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La solidarité était au rendez-vous au débat sur l’environnement

De gauche à droite : Étienne Grandmont (QS), Joëlle Boutin (CAQ), Jeanne Robin (PQ), Marie-Josée Hélie (PCQ), Dominic Cardinal (PLQ) et Roger Bertrand. Crédit photo : Sophie Williamson.

Les candidats des cinq partis qui se présentent dans la Capitale-Nationale se sont livrés une lutte amicale qui laisse anticiper un travail coopératif des élus sur la question de la lutte aux changements climatiques.

Le débat, organisé par plusieurs organismes et groupes, avait comme objectif de « refléter les enjeux de toute la Capitale-Nationale ». Le groupe constate que « 73% des Québécois(e)s se préoccupent des impacts de la crise climatique sur leur portefeuille et leur santé ».

L’animateur Roger Bertrand, ancien ministre sous différents gouvernements du Parti québécois, a débuté par le constat que de voir tous les jeunes candidats sur la scène lui donne « confiance à une relève ».

Lors de leur présentation, la candidate péquiste Jeanne Robin et le candidat solidaire Étienne Grandmont dans Taschereau ont fait savoir qu’ils se sont impliqués dans plusieurs des organismes à Québec avant de se lancer en politique. Étienne Grandmont a d’ailleurs rappelé qu’il a été organisateur pour le débat sur l’environnement lors de la dernière élection municipale.

Dominic Cardinal, candidat libéral dans Louis-Hébert, s’est présenté en affirmant que « les partis mettent en opposition économie et écologie ». Il a assuré que ce n’était pas le cas avec le PLQ, notamment grâce à l’hydrogène vert.

La député caquiste dans Jean-Talon Jo¨ëlle Boutin raconte avoir été une ardente militante pour l’environnement dans sa jeunesse. « On a l’opportunité au Québec de devenir des leaders en matière de changement climatique », a-t-elle affirmé

Du côté de Marie-Josée Hélie, candidate conservatrice dans Taschereau, elle réfère à son passé d’agricultrice biologique en autosuffisance alimentaire sur l’île d’Anticosti. Elle tient à présenter aux électeurs « une vision nouvelle en environnement » qui tient compte d’un « réalisme économique ».

Les points communs

Pour la question du tramway, quatre candidats sur cinq s’entendent sur la nécessité du projet. Pour le Parti québécois, le Parti libéral et Québec solidaire, il s’agit aussi d’entamer la deuxième phase.

Pour le 3e lien, trois offres sont sur la table. D’abord, celui de la CAQ et celui du PCQ qui font l’objet de critiques de la part de tous les autres candidats. Pour le train léger souterrain du PQ qui relierait Lévis au centre-ville, aucune question ni commentaire n’a été soulevé.

Du côté du 3e lien caquiste, Joëlle Boutin assure que deux voies seront dédiés au transport collectif. Elle a aussi tenu à souligner « le travail exceptionnel de la Ville de Québec » quant à leur Vision de la mobilité active.

Par ailleurs, tous les candidats sont d’accord concernant l’importance des mesures pour diminuer les GES ainsi que l’usage de l’auto-solo. Les moyens divergent toutefois à savoir si l’électrification des automobiles sera préféré (CAQ) à la lutte directe contre la « surprésence automobile » (QS).

Pour la candidate du Parti conservateur, le plus important est que les projets structurants en transport aient une acceptabilité sociale. C’est pourquoi la priorité pour son parti est de « lancer des appels d’offre » durant la première année pour évaluer le meilleur projet global. Durant cette année, le PCQ offrira le transport en commun gratuit à Québec.

Les dossiers quant à la qualité de l’eau ainsi que sur l’aménagement du territoire et la protection des milieux agricoles sont ceux qui ont été les plus rassembleurs.

Les candidats veulent tous favoriser l’agriculture locale et l’autonomie alimentaire des Québécois. Ils sont aussi tous d’accord pour augmenter les redevances sur l’eau. Joëlle Boutin s’est d’ailleurs réjouie que l’enjeu de la qualité de l’eau « fasse consensus ». Elle a d’ailleurs affirmé qu’elle et le candidat solidaire « pensaient beaucoup pareil » à ce propos.

Par ailleurs, Étienne Grandmont et Jeanne Robin ont proposé de donner un statut juridique au fleuve. De son côté, Marie-Josée Hélie a spécifié que la liberté prônée par le Parti conservateur « implique une responsabilité ».

Quant à la question de la qualité de l’air, Jeanne Robin a expliqué que le PQ souhaite adopter une politique nationale de la qualité de l’air. Joëlle Boutin a reconnu que c’était « une bonne idée ». Elle a affirmé qu’elle allait la proposer à son parti.

