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Le Parti conservateur du Canada face à lui-même

Gérard DeltellLe député conservateur de la circonscription de Louis Saint-Laurent, Gérard Deltell. Photo : Courtoisie

La course à la chefferie du Parti conservateur vient d’être officiellement lancée il y a quelques semaines. Même si nous n’avons pas encore franchi la date limite de dépôt de candidature du 19 avril, tout semble indiquer que les candidats d’envergure sont déjà lancés dans la course. Parmi ceux-ci, deux candidats se démarquent : Jean Charest et Pierre Poilièvre.

Par Karim Chahine

Afin d’éclaircir la situation, j’ai décidé d’aller à la rencontre de Gérard Deltell, député conservateur de la circonscription de Louis-Saint-Laurent. Alors que, lors des précédentes courses à la chefferie du Parti conservateur, ce dernier avait appuyé Erin O’Toole en 2017 et qu’il était resté neutre lors de la course de 2020, il a cette fois-ci décidé d’appuyer Jean Charest. Le principal adversaire de ce dernier est Pierre Poilièvre, un député fougueux qui siège à la Chambre des communes depuis bientôt dix-huit ans.

La place du caucus québécois au sein du Parti conservateur du Canada

J’ai rencontré un Gérard Deltell confiant et résolument tourné vers l’avenir. S’il ne se cache pas qu’il a appuyé Erin O’Toole lors du vote de confiance, il a rapidement pris acte du résultat : « J’aurais souhaité un choix contraire, mais je n’ai pas à juger si le choix est indigne, le choix s’est fait dans la plus grande démocratie qui soit avec le respect des règles démocratiques telles que définie tel qu’on avait choisi d’appliquer ».

Comme la majorité des députés conservateurs du Québec, Gérard Deltell s’est rapidement rangé derrière la candidature de Jean Charest, avant même que ce dernier soit officiellement lancé dans sa campagne d’ailleurs en fait. Alors que l’on connaît les dissensions idéologiques entre les conservateurs plus progressistes et une certaine frange proche de la droite religieuse, on peut penser qu’une victoire de son opposant Pierre Poilièvre nuirait au poids du caucus québécois au sein du Parti conservateur. Pour Deltell, qui demeure très pragmatique, il n’en est rien : « Le caucus québécois c’est dix députés. Sur ces dix députés, sept ont été élus avec plus de 50% du vote. (…) Sept députés sur dix qui se font élire avec plus de 50%, moi j’appelle ça des atouts incroyables pour le futur chef, peu importe qui il est. »

Même si les chiffres sont convaincants, ils ne pourront sans doute pas venir à bout des tensions qu’on voit ponctuellement émerger lors des campagnes électorales. Campagne après la campagne, la question de l’avortement a continué d’être au Parti conservateur du Canada ce que le mot souveraineté a été pour le Parti québécois lors des élections de 2012, 2014 et 2018, c’est-à-dire un boulet. C’est la question dans lequel se sont embourbés les candidats en début d’élections. Elle a autant nui au bon lancement de la campagne qu’aux candidats conservateurs du Québec idéologiquement plus progressistes que leurs collègues de l’ouest.

Si ce n’est pas l’avortement, d’autres dissensions émergeront et la loi 21 pourrait sans doute être la pierre d’achoppement :  alors que les conservateurs québécois savent très bien qu’ils doivent à tout le moins appuyer la liberté du gouvernement du Québec de légiférer en ce sens et d’utiliser la clause nonobstant, certains conservateurs ont une approche plus libertarienne concernant la place de la religion dans notre société.

Il est bon de rappeler que l’un des candidats à la présente course à la chefferie du Parti conservateur est Patrick Brown, maire de la ville de Brampton en Ontario. Celui-ci s’est fait connaître pour avoir fait adopter une motion permettant à sa municipalité d’utiliser 100 000 $ de fonds publics pour contribuer à la lutte judiciaire contre la loi 21 du Québec.

Cette course permettra-t-elle une bonne fois pour toutes de faire le point et de déterminer qui l’emportera entre un pragmatisme politique misant sur la meilleure stratégie pour prendre le pouvoir et un pragmatisme idéologique priorisant une clarté et une stabilité idéologique sur les questions clivantes ?

Un appui de conviction ou nécessité ?

Concernant la candidature de Jean Charest, le député de Louis-Saint-Laurent est clair, son appui en est un de conviction : « Je sais que Jean Charest est la personne toute désignée pour rassembler notre parti, pour rallier notre parti, pour unir notre parti, pour attirer les Canadiens au Parti conservateur ». Politiquement parlant, c’est vrai que la feuille de route de M. Charest est impressionnante : quatorze ans au fédéral, dont quatre à titre de chef du Parti progressiste-conservateur du Canada, et quatorze ans au provincial, dont neuf comme premier ministre du Québec.

Reste à voir si M. Charest sera en mesure de convaincre les Québécois. L’enquête Mâchurer de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) a longtemps pendu au-dessus de sa tête comme une épée de Damoclès. La fin de l’enquête annoncée à la fin du mois de février n’a pas effacé la perception de la population. Si les conservateurs sont convaincus, la vraie course du prochain chef sera celle des prochaines élections générales, au plus tard en 2025. À ce moment, il faudra convaincre tous les Canadiens et tous les Québécois.

C’est d’ailleurs la question que se posent tous les conservateurs au fond : lequel des candidats a le plus de chance de battre Justin Trudeau s’il se représente pour un troisième mandat ?

Chose certaine, à la suite de « l’entente parlementaire » entre le Parti libéral du Canada et le Nouveau Parti démocratique, le nouveau chef du Parti conservateur aura quelques années pour se faire valoir. Pour mettre en pratique leur endurance, les aspirants chefs du Parti conservateur ont devant eux une longue course à la chefferie, puisque le vote n’aura lieu que le 10 septembre. D’ici là, il est fort à parier que les positions politiques se préciseront, nous permettant de mieux distinguer les aspirants chefs les uns des autres. On pourra ainsi mieux discerner les caractères respectifs des candidats de cette même famille politique.

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