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Les animaux de compagnie

“Pis toué, ta semaine?”

Ah, moi, tu sais. 

Ma semaine a été plutôt “relax”, une première pour moi depuis un certain temps. Ce qui m’a permit de passer beaucoup de temps avec mon chat, qui lui, clairement, a passé la semaine à s’ennuyer de tout ce temps où je n’étais pas à l’appart.

Parce que oui, bon, je suis peut-être légèrement un tantinet intense dans mon minouchage. Je minouche comme le monde qui font du crossfits virent une roue de tracteur. En bedaine, en hurlant “Aime moi!”.

Mais ce n’est pas de ma faute. J’aime ça avoir de la compagnie pour me porter compagnie. Sauf que la compagnie des humains, c’est compliqué à avoir. Ça demande un bac en gestion pour coordonner les horaires de tout le monde, au point où j’ai l’impression de juster gérer une compagnie!

Tandis qu’avec mon chat, c’est facile. Il est là quand je suis là, exactement quand j’en ai besoin pour assouvir mes besoins affectifs non couverts par ma police d’assurance.

Le seul hic dans cette histoire, c’est que vu qu’étant donné que cette semaine, j’ai moins travaillé, j’ai eu beaucoup de temps pour réfléchir. Et ça, réfléchir, ça a une fâcheuse tendance à gâcher le party!

Parce que j’ai réalisé à quel point avoir un animal de compagnie, c’est complètement, absolument, indéniablement immoral.

Ah! As-tu entendu ça? C’est le bruit du party qui vient de tomber.

Déjà, c’est très bien choisi de parler d’un animal de “compagnie”. Parce que mon chat, il vient d’une compagnie spécialisée dans la fabrication d’animaux de compagnie. Ce n’est pas un être vivant, mais un bien de consommation. La preuve : je l’ai acheté à rabais, dans une vente “étiquette rouge”!

Ensuite, pour garder ces petites bêtes-là en vie, ça prend énormément beaucoup de ressources. Il faut leur fabriquer de la nourriture, des jouets, des vêtements… Bon, ok, je sais que mon chat n’a pas besoin de vêtements pour rester en vie. Mais tu devrais voir comment il est cute dans son petit gilet qui dit “j’haïs les lundis”. On dirait un vrai petit humain!

Ce qui est ironiquement immoral, vu que ses vêtements ont été fabriqués par des vrais petits humains du tiers-monde qui n’ont même pas les moyens de s’habiller décemment. 

Je ne veux pas parler pour eux, mais moi, je trouverais ça insultant de savoir qu’un chat, qui n’est considéré que comme un simple bibelot ambulant, est mieux habillé que moi!

As-tu entendu ça? C’est le bruit du party qui fait un ACV!

Et puis, nos animaux, il faut les garder en santé. Ça prend des médecins vétérinaires, qui travaillent dans des hôpitaux vétérinaires, où on trouve des nutritionnistes, des massothérapeutes et des psychologues pour animaux.

Quelle société fantastique qui me permet de voir un psychologue pour mon chat plus rapidemnet que pour moi-même!

Et pour beaucoup moins cher.

Ce qui est quand même pratique, parce que comme je ne peux pas voir de psychologue pour mes problèmes à moi, c’est mon chat qui se retrouve à être ma thérapie. Ça lui prend donc un support professionnel pour passer à travers cette épreuve.

Et finalement, en gardant ton animal de compagnie à la maison, tu le prives de sa liberté. Voilà. C’est tout. Tu étouffes ses instincts animaux en l’empêchant de sortir, ou en le gardant au bout d’une laisse, ou en lui apprenant à faire des tours pour avoir des petites gâteries qui vont lui donner le diabète!

Et là, oui, je sais, tu vas me dire “mais mon animal de compagnie, moi, je m’en occupe. Je le nourri, toute. Y fait pas pitié!”. Et je me dis exactement la même chose. Mais je me dis que c’est aussi ça qu’on fait avec les animaux dans un zoo. On s’en occupe, on les nourrit. Tu ne viendras pas me faire croire que ce sont des animaux qui vivent libres et heureux.

Et tout ça, pour quoi? Juste pour avoir une boule de poils chaude que je peux serrer dans mes bras quand je veux (et plus souvent qu’autrement, contre son gré).

Eh oui. Tu as bien entendu. C’était le bruit du zipper qu’on remonte sur la dépouille du party, avant de l’amener à la morgue.

Alors, en attendant que le party renaisse de ses cendres, je me demande “ok, mais qu’est-ce que je fais?”. Et ça va me prendre une autre bonne semaine relaxe de réfléxion pour trouver une réponse.

Parce que dans le moment, le mieux que j’ai trouvé, c’est de remplacer ma boule de poils chaude à caliner par une bouillotte dans un coussin velu. Ça a le mérite d’être moral. Mais c’est quand même moins amusant qu’un chat.

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