Les changements climatiques sont au cœur de l’actualité et des préoccupations des citoyens. On en apprend un peu plus tous les jours, mais il y a encore beaucoup de choses que l’on ne connait pas sur ce sujet. Je me suis intéressée à ses impacts sur l’agriculture, plus précisément les sols, et sur la manière dont on peut les protéger.
Par Mélissa Gaudreault
L’agriculture est l’un des secteurs les plus touchés par les changements climatiques parce que ces derniers sont dus au climat et parce que les éléments principaux de l’agriculture sont les sols, le climat et la biodiversité, explique Jacynthe Dessureault-Rompré, professeure adjointe en Conservation et santé des sols, Département des sols et de génie agroalimentaire.
Au Québec, les plus gros impacts sont la sécheresse et les précipitations. Les périodes de sécheresse en été sont plus fréquentes et il y a plus de gros événements de précipitations intenses, ce qui va faire en sorte qu’une grande quantité d’eau va tomber dans un court laps de temps. « Dans ces cas-là, les sols ne seront pas capables d’absorber ces quantités d’eau et ça va engendrer des phénomènes d’érosion, l’érosion étant un phénomène de dégradation des sols », nous indique la professeure.
Les sols érodés vont perdre des nutriments et de la matière organique et cela va avoir un effet sur la fertilité des sols. Les sols dégradés vont aussi avoir une biodiversité moins riche. Ainsi, lorsque de nouvelles maladies et de nouveaux insectes vont apparaitre en raison des variations de température, les sols ayant une moins grande biodiversité vont avoir de la difficulté à se protéger contre ces menaces.
Mme Dessureault-Rompré souligne que la saison de croissance sera plus longue en raison des hausses de température, ce qui sera bénéfique pour l’agriculture au Québec qui est une région normalement plus nordique et permettra d’ajouter certaines cultures comme le quinoa.
Les hivers seront cependant plus courts ; on verra apparaitre des insectes vivant habituellement dans les régions plus chaudes qui vont monter vers le nord.
Les cultures les plus touchés sont les cultures maraichères et les terres qui ne sont pas suffisamment bien équipées au niveau de leur système d’hydratation.
Selon les prédictions 2050 du projet Agriclimat , initié par les producteurs du Québec et développé par le Conseil pour le développement de l’agriculture au Québec (CDAQ), la température annuelle augmentera de 2.8 degrés (p.1).
Portrait des saisons en 2050
Hiver (p.2) | Printemps (p.3) | Été (p.4) | Automne (p.5) |
– Plus chaud et plus court | – Débute plus tôt | – Plus chaud, manque d’eau | – Débute plus tard |
– Plus de pluie et moins de neige | – Plus de pluie | – Apparition de nouveaux insectes nuisibles | – Saison de croissance plus longue |
– Meilleure survie des insectes nuisibles | – Une plus longue saison de croissance | – Meilleur rendement pour certaines cultures (ex. : soya, maïs, cultures de couverture, céréales d’automne) | |
– Augmentation des mortalités pour les céréales d’automnes et les cultures fourragères pérennes | |||
– Hausse du ruissellement et érosion des sols |
On verra également plus de canicules et de chaleurs extrêmes ainsi que d’événements climatiques extrêmes (ex. : orages, grêle, verglas, rafales de vent – p.6).
Protéger les sols
Il existe plus méthodes pour protéger les sols contre les changements climatiques.
Plusieurs outils sont accessibles aux agriculteurs pour les aider à adapter leurs pratiques à la situation climatique, déclare Jacynthe Dessureault-Rompré. Ils proposent notamment des pratiques qui font moins travailler le sol et qui favorisent la biodiversité comme les rotations de cultures, les cultures diversifiées, l’utilisation des cultures de couverture et pérennes (ex. : prairies) et l’utilisation de matière organique pour maintenir le taux de nutriments dans le sol.
L’hydratation pour combattre la sécheresse et l’utilisation de matière organique naturelle pour donner des nutriments au sol sont essentiels pour maintenir des sols en santé, ajoute-t-elle.
Toujours selon le projet Agriclimat, le drainage de l’eau après les pluies, le maintien d’un bon taux de matière organique et une bonne structure permettant aux plantes de bien s’enraciner les rend plus résistantes aux sécheresses et aux canicules (p.7). De plus, la biodiversité est un bon moyen de combattre les insectes ravageurs (p.11).
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