Reprenant le sondage publié hier dans le Soleil, Éric Duhaime affirme que c’est seulement 33% de la population de la ville de Québec qui est d’accord avec le tramway dans sa forme actuelle et 43% qui s’y oppose.
Il ajoute que le nombre d’opposants aurait été encore plus élevé « si les gens de la Rive-Sud et des banlieues plus au nord » avaient été questionné. « Il y a toujours un déficit démocratique par rapport à ce projet-là », revendique donc le chef du PCQ. C’est d’ailleurs selon lui « le gros bon sens » que de refuser le tramway.
« Chaque député conservateur qui va être élu dans la région de Québec, ça va envoyer un message très clair qu’on en veut pas du projet de tramway à Québec », lance-t-il.
Il s’agit d’après Éric Duhaime d’une « chance historique de dire non au tramway une fois pour toute ».
Ce discours n’est pas sans rappeler celui de Québec 21 à la dernière élection municipale qui qualifiait l’élection de « référendaire » au sujet du tramway. Bruno Marchand avait terminé premier avec 32,3 % des voies, suivi de Marie-Josée Savard avec 31,9 %, candidate aussi en faveur du tramway.
Jean-François Gosselin, alors le chef du parti qui s’opposait fermement au projet du tramway et proposait un métro léger (Québec 21), avait terminé en troisième position avec 24,7 % des votes.
Le maire « tripote » les chiffres ?
Rappelons que Bruno Marchand a insisté hier sur la bonne nouvelle que représente le 48% d’appui au tramway contre le 43%, soulignant la différence positive de 5%. Pour en arriver à ce 48%, il faut ajouter le 15% de répondants en faveur du tramway, « mais pas dans sa forme actuelle ».
Éric Duhaime en a profité pour dénoncer ce calcul. « Je vais les additionner moi aussi tiens, fanfaronne-t-il. Les 58% qui sont contre le projet actuel, bien votez pour le Parti conservateur du Québec. Moi je peux prendre les chiffres que je veux, je peux tripoter les chiffres comme le maire Marchand fait. Je vais juste revirer ça de bord. »
Le chef conservateur dénonce donc cette « manipulation des chiffres ». « Le 15%, il faudrait savoir c’est quoi, remarque-t-il. La question, il aurait fallu qu’elle soit plus claire. En mettant trois options c’est sûr que ça dilue les deux autres. »
Toutefois, il ne va pas jusqu’à dire que le maire de Québec manque de bonne foi et signale qu’il ne veut pas entrer en guerre contre lui.
« Je veux juste rappeler aux citoyens de Québec qu’on est contre le tramway, qu’il n’a pas d’acceptabilité sociale […], continue Éric Duhaime. Monsieur Marchand ne pourra pas contester le résultat des élections. Personne va pouvoir jouer avec les chiffres. »
Dénoncer les « expropriations sauvages »
Le chef du PCQ a choisi de présenter son point de presse sur le terrain d’un citoyen, Jean-Pierre Du Sault, « pour donner un exemple de ce qui se passe avec les citoyens qui sont en bordure du tramway ». Monsieur Du Sault s’est d’ailleurs présenté aux dernières élections municipales dans le district de Montcalm-Saint-Sacrement pour Québec 21.
Éric Duhaime raconte que les citoyens touchés ont été téléphoné il y a deux ans par la Ville concernant l’acquisition partielle ou totale de leur résidence. Sans entente possible ou lors d’un refus du citoyen, Duhaime affirme que la Ville dit procéder à une expropriation totale ou partielle.
« On est rendu qu’on va prendre la cour de monsieur parce qu’on veut faire passer des fils dans la cour, dénonce-t-il. On vous annonce que pendant la période de 5 ans de travaux […] on va creuser dans votre cour. Pendant ce temps-là, vous allez continuer à payer des taxes. Vous ne pourrez potentiellement pas jouir de l’espace qui vous appartient et vous allez être obligé de signer une servitude perpétuelle. »
Le chef conservateur estime que ce sont 350 personnes qui vivent cette situation. Certains se retrouvent aussi actuellement devant les tribunaux, dont plusieurs se sont regroupés sous la bannière « Québec mérite mieux ».
À savoir si le rapport entre la Ville de Québec et Jean-Pierre Du Sault est cordial, ce dernier assure que les échanges sont « corrects » et que les employés de la Ville ont été respectueux.
« On en veut au projet et à la direction derrière tout ça, précise à cet égard M. Du Sault. Les échanges sont cordiaux, mais il n’y a rien qui sera signé et on va aller jusqu’au bout de la démarche. »
La Ville de Québec lui offre une compensation pour les travaux de « quelques dizaine de milliers de dollars », a-t-il aussi précisé lorsqu’on lui a posé la question.
Une CAQ silencieuse
Le chef du PCQ estime qu’il n’est pas normal que la CAQ n’ait toujours pas prononcé « le mot en T » depuis le début de la campagne. Il rappelle que le tramway est le plus gros investissement de la Ville de Québec.
« On invite la CAQ à être un peu plus explicite et à nous dire qu’est-ce qui en est et à combien les coûts sont rendus, suggère Éric Duhaime. Sont-ils oui ou non encore d’accord comme M. Caire que c’est tramway no way ? S’ils ont changé d’opinion, pourquoi ? »
« Il promet des consultations [sur le 3e lien], mais rappelle du même souffle que « l’acceptabilité sociale, ce n’est pas l’unanimisme » »
– Éric Duhaime, le 29 août 2022
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