Faute d’entente avec Revenu Québec, les citoyens n’ont toujours pas accès aux fonds du programme d’aide aux ruelles offert par la Ville de Québec ; une situation qui semble sans issue.
C’est une histoire qui dure depuis déjà plusieurs années. Les citoyens désirent pouvoir revitaliser et aménager les ruelles pour en faire des ruelles vertes et des lieux de rencontres et d’activités pour les résidents.
Jackie Smith, conseillère dans Limoilou et cheffe de Transition Québec, se bat pour ce dossier depuis plusieurs mois. Selon elle, « personne est contre les ruelles vertes », mais le dossier n’avance tout de même pas.
« Je ressens vraiment qu’il y a un ras-le-bol citoyen », déplore-t-elle.
Un financement qui dort
Les citoyens impliqués étant bénévoles, ils ont besoin d’une aide financière pour mener à bien toutes leurs idées, comme celle de faire des ruelles des îlots de fraicheur. La Ville s’est donc dotée d’un programme d’intervention et de revitalisation des ruelles de Limoilou pour les appuyer dans leurs démarches.
Toutefois, les ruelles sont toujours sous la responsabilité de Revenu Québec. Des bénévoles se sont donc regroupés pour demander, en conformité avec le programme de la Ville, l’autorisation de réaliser des travaux d’infrastructures et d’implantation de végétaux vivaces pour quatre ruelles.
La conclusion de l’entente se fait toujours attendre, ce qui exaspère les citoyens. Sans cette entente, ils ne peuvent pas utiliser les fonds du programme pour financer leurs activités.
« Les citoyens ont travaillé fort avec la Ville pour accéder à ces fonds-là qui n’ont jamais été touchés, explique Jackie Smith. Je comprends l’impatience des citoyens. Pourquoi proposer des affaires qu’on ne peut pas livrer ? »
Il est connu que Revenu Québec comme administrateur temporaire souhaite trouver un acquéreur permanent. Le terrain des ruelles a même été offert pour 1$ aux citoyens, mais ils ne peuvent pas prendre en charge les coûts et les responsabilités que représentent un tel achat.
Conséquemment, les travaux qui étaient prévus pour l’été dernier doivent encore être reportés.
Une seule issue : municipaliser les ruelles
Évidemment, il semble n’y avoir qu’une seule solution à cette impasse ; soit l’achat par la Ville des ruelles. Elle possède l’argent pour s’en occuper, mais il dort dans ses coffres.
C’est d’ailleurs un des engagements que plusieurs candidats ont pris lors de la dernière campagne électorale, dont Jackie Smith. « Il faut que la Ville s’approprie les ruelles pour qu’on puisse mettre en place véritablement le programme », soutient-elle.
Pourquoi la Ville ne prend pas la possession des ruelles ? Pourquoi le dossier peine à se résorber ?
Jackie Smith explique qu’un comité fermé composé de fonctionnaires et de dirigeants a été formé pour s’occuper du dossier.
« À chaque fois que j’interpelle la Ville, la réponse c’est : le comité va [se prononcer] à l’automne 2022, raconte-t-elle. C’est l’automne, c’est septembre et je n’ai pas eu plus de nouvelles. »
La faute à qui ?
La cheffe de Transition Québec affirme que le dossier traîne parce que c’est un réel casse-tête administratif. C’est déjà ce qu’elle soulevait en octobre dernier lors de la campagne électorale. « Il y a un problème de gestion », soupirait-elle déjà.
« C’est une question juridique, continue-t-elle. Ce qui m’a été expliqué, c’est qu’on ne peut pas faire ça à la pièce. […] Si la Ville veut faire l’acquisition des ruelles, il faut faire l’acquisition de toutes les ruelles. »
Certaines ruelles n’appartiennent pas à Revenu Québec. Par exemple, une ruelle appartient à une compagnie qui a été fondé en 1920 et qui n’existe plus. La ruelle étoilée appartient aux héritiers d’Eugène Lamontagne, explique aussi Jackie Smith.
« Ça serait intéressant que le processus soit plus transparent, continue-t-elle. Même moi, je ne suis pas au courant. »
Un manque d’éducation
L’administration à la Ville de Québec est ouverte à prendre possession des ruelles, mais « ne semble pas comprendre qu’est-ce qui se passe et ce qu’est une ruelle verte exactement ».
« Ils sont pour les ruelles vertes, mais ils ne sont pas plus éduqués sur le sujet », affirme la conseillère de Limoilou. C’est donc du côté de l’administration municipale que le dossier bûche, ayant pour cause la complexité de la démarche administrative et juridique.
L’enjeu des ruelles vertes est une priorité pour Jackie Smith, mais elle avoue se sentir « au bout de ce qu’elle peut accomplir ».
« J’ai tout donné », laisse-t-elle tomber.
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