La Coalition de Québec contre les hausses de loyer dénonce les « pratiques prédatrices » menant à des hausses de loyer abusives et des évictions forcées lors d’une tournée en autobus jeudi le 9 juin. Le mouvement citoyen organise un trajet en autobus afin demander aux différents paliers de gouvernement d’intervenir contre les hausses de loyer.
Par Juliette Nadeau-Besse
Les militants s’arrêteront d’abord devant les bureaux d’une compagnie de gestion immobilière et de construction afin de dénoncer son utilisation des « rénovictions ». La Coalition s’oppose à diverses pratiques qualifiées de « prédatrices » dont les « rénovictions », les ententes de résiliations sous pression, les reprises ou changements d’affectation abusifs, l’intimidation et le harcèlement. Les passagers parcourront donc plusieurs quartiers particulièrement affectée par des stratégies prédatrices.
Selon Nicole Dionne, porte-parole de la Coalition de Québec contre les hausses de loyer, ce sont certaines des pratiques abusives utilisées par les propriétaires afin de faire grimper les coûts des loyers. Elle explique que certains propriétaires exploitent la complexité et le manque d’information au sujet des droits de l’habitation. Nicole Dionne estime que les propriétaires utilisent des menaces insidieuses, des mensonges et de l’intimidation afin de parvenir à leurs fins.
L’autobus fera également un arrêt devant le Ministère des affaires municipales et de l’habitation afin de partager leur indignation et d’inciter le gouvernement à agir contre la crise du logement. Entre les arrêts, de l’animation et des discours sont prévus pour les passagers de l’autobus. Le groupe terminera son trajet devant l’hôtel de ville de Québec afin partager une fois de plus son message aux décideurs.
Pressions sur les gouvernements
La Coalition souhaite voir les différents paliers de gouvernements agir afin de freiner les hausses abusives de loyers. Au niveau provincial, les organisateurs demandent l’instauration d’un registre ou d’un contrôle obligatoire des loyers afin que les propriétaires cessent de contourner la loi. Ils demandent également de rendre obligatoire l’utilisation du taux de variation moyen pour calculer l’augmentation de loyer par les propriétaires.
Selon la porte-parole, la ministre des affaires municipales et de l’habitation Andrée Laforest nuit aux droits des locataires. Celle-ci aurait accepté de rencontrer les regroupements de propriétaires, mais refusé systématiquement de rencontrer les associations de locataires.
Si les gestes les plus concrets sont attendus du gouvernement du Québec, la Coalition de Québec contre les hausses de loyer met également de la pression sur la Ville de Québec. Ils demandent d’abord à la Ville de les appuyer dans les pressions auprès du gouvernement provincial. Des réglementations au sujet de la taxation, des permis de travaux ou de l’hébergement touristiques permettraient également de modérer les hausses de loyers sur le plan municipal, estime la Coalition.
L’organisation propose également à la Ville de Québec de s’inspirer de Montréal en créant un registre des loyers en attendant un contrôle provincial. Une réglementation sur le zonage locatif permettrait également de modérer les stratégies prédatrices des propriétaires, explique François Dignard, organisateur communautaire au Comité Logement d’Aide de Québec Ouest.
Déséquilibre légal
La Coalition dénonce le déséquilibre légal et le fardeau que portent actuellement les locataires. En cas de litige au sujet de la hausse de loyer, le poids de démontrer la hausse abusive repose sur les épaules des locataires.
Le mouvement souhaite renverser cette pratique avec le taux moyen obligatoire, qui obligerait les propriétaires à prouver la légitimité de leur hausse, le cas échéant.
Les « Rénovictions »
Le phénomène de « rénovictions » décrit une stratégie des propriétaires d’immeuble à logements afin d’évincer définitivement des locataires sous prétexte de travaux majeurs. Selon la loi, un propriétaire effectuant des travaux dans des logements est dans l’obligation de relocaliser les locataires pour la durée des travaux, d’indemniser les locataires, et de les aviser des travaux détaillés trois mois à l’avance.
Toutefois, sous la pression et les problèmes engendrés par la relocalisation, les locataires sont parfois contraints d’accepter les ententes de résiliation de bail, souligne François Dignard. Ces situations permettent aux gestionnaires d’augmenter les loyers de façon démesurée, explique Nicole Dionne.
Des locataires de longue date se retrouvent sans logement et démunis de recours. Ce phénomène contribue également à la spéculation immobilière. « Du jamais vu », selon Nicole Dionne.
La Coalition de Québec contre les hausses de loyer est formée d’Action-logement Duberger-Les Saules, du Bureau d’Animation et Information Logement du Québec Métropolitain (BAIL), du Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur (CCCQSS), du Comité Logement d’Aide de Québec Ouest (CLAQO), du Comité populaire Saint-Jean-Baptiste (Compop), de la Ruche Vanier et de la Table citoyenne du Littoral Est.
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