Dans leur Plan Relève pour les élections publié la semaine dernière, la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ) invite les partis politiques à agir pour assurer un avenir à la production agricole locale.
L’inquiétude des agriculteurs est indéniable. « Depuis 10 ans la FRAQ dénonce l’enjeu de l’accès aux terres, affirme la présidente Julie Bissonnette. Le temps presse, c’est maintenant qu’il faut mettre en place des mesures pour contrôler l’augmentation des coûts. »
Des terres inabordables
Selon la FRAQ, le problème principal que rencontre la relève est le prix des terres. D’après les résultats de leur sondage, c’est 87% de la relève qui reconnait la hausse des coûts comme le frein principal au démarrage d’une entreprise agricole.
L’augmentation de la valeur marchande (de trois fois depuis dix ans au Québec) rend souvent les terres inaccessibles. À titre d’exemple, dans la région de Portneuf, l’augmentation du prix de vente est de 700%, passant de 1 074$ par acre en 1996 à 8 200$ en 2021.
Francis Blouin, président de FRAQ de la Capitale-Nationale-Côte-Nord et producteur de fraises et framboises, explique que ce qui est le plus difficile pour la Capitale-Nationale est la perte de superficie due à l’étalement urbain.
« Ces superficies sont achetées pour faire des développements résidentiels et industriels, ajoute-t-il. C’est ce qui fait augmenter le prix des terres et empêche les jeunes de se démarrer de zéro. Des projets qui étaient viables il y a dix-douze ans ne le sont plus aujourd’hui. »
Un danger pour le garde-manger des Québécois
Le Plan souligne l’importance de supporter la relève agricole qui est « le futur de notre système alimentaire ».
La pérennité de notre système alimentaire dépend selon la FRAQ de la nouvelle mise en culture de terres locales. C’est pourquoi elle demande que le renouvellement agricole soit encouragé par des mesures étatiques.
Selon la FRAQ, sans une relève agricole, « c’est la fin de nos communautés rurales et l’appauvrissement de notre garde-manger qui nous attend ».
Francis Blouin rappelle effectivement l’importance de l’économie circulaire et locale, mais ne veut toutefois pas dramatiser la situation.
« Il y a eu des gros progrès au niveau des serres, note-t-il. On ne réinventera pas l’économie, mais c’est beaucoup plus rentable et logique au niveau environnemental de consommer le plus localement possible. »
Trois revendications pour les élections 2022
La FRAQ demande donc à ceux qui prétendent au pouvoir de s’engager à limiter la compétition des ventes des terres à vocation agricole. Elle invite les partis politiques qui se présentent à considérer trois solutions.
La relève propose d’abord de créer un crédit d’impôt au vendeur d’une terre agricole lorsque l’acheteur est une relève agricole. « C’est ce qui est le plus logique et amènerait le plus de possibilités », affirme Francis Blouin.
Elle demande aussi de bonifier le financement du programme Appui financier à la relève, les montants datant de 2013, pour qu’il s’adapte à « l’augmentation du coût de la vie »
Finalement, la FRAQ propose de mettre en place des prêts longs termes à taux fixe et bas. Elle insiste sur le taux d’endettement des agriculteurs québécois de 29% en 2019 .
Le Plan indique qu’une entreprise endettée sera moins encline à investir « pour atteindre une meilleure performance environnementale, respecter les normes en matière de bien-être animal ou encore inclure une nouvelle culture pour diversifier l’offre alimentaire québécoise ».
Francis Blouin reconnait toutefois que le gouvernement provincial a « fait un bon bout de chemin » pour encourager le virage écologique en agriculture. Il souligne la qualité du programme Prime-Vert de la MAPAQ.
La FRAQ est affiliée à l’Union des producteurs agricoles (UPA), regroupe près de 1800 membres et compte 13 syndicats régionaux établis sur l’ensemble du territoire du Québec.
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