Les citoyens de Jean-Lesage renouvellent leur confiance envers Sol Zanetti qui sera joint par le nouveau député solidaire Étienne Grandmont à l’Assemblée nationale du Québec.
Au début de la soirée, une lutte à deux s’annonçait très serrée dans Jean-Lesage. Les probabilités que le député sortant Sol Zanetti conserve son titre était aussi grandes qu’il le perde.
Dans la circonscription de Taschereau, l’entrée d’Étienne Grandmont était quasi-certaine, à 36% des intentions contre 26% pour le Parti québécois selon le modèle statistique de Qc125. L’ex députée solidaire Catherine Dorion avait d’ailleurs remporté dans Taschereau en 2018 avec une majorité de 4000 voix.
C’est finalement avec une avance nette que Sol Zanetti a été réélu, soit 1900 voix. Le scénario est encore plus éclatant pour le nouveau député Étienne Grandmont qui entrera au Salon bleu avec une majorité de plus de 5800 voix.
« À Québec, Sol Zanetti a gagné son pari et QS accueille dans sa famille Étienne Grandmont dans Taschereau », a célébré Gabriel Nadeau-Dubois dans son discours.
Sol Zanetti : « L’espoir est un choix »
« Je veux remercier infiniment les électeurs et électrices de Jean-Lesage pour cette confiance renouvelée, a débuté Sol Zanetti. Ça me touche énormément […] On peut changer les choses, on peut faire mentir certains sondages et il faut se le rappeler tout le temps […] En 2018, on était les seuls à s’engager clairement à réaliser l’indépendance du Québec, à proposer un plan global de réduction des GES élaboré par des experts, à parler d’interdire la vente de véhicules à essence pour 2030… Aujourd’hui en 2022, on n’était plus les seuls, il y a des partis qui nous ont suivi là-dedans. Dans le passé, ils nous regardaient de haut, mais ils ont fini par nous suivre. »
Selon Sol Zanetti, Québec solidaire est « la locomotives des idées neuves » et le parti « de ceux qui ont espoir ». « L’espoir, c’est un choix », a-t-il alors lancé sous un tonnerre d’applaudissement.
Il a aussi tenu à remercier les militants et les citoyens impliqués pour leur travail et leur appui. « Je n’ai jamais vu ça un tel soulèvement politique local, s’est étonné le député solidaire. Cette victoire-là, elle est à vous. »
La victoire de Québec solidaire dans deux circonscriptions à Québec s’explique selon Sol Zanetti par un « ras-le-bol » des citoyens quant à l’inaction gouvernementale en matière de changement climatique, plus précisément l’enjeu de la qualité de l’air à Limoilou, pensons seulement au nickel, ainsi que le 3e lien.
Elle exprime aussi une satisfaction du travail de l’équipe solidaire en faveur de l’intérêt des citoyens, de leur santé avant l’intérêt économique des grandes entreprises.
Étienne Grandmont entend bloquer le projet de 3e lien
Le nouveau solidaire à faire son entrée au Salon bleu était visiblement très ému et soulagé lors de l’annonce de sa victoire. Il a pris l’assaut de la scène en compagnie de ses trois filles et de sa femme.
« J’accueille avec honneur et humilité le mandat de vous représenter dans les quatre prochaines années, a débuté Étienne Grandmont. La politique c’est une aventure collective et j’ai envie de reprendre les mots de Catherine Dorion en 2018 qui disait « C’est pas moi qui vient de gagner, c’est toute nous autres ! ». »
Il a aussi tenu à saluer particulièrement la candidate péquiste Jeanne Robin. « Saches que tu auras toujours en moi un allié pour travailler sur nos dossiers communs », lui a-t-il gentiment laissé savoir.
Avec sa victoire dans Taschereau, ce que son parti a gagné selon lui est « un levier politique immense ». « On va talonner le gouvernement sur les enjeux environnementaux, on va talonner le gouvernement en matière de logement, on va mettre fin au projet de 3e lien », a-t-il continué pour conclure sous une vague d’acclamation que « le prochain gouvernement sera solidaire ».
