQ devra se soumettre à une élection dans quelques mois. Surtout, il a profité de la bourde monumentale d’Éric Caire et de François Bonnardel pour incarner à nouveau, et sans qu’il reste aucun doute à ce sujet, la figure de l’unité et de la bonne foi. 

Il serait très surprenant que le décret ne soit pas adopté pas le 6 avril, même si Bruno Marchand n’obtempère pas aux conditions du gouvernement. Mais, dans le cas contraire, il sera intéressant de voir ce que sera le prochain coup de la Ville. 

Tout ceci a l’effet malheureux de cristalliser les partisans et les opposants au tramway dans leur position respective, et d’attiser des conflits au sein de la population. La question sera de savoir si cette petite guerre aura au bout du compte l’effet de mousser ou d’émousser les appuis au projet de tramway. Comme les idées ont en général peu d’effet sur les opinions politiques, et que c’est plutôt la personnalité des dirigeants qui est déterminante, plusieurs observateurs seront d’avis que c’était une excellente semaine pour le tramway.

Budget

Dans la journée de mercredi, des journalistes blaguaient dans les couloirs de l’Hôtel de Ville. « Est-ce qu’il y avait un budget hier ? On dirait que je ne m’en suis pas aperçu », déclarait l’un d’eux. 

La Ville de Québec demandait 250 unités le logement social et 250 unités de logement abordable par année, pendant cinq ans. Finalement, la municipalité a obtenu 750 unités de logement social pour la première année.

Les souhaits de l’administration municipale pour son plan Climat ont également été exaucés. La Ville recevra ainsi 49M$ pour soutenir des initiatives de développement durable. 

G.C.

Commentez sur "Québec le samedi – 26 mars 2022"

Laissez un commentaire

Votre courriel ne sera pas publié.


*


Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.