Jonatan Julien, député caquiste de Charlesbourg et ancien ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles remplacera Geneviève Guilbault comme ministre de la Capitale-Nationale pour les quatre prochaines années.
Par Sophie Williamson
Le ministre Julien a d’abord été connu en politique municipale comme conseiller de Neufchâtel-Lebourgneuf et a siégé comme vice-président au conseil exécutif pour l’Équipe Labeaume jusqu’en mai 2018.
Jonatan Julien est né à Québec et père de deux enfants. Il possède une maîtrise en administration publique de l’École nationale d’administration publique (ÉNAP) et est membre de l’Ordre des comptables professionnels agréés du Québec. Avant de débuter sa carrière politique en 2013, il a travaillé comme secrétaire général et responsable des projets majeurs pour la Société québécoise des infrastructures.
La querelle de la centrale de police
Rappelons que la construction d’une nouvelle centrale à l’intersection du boulevard Pierre-Bertrand et des Rocailles dans le quartier Lebourgneuf avait donné mal à la tête à l’administration Labeaume en 2018.
Le terrain choisi était trop petit. Les policiers avaient besoin de deux fois plus d’espaces de stationnement (700) que ceux qui étaient disponibles (325). Les contribuables apprenaient aussi que la facture allait grimper, passant de 40 à plus de 70 millions de dollars.
Régis Labeaume avait jeté le blâme concernant le dérapage du dossier de la nouvelle centrale de police sur Jonatan Julien. « Jonatan l’a échappé », avait-il dit. Il avait aussi déclaré aux journalistes « ne pas être de très bonne humeur ». « Il va falloir que tout le monde apprenne à être plus rigoureux », avait-il laissé tomber.
Suite à cette sortie, Jonatan Julien avait pris la décision de quitter ses fonctions et de siéger comme indépendant, puisque le maire Labeaume avait brisé selon lui le lien de confiance.
Il avait aussi expliqué avoir toujours tenu le maire au fait du dossier quant aux enjeux, aux problématiques rencontrées et aux décisions à prendre. L’accusation de Régis Labeaume était donc selon lui injustifiée. Finalement, l’ancien bras droit de l’ancien maire avait assuré que son départ était fait avec « conviction » et « sérénité ».
L’entrée au Salon bleu
Jonatan Julien s’est d’abord présenté aux élections provinciales dans la circonscription de Charlesbourg en 2003 pour l’Action démocratique du Québec (ADQ).
La Coalition Avenir Québec l’a accueilli dans ses rangs quelques mois après sa rupture avec Équipe Labeaume. Il a remporté la circonscription contre le député libéral sortant François Blais, alors ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, avec une majorité de plus de 10 000 voix.
M. Julien a ensuite été nommé ministre responsable de l’Énergie et des Ressources naturelles et ministre responsable de la Côte-Nord et a quitté ses fonctions en politique municipale.
Régis Labeaume, alors encore maire de Québec, avait commenté son élection en souhaitant qu’il conserve ses « convictions profondes », soit le besoin pour Québec de transport structurant.
Notons que Jonatan Julien convoitait déjà le poste de ministre de la Capitale-Nationale.
Les faits saillants de quatre années comme ministre caquiste
Le Plan Nord
En janvier 2019, Jonatan Julien a soutenu sa volonté de poursuivre le développement nordique et de l’accélérer en allégeant le fardeau administratif des sociétés minières de 20 %.
L’annonce de la relance du Plan Nord avait plu à de nombreux acteurs du développement économique de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec, particulièrement l’Association minière du Québec.
GNL Québec
Rappelons que le plan d’approvisionnement de la Côte-Nord en gaz naturel liquéfié (GNL), avorté à l’été 2021, avait été dévoilé en mai 2019 par le ministre Julien.
Un mois plus tard, il avait témoigné clairement de son appui pour le projet. « Ce qu’on dit, c’est que ça va réduire de manière formidable les gaz à effet de serre à travers le monde. On va en faire la démonstration », avait-il assuré.
Il avait aussi ajouté que le gouvernement était pour les « 14 milliards de dollars d’investissements au Québec ».
Les hydrocarbures
En octobre 2020 a débuté une saga judiciaire qui s’est dénoué par l’échec du gouvernement caquiste. Il s’agit de la poursuite déposée par Gaspé Énergies contre Jonatan Julien.
Le ministre des Ressources naturelles était accusé de mettre à l’épreuve la réglementation quant à la protection de l’eau en refusant une autorisation de forer sur le site Galt, près de Gaspé.
Le noeud du problème vient de l’aspect discrétionnaire de l’article 23 du Règlement sur l’exploration, la production et le stockage d’hydrocarbures en milieu terrestre. Alors que la loi interdisait tout forage à moins de 1000 m d’un milieu hydrique, le règlement permettait au ministre de réduire cette distance, à la condition que « les activités prévues ne compromettent pas l’intégrité et la conservation du milieu hydrique ».
Le ministre avait admis à la barre ne pas avoir lu l’étude déposée et pris sa décision à la suite d’une présentation « où demeurait la persistance de risques faibles concernant l’impact des forages sur les milieux hydriques ». Il avait également soutenu « avoir un appétit pour le risque très limité ».
Québec a finalement perdu cette bataille en novembre 2021 puisque le tribunal estime « que son ministre de l’Énergie Jonatan Julien a été incapable de justifier sa décision de refuser le projet ».
En février dernier, le ministre présentait le projet de loi 21 qui vise à mettre fin à la recherche et à la production d’hydrocarbures au Québec et prévoit des compensations estimées à environ 100 millions de dollars.
« Le projet de loi va mettre officiellement un terme une fois pour toutes à ce chapitre de l’histoire des ressources naturelles du Québec », a déclaré le ministre Julien.
Politique nationale sur l’hydrogène vert
En mai dernier, le gouvernement du Québec annonçait des investissements de 1,2 G$ sur cinq ans dans sa première stratégie d’hydrogène vert et de bioénergie. L’objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre au Québec d’ici 2030.
« On part avec notre volonté d’atteindre nos cibles de réduction et d’atteindre la carboneutralité en 2050 », a précisé Jonatan Julien.
Citations du ministre Julien en rafale
« Bien… il est bon ! », à propos de l’ancien péquiste Martin Ouellet, le « chic type » avec qui il a été heureux de travailler.
« Minimalement, c’est 50 % + 1 […] C’est au moins une majorité de citoyens », au sujet de l’acceptabilité sociale du tramway.
« Il n’y a pas d’essence qui va circuler dans le tunnel », à propos du projet de troisième lien de la CAQ.
« Il faut comprendre c’est quoi, les banlieues, à Québec : Duberger, Vanier, Neufchâtel, Lebourgneuf, Loretteville, Saint-Émile, Charlesbourg, Beauport. […] C’est ces endroits-là», a expliqué M. Julien au Salon bleu.
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