Par Jayman
Cher journal.
Dans quelques jours, la Ville va officiellement ranger la plupart de ses voies cyclables dans de jolies petites boîtes, à la Marie Kondo, parce qu’elle regarde ses espaces dédiés au vélo, et ils ne lui procurent plus de plaisir.
Je vais donc très bientôt ranger mon vélo dans une jolie petite boîte, parce que l’idée du vélo d’hiver ne me procure aucun plaisir.
À vrai dire, je songe sincèrement à ranger l’idée de sortir de chez moi cet hiver tout court!
J’en ai parlé au Conseil de Quartier. On m’a dit « La bonne nouvelle, c’est qu’on a maintenant l’équipement pour bien déglacer les trottoirs. La mauvaise, c’est qu’on n’a pas le personnel pour utiliser l’équipement ». Je ne vais donc pas ranger mon casque de vélo. Parce que l’idée de glisser sur une plaque de glace, de tomber, mais que ma tête n’éclate pas sur le trottoir me procure encore du plaisir.
Comme je vais ranger mon vélo, l’heure est au bilan (et au déjeuner, mais cela a plus rapport avec le moment de la journée où j’écris ces lignes qu’avec ma saison de vélo…). Voici donc trois choses que j’aimerais qui changent à Québec pour améliorer ma vie de cycliste utilitaire.
1 – Avoir des supports à vélo
Je comprends mal l’existence du fossé entre cyclistes et automobilistes, parce que nous vivons sensiblement les mêmes problématiques, dont le manque de stationnement.
Les autres problématiques : le partage de la route avec les autres usagés (pour les cyclistes, ce sont principalement les piétons qui prennent toute la place) et la hausse du prix de l’essence (parce que les cyclistes ont aussi besoin d’essence sous forme de nourriture dont le prix augmente presque autant que notre pression quand des piétons prennent la largeur de la piste cyclable).
C’est tellement frustrant d’arriver en ville et d’être dans l’incapacité de trouver un endroit décent pour barrer son vélo.
Là, on se retrouve obligés d’attacher nos vélos à des endroits qui ne font aucun sens. Parce que contrairement à une voiture, on ne peut pas juste le laisser là. Il doit être attaché à quelque chose pour avoir une chance de ne pas être volé.
On se retrouve donc à attacher notre vélo sur des poteaux de signalisation, des clôtures, des sorties de gas naturel, voir même des arbres. Pauvre arbre! Il est déjà bien occupé à essayer de nous fournir en oxygène, il a d’autres à faire que d’être la maman ours de mon vélo.
Si la Ville augmente les infrastructures pour augmenter le nombre de cyclistes, ça va prendre une augmentation du nombre de supports à vélo. Et par pitié, pas des supports à vélo fancy artistiques agencés au décor environnant qui sont très beaux mais sur lesquels il est impossible de barrer son vélo adéquatement. Ça prend des bons vieux « racks à vélo » en métal gris sur lesquels c’est facile d’attacher le frame de mon vélo avec mon cadenas en U (ou encore, des containers barrés, mais il y a une limite à ce qu’on peut s’attendre de la part de la Ville!).
2 – Faire respecter les zones cyclables
Je pense que le moment le plus absurde de ma saison de vélo, ça été la fois où j’ai pris le temps de m’arrêter pour remercier un chauffeur de taxi qui était stationné à cheval entre la bande cyclable et la rue, ce qui laissait de l’espace aux cyclistes pour rouler sur la zone de la route qui leur est réservée.
Parce que des gens qui se stationnent en toute impunité dans les bandes cyclables, il y en a un fléau! Et la seule solution qu’on a, c’est d’aller se jeter dans le trafic. Parce que qu’est-ce qu’on est sensé faire? Leur rentrer dedans? Ils sont en voiture, nous en vélo. Ils ont gagné!
Donc, soit la Ville fait respecter les bandes cyclables en donnant des amendes aux personnes qui s’y stationnent, soit la Ville transforme toutes les rues de quartier en rues partagées, ou soit on invente des vélos-béliers qui permettent de défoncer les voitures dans le chemin en toute sécurité pour le cycliste dessus.
J’ai un faible pour l’option « défonçage », mais c’est sûrement en lien avec le fait que je suis moi-même Bélier.
3 – Sensibiliser aux méfaits de l’emportiérage
L’emportiérage, c’est un joli mot qui signifie « se retrouver la face imprégnée dans le dedans de l’intérieur d’une porte de char, alors qu’on est soi-même à l’extérieur du dit char ».
C’est un phénomène qui arrive quand on a un astucieux mélange d’automobilistes non sensibilisés qui ouvrent leur porte de voiture sans vérifier s’il y a des cyclistes qui s’en viennent, et de bandes cyclables qui passent directement dans le champ d’attaque des portières.
Et c’est très dangereux, parce que quand la porte s’ouvre dans ta face à la dernière seconde, t’as deux choix : rentrer dans la porte, ou l’éviter en rentrant dans le trafic, sans avoir le temps de vérifier si un camion est dans ton dos.
Il existe pourtant une méthode simple qui peut réduire le risque d’emportiérage à zéro : l’ouverture pivot, aussi connue sous le nom de “dutch reach” ou « portière hollandaise ». C’est comme la sauce hollandaise, mais avec moins d’œufs, et plus de portes de voitures qu’on ouvre de la main opposée.
Je propose donc qu’on combine cette technique avec l’article 430 du code de la route, qui dit « Nul ne peut ouvrir la portière d’un véhicule routier sans s’assurer que y’a personne qui s’en vient s’y étamper la face ». Je paraphrase!
On appelle ça « Initiative 430 », et on en fait une gigantesque campagne de sensibilisation avec Guylaine Tremblay dans un cimetière, très sérieuse, qui nous dit très intensément combien de portes de voiture sont tuées chaque année par des cyclistes, et en arrière-plan, un automobiliste qui enterre sa porte de char, sous la pluie, en criant « J’AURAIS DÛ UTILISER LA MÉTHODE HOLLANDAISE!».
Voilà. On a la solution à tous nos problèmes de cyclisme. La prochaine saison va donc être parfaite !!
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