L’énergie militante et l’agacement politique étaient au rendez-vous hier soir à l’Assemblée publique sur le tramway au Centre Horizon.
En effet, bien que l’évènement fut réalisé par deux députés de Québec Solidaire, des élus de diverses allégeances ont uni leurs efforts pour contester l’attitude du gouvernement Legault.
Ils ont voulu envoyer un message clair : les citoyens de Québec veulent un tramway et il est temps que le gouvernement caquiste cesse de « ménager la chèvre et le chou ».
Un 41% qui donne la vie dure au tramway
« Les sondages sont une photo d’un moment, ça dépend qui on sonde et il y a des marges d’erreur importantes, souligne Sol Zanetti, député solidaire de Jean-Lesage. Nous ce qu’on voit, c’est que le nouveau maire a fait des consultations et elles ont eu un grand succès. Les gens ont dit : on veut une rue partagée sur 500 mètres. »
Sol Zanetti soutient que l’élection municipale a porté sur l’enjeu du tramway et que « même si ça ne plait pas à certains députés de la CAQ de la région de Québec », il s’agit d’une « décision populaire » en faveur du tramway.
Les autres députés présents ont d’ailleurs reconnu la légitimité du projet du tramway due au caractère référendaire de la dernière élection.
Des « bâtons dans les roues »
« Quand le gouvernement brandit l’acceptabilité sociale, il se fonde sur absolument rien, poursuit le député de Jean-Lesage. Il faut dire ce que ça veut dire et c’est quoi les critères. Si c’est un nouveau mécanisme pour augmenter les délais, il va nous trouver sur son chemin. »
Catherine Dorion, députée solidaire de Taschereau, affirme qu’il y a eu déjà plusieurs prétextes pour ralentir le projet et constate des retards de un an et demi.
« Ça va faire, lance-t-elle. On la voit la stratégie : c’est de dire on n’a pas d’arguments contre ce projet, donc on va le ralentir pour le menacer. »
L’acceptabilité sociale est selon elle acquise, ce pourquoi il faut faire cesser « les mesures dilatoires ».
Division au sein même de la CAQ ?
Des tensions seraient présentes au sein même du parti de la CAQ selon les députés solidaires, surtout avec les députés de Québec, « ceux de la périphérie de Québec ».
Sol Zanetti admet que la situation est paradoxale : « il y a une déconnexion entre eux et les citoyens ».
« Des gens comme Pierre Fitzgibbon et François Legault, ils ont voyagé et ont vu les grandes villes du monde, affirme-t-il. Ça leur fait pas peur des petites rues partagées. On a quelques députés à Québec qui sont vraiment obsédés par leur lutte contre le transport en commun et pour l’élargissement des routes. »
Catherine Dorion soutient également que « François Legault a de la misère avec ses ministres de Québec ». Elle nomme à cet égard Jonatan Julien, Geneviève Guilbeault et Éric Caire.
« Ils sont en train de devenir un boulet pour le gouvernement Legault et je pense qu’il est en train de s’en rendre compte, continue-t-elle. Il est en train de se désolidariser et il fait bien. Ça va lui coûter cher s’il continue à suivre les 2-3 ministres de Québec qui ont peur de Radio X. »
Cette situation de crainte face au « discours pro-voiture revendiqué par une radio privée » est selon la député de Taschereau un très grave problème.
Sol Zanetti souhaite que « la raison ait le dessus sur l’anti-transport-collectif ». Mais il s’agit ici moins de « logique » ou de « rationalité » que de politique partisane ; le lien entre l’opposition des élus et la montée du Parti Conservateur étant selon lui évident.
« Elle inquiète certains députés de la CAQ, entre autres le député de Chauveau je suis certain, affirme Sol Zanetti. Je pense qu’ils essaient de faire un virage à droite pour ne pas perdre leur base traditionnelle. »
Pro-tramway jusqu’aux Îles-de-la-Madeleine
Joël Arseneau, député des Îles et porte-parole péquiste en matière de transports, était aussi présent pour demander que « cesse l’ingérence dans les affaires municipales de la part du gouvernement ».
« S’il veut gérer la Ville, il y a des élections municipales pour ça, poursuit-il. Que les députés de la région se mêlent du dossier à ce point, c’est absolument inacceptable. »
Il faut donc sans attente selon Joël Arseneau « passer à l’action ». La condition d’acceptabilité sociale invoquée par la CAQ est selon lui d’abord électoraliste, puisque les élus se sentiraient menacés, mais témoigne aussi « d’un manque de conviction ».
« Le projet de transport collectif on est rendu-là, soutient le député des Îles-de-la-Madeleine. Imposer l’acceptabilité sociale vient de nulle part ; c’est un processus en continu, tout au court de l’élaboration du projet. Ce n’est pas juste un 50% aujourd’hui, hier ou demain et la Ville est beaucoup mieux placée pour obtenir ce sentiment que l’acceptabilité est au rendez-vous. »
Joël Arseneau croit aussi qu’il s’agit d’une opportunité « de faire de l’éco-blanchiment en présentant son 3e lien comme partie prenante à un réseau intégré ou complet ».
Un décret sans condition exigé
Les députés présents s’entendent pour exiger que le gouvernement provincial donne le décret sans condition dès aujourd’hui pour que la Ville obtienne le financement et puisse aller de l’avant avec le projet.
« On veut un tramway, arrêtez de niaiser », lance finalement Catherine Dorion.
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