C’est sur la 1re Rue, dans le bruit et la poussière des bretelles d’autoroute, que le président du conseil de quartier du Vieux-Limoilou, Raymond Poirier, a annoncé le lancement officiel du projet Limoil’air, une initiative citoyenne visant à mesurer la qualité de l’air à Limoilou.
Par Gabriel Côté
Rappelons que ce projet consiste à installer des capteurs pour collecter des données permettant d’observer et d’analyser la présence de particules fines dans l’air à Limoilou.
Au total, ce sont 75 capteurs qui seront installés, et qui feront une prise de données à chaque deux minutes, pour assurer un suivi de la situation en temps réel. Le coût de l’initiative s’élève à 40 000 $. Chaque capteur vaut entre 200 et 250$.
« Il y a une inquiétude persistante à propos de la qualité de l’air dans le quartier », explique Raymond Poirier. « C’est toujours ce qui ressort dans les sondages que l’on mène auprès de la population ».
L’idée du projet est aussi de combiner les données qui seront recueillis par les capteurs avec les autres données disponibles, a suggéré le président du conseil de quartier du Vieux-Limoilou.
« Individuellement, on va pouvoir avoir de l’information sur chaque capteur (…), mais également, avec nos experts, on va être capable de faire parler ces données-là entre elles, donc d’avoir des courants, un air plus général sur le quartier, on va intégrer des stations météorologiques au projet pour pouvoir faire un suivi sur le plan des vents et de la dissémination, et pour identifier des sources potentielles de pollution atmosphérique », a-t-il dit.
Les citoyens à l’action
Le gouvernement n’est pas assez proactif pour améliorer la qualité de l’air à Limoilou, croit Raymond Poirier. Pour cette raison, ajoute-t-il, les citoyens ont décidé de prendre les choses en main et de faire eux-mêmes un travail qui devrait pourtant être fait par le gouvernement provincial.
« Depuis une dizaine d’années, il y a beaucoup de choses qui sont demandées au ministère de l’environnement et de la lutte aux changements climatiques. Malheureusement, on n’a pas réussi à obtenir plus d’information sur la qualité de l’air de nos quartiers. Alors on choisit avec le soutien d’institutions locales de prendre les choses en main à la hauteur de ce qu’on est capable de faire : d’aller prendre des mesures et chercher des données », a dit le président du conseil de quartier du Vieux-Limoilou.
« Ce réseau ne vise pas à se substituer à un éventuel réseau étatique. Ce qu’on estime toutefois, c’est que ce réseau aurait dû être installé depuis bien longtemps pour répondre à ce besoin qui a été moult fois répété. C’est clair qu’on espère que nos élus, nos gouvernements (…) vont prendre état de ce qu’on est en train de faire. »
En outre, M. Poirier considère que les capteurs actuels ne sont pas à la hauteur de la tâche qui doit être réalisée, car ils ne sont pas assez nombreux.
« Il n’y en a pas suffisamment. Il y en a un seul auquel les citoyens ont accès. Le port de Québec possède des capteurs, les citoyens n’ont pas accès à cette information-là. Donc, en termes d’information publique, il y a le capteur du ministère de l’environnement et de la lutte aux changements climatiques, pas très loin d’ici, il y a de l’information qu’on peut aller chercher via le réseau de surveillance canadien, il y a l’incinérateur ou il y a des prises de mesure de façon sporadique (…). Nous, ce qu’on vise, c’est de permettre un suivi aux deux minutes. À chaque deux minutes, l’information va être prise aux capteurs et envoyé aux serveurs de relvolv’air. On va être transparent, ces données seront accessibles. Les gens pourront voir ce qu’il en est de la qualité de l’air chez eux. Par la suite, à chaque deux minutes une mise à jour va se faire », a conclu Raymond Poirier.
Pas un oasis de paix
La toute première citoyenne à installer un capteur chez elle est Séréna Bilodeau. Celle qui habite depuis deux ans sur la 1re Rue à Limoilou, décrit sa situation comme ce qui a tout l’air d’un cauchemar.
« Ça fait deux ans que j’habite ici. Au départ, je ne m’attendais pas à un oasis de paix, évidemment, toutefois il y avait un parc, la rivière était proche, je pensais que ça ne serait peut-être pas si pire. L’été passé, j’ai essayé de faire un jardin sur mon balcon. Impossible de faire un jardin ici sans doucher les plantes à chaque semaine. Les légumes que je récoltais, ils étaient noirs. Culture complètement impossible. Il fait très chaud, je suis au troisième étage, des fois j’aimerais pouvoir ouvrir les fenêtres (…), mais c’est impossible car ça salit la maison au grand complet. Le projet Limoil’air me rend fière parce que je suis contente de voir que les gens prennent les choses en main. »
En proie à des épisodes d’éco-anxiété, Séréna Bilodeau croit que le projet Limoil’air pourra faire avancer un peu la cause de la qualité de l’air en Basse-Ville de Québec.
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