Des désaccords

Sur la question du tramway, Marie-Josée Hélie, la candidate conservatrice, est sans surprise la seule qui sonne l’alarme. Elle explique être très inquiète du projet qui « n’est pas le bon pour Québec ».

Elle soutient qu’il n’a pas été approuvé par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). À cela s’ajoute la coupe de centaines d’arbres centenaires qui serait regrettable selon elle puisque les nouveaux arbres plantés atteindront leur maturité dans plusieurs dizaines d’années seulement, « s’ils l’atteignent ».

À propos du tramway, Étienne Grandmont a déploré que « les élus de la CAQ aient ralentit le processus pour le livraison du projet » qui est retardé de deux ans. Il a dénoncé le « deux poids deux mesures » du gouvernement, mentionnant qu’il n’a aucun problème d’aller de l’avant avec le 3e lien sans étude.

Le candidat solidaire a aussi critiqué la CAQ et le PCQ de ne pas comprendre les effets négatifs de l’étalement urbain qu’amènerait selon lui leur projet de 3e lien.

Dominic Cardinal, candidat dans Louis-Hébert, a d’ailleurs ajouté que pour le Parti libéral, « c’est finit les chicanes » avec Québec, ciblant ici l’attitude du gouvernement actuel. Il a expliqué que l’argent du 3e lien pourrait être mieux investi dans l’éducation et la santé.

Quant à la qualité de l’air, le candidat solidaire a critiqué la CAQ « d’attendre que ça devienne médiatique pour s’en soucier ». Les candidats s’engagent d’ailleurs tous à rendre indépendante la santé publique du politique, soulignant leur confusion lors de la gestion de la pandémie du gouvernement actuel.

Quant à la question de l’air, Joëlle Boutin raconte avoir habité en basse-ville et bien connaitre les enjeux de la qualité de l’air. Elle a expliqué que son gouvernement a ajouté des stations d’échantillonnage et a mis en place un comité indépendant qui travaille sur ces questions. Elle a ajouté que des recommandations seront émises éminemment à la lumière « d’un portrait réel des polluants ».

Étienne Grandmont a réagit en affirmant que dans le dossier du nickel, la CAQ « a mis la charrue avant les boeufs ».

Par rapport à la densification proposé par QS et le PQ pour lutter contre l’étalement urbain, Marie-Josée Hélie a mis en garde contre ses effets pervers. Selon elle, la densification augmente le prix des loyers, la criminalité et l’usage de la drogue, ce que Jeanne Robin a ensuite voulu contredire.

Quelques moments marquants

Le candidat dans Taschereau Étienne Grandmont a tenu à souligner que les investissements de la CAQ dans la lutte aux GES étaient moins importants que ceux de Québec solidaire. « Vous êtes moins ambitieux que nous », a-t-il lancé. À cela la candidate caquiste a répondu que « le Parti libéral l’est encore moins ».

Le candidat solidaire a aussi affirmé par rapport au « projet d’autoroute sur l’île d’Orléans du PCQ » que « même la CAQ a compris que ce n’était pas un bon projet ».

En somme, le débat s’est déroulé dans la bonne entente. La candidate caquiste a d’ailleurs souligné que le débat avait été « très instructif » et qu’il s’y est partagé « plein de bonnes idées ». Les candidats ont montré selon elle leur conscience et leur bonne volonté.

« J’espère que les élus on va être capable de collaborer ensemble », a conclut Joëlle Boutin. Dominic Cardinal a répondu que la coopération sur la question environnementale est « un devoir moral » tout comme Marie-Josée Hélie qui a reconnu qu’il est nécessaire de « dépasser la partisanerie ».

Toutefois, pour Étienne Grandmont, Québec solidaire est « le seul parti qui place l’environnement au sommet des priorités ». « Si comme QS vous avez à coeur les changements climatiques, je vous invite à parler à votre entourage du plan de QS », a-t-il terminé.

Du côté de Jeanne Robin, elle a affirmé qu’elle entend mettre son énergie pour rallier les troupes et convaincre d’adopter les mesures pour combattre la crise climatique. « Vous avez remarqué qu’en deux heures, j’ai réussi à convaincre la CAQ d’adopter une politique nationale, a-t-elle lancé. Regardez-moi bien aller. » 

Le débat a été organisé dans le cadre de la Semaine des débats Vire au vert, par le Conseil régional de l’environnement de la Capitale-Nationale, Accès transports viables, Action transition, Agiro, l’Association forestière des deux rives, le Chantier ZéN – Région de Québec, Équiterre, Nature Québec, l’Organisme des bassins versants de la Capitale-Nationale et Vivre en Ville. 

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