Départ canon pour le « bleu poudre »
Les partisans n’ont pas hésité à huer l’annonce de la prévision du futur gouvernement caquiste à 20h10 seulement. À ce moment hâtif de la soirée, l’ambiance était plutôt tranquille, voire morose.
Évidemment, lorsque les médias annoncent après seulement quelques minutes que ça ne se passe pas bien pour Québec solidaire, les militants peuvent difficilement se réjouir.
À 20h26, on annonçait un gouvernement majoritaire de la CAQ. L’animatrice s’est alors hissée sur la scène pour emballer à nouveau les troupes malgré les pronostics : « On est ici pour fêter ! »
Le discours d’Amir Khadir a d’ailleurs produit un drôle d’effet dans la foule qui n’était pas tout à fait en phase avec sa résilience. « C’est sûr que pour moi c’est toujours exaltant seulement le fait qu’on parle de notre parti sur la scène québécoise, a-t-il dit. On est la voix de l’opposition principale. Ça ne sera peut-être pas l’opposition officielle […] »
Évidemment, les militants ont soutenu avec un enthousiasme marqué tous les solidaires. Ils se sont réjouis avec des cris et des applaudissements à chaque annonce de l’avance d’un candidat dans une circonscription ou d’une victoire.
Les acclamations étaient renouvelées à chaque fois qu’un solidaire apparaissait à l’écran. Les sympathisants ont aussi laissé entendre leur joie lorsque Éric Duhaime a été défait dans Chauveau.
Une « barricade orange » ?
Les médias ont noté hier en fin de course que la soirée est en somme décevante pour Québec solidaire, puisque Gabriel Nadeau-Dubois espérait faire des gains. On peut lire dans le Journal de Québec ce matin qu’il a « échoué à former l’opposition officielle ».
Effectivement, l’ambiance était moins à la fête qu’il y a quatre ans. Élire 10 candidats était alors considéré comme « inespéré » pour la formation politique. En 2018, la percée de Québec solidaire qui passait de 3 à 10 députés avec 16,1% des votes avait galvanisé les troupes.
« Imaginez le vacarme que ça va faire la prochaine fois », avait d’ailleurs conclu Manon Massé. La salle a certainement vibré à Québec sous les applaudissements solidaires hier soir, mais la vague n’a pas été aussi grande qu’espéré.
Manon Massé rappelait dans son discours hier que QS « est plus qu’un parti, que c’est un mouvement » et que ce mouvement est rendu possible grâce aux militants. Toutefois, il semble que durant la campagne, le parti a surtout démontré son aspiration politique, son désir de faire monter le travail de terrain là où se prennent les décisions pour réellement lutter contre les diverses crises que vivent la société québécoise. Bref, le parti ne peut pas se contenter d’être un simple mouvement si le pouvoir ne l’accompagne pas.
« Quelle campagne, s’est exclamé Gabriel Nadeau-Dubois dans son discours hier soir. L’équipe solidaire a donné tout ce qu’elle avait. Je suis fier de la campagne qu’on a menée […] Il faut se dire les vraies affaires : on est face à une vague caquiste. Si la tendance se maintient, QS sera la seule opposition qui résistera à cette vague. »
Il a aussi ajouté qu’il formera une opposition vigilante et de proposition. « On va s’opposer à toutes les mauvaises décisions », a-t-il laissé savoir.
Une grande réforme à venir ?
« Notre démocratie est malade et la carte électorale ne reflète pas la volonté des Québécois », a aussi souligné Gabriel Nadeau-Dubois. Dans le même esprit, Paul St-Pierre Plamondon a condamné qu’un parti puisse être à 13% des intentions de vote sans aucun député pour représenter cette portion significative de Québécois.
Sans surprise, ni la Coalition avenir Québec, ni le Parti libéral n’ont glissé un mot au sujet du mode de scrutin.
« C’est plus de la politique qu’on fait, c’est de l’histoire ! » avait lancé Catherine Dorion en 2018. C’est à voir si les partis arriveront cette fois à faire l’histoire ensemble en changeant le mode de scrutin.
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