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Vision de la mobilité active : la Ville « franchit un pas de géant »

Cycliste sur la piste de la 8e AvenuePiste cyclable sur la 8e avenue. Photo : Gabriel Côté

L’organisme Accès transports viables salue la Vision de la mobilité active de la Ville de Québec, mais restera attentif quant à sa mise en oeuvre vu l’ampleur du travail à réaliser.

Des membres de l’équipe d’Accès transports viables et de son comité Vélo-Marche ont tenu un atelier discussion à ce sujet au Centre culture et environnement Frédéric-Back ce mercredi soir.

La co-porte-parole Angèle Pineau-Lemieux affirme d’abord que l’équipe sent « qu’un jalon important est franchi à la Ville de Québec ».

« Ce qui nous fait constater qu’un pas de géant est franchit, c’est notamment le budget, poursuit-elle. En 2022, lors des consultations, le budget alloué au vélo était à 7$ par habitant, alors que dans plusieurs villes québécoises il était à 20$. La Ville vise 36$ par habitant pour le vélo et la marche (à partir de 2024). »

Cela permettra selon elle d’effectuer un rattrapage nécessaire quant à la mobilité active. En haussant le budget, la Ville de Québec « reconnait le rôle le rôle de la marche et du vélo, non seulement pour la mobilité, mais dans la lutte aux changements climatiques ».

La co-porte-parole est optimiste que la Vision saura rallier tous les citoyens « lorsqu’ils en verront l’impact ». À ce sujet, elle donne en exemple le REV à Montréal concernant les effets redoutés sur la vitalité commerciale de certaines artères comme la rue Saint-Denis. Elle explique qu’au départ, certains commerçants et citoyens étaient dubitatifs, mais qu’ils ont été convaincus une fois le réseau réalisé.

Pour rassurer ceux qui doutent de la Vision de mobilité, il s’agit donc selon elle d’en voir les bénéfices, ce qui « prend plusieurs années ».

Rattraper le temps perdu

« Il y a beaucoup de travail à faire et on est en mode rattrapage, soutient Angèle Pineau-Lemieux. La Ville n’est pas conçue pour ça. On sent l’intérêt réel et on se donne les moyens d’entamer le travail, mais ceci di,t il ne faut pas rester dupes face à l’ampleur de ce qui est à faire. » 

À savoir si la Vision manque d’ambition pour arriver à renverser un long passé de « tout à l’auto », la co-porte-parole estime qu’elle vise juste sur certains aspects, d’abord les axes Vélo cité.

« On vise juste sur les axes identifiés, précise-elle. Là où on aimerait voir plus d’ambition, c’est sur les deux axes qui sont est-ouest, donc autant en haute-ville qu’en basse-ville. » 

Elle ajoute que la vitesse de réalisation de ces réseaux structurants est trop longue, étant attendue pour 2027. « C’est très tard de penser que dans des milieux aussi denses, on pourrait attendre aussi longtemps », déclare-t-elle.

La qualité des infrastructures

Accès transports viables restera aussi très attentif à la question de la qualité des infrastructures. « On va surveiller à quel point les pistes sont protégées, séparées des automobiles, prioritaires aux intersections, déneigées l’hiver, d’une largeur suffisante et bien interconnectées », soutient Angèle Pineau-Lemieux.

C’est ces détails importants dans la mise en oeuvre qui feront selon elle que le niveau d’ambition à la Ville aura été atteint ou non.

Au sujet de la marche, l’organisme estime qu’il est « le parent pauvre » de la Vision. La question des aménagements et des temps d’attente aux intersections font partis de leurs préoccupations centrales.

« Ce qu’on aimerait, c’est qu’on revoit de manière plus macro l’entièreté du phasage des feux, affirme Angèle Pineau-Lemieux. C’est-à-dire que je ne pense pas qu’il faut gérer au cas par cas les intersections. Il faut se doter d’une vision globale. Est-ce que c’est normal qu’on ait à appeler le bouton partout ? Moi je ne pense pas. » 

Il faut donc selon elle aller plus loin et réfléchir à rendre le passage piéton automatique dans les intersections à déterminer.

« J’espère voir dans les futures versions plus d’ambition quant à la réduction des collisions », ajoute la co-porte-parole qui estime que le travail d’aménagement à faire concernant la sécurité est moins présent dans la Vision.

Prendre soin de ce qui est déjà là

« Tous les bons mots clés sont là, précise Angèle Pineau-Lemieux. Ensuite, le problème est que pour tous les axes du réseau (par exemple la 3e avenue), la sécurité des usagers n’est pas au rendez-vous. » 

L’organisme se demande donc s’il y aura aussi une refonte de ce qui est déjà existant.

À savoir si la Ville ne devrait pas justement concentrer son travail sur le réseau existant à la place d’un nouveau réseau projeté, Angèle Pineau-Lemieux croit qu’il serait une erreur de ne pas être capable de faire les deux en même temps, si on veut atteindre « un réel changement modal ».

Pas une guerre « à qui que ce soit »

« Il faut arrêter de penser que les gens sont seulement des automobilistes, des cyclistes ou des piétons, poursuit Angèle Pineau-Lemieux. Ce qu’on doit viser, c’est qu’une personne à Québec puisse choisir le mode le plus facile pour son déplacement. »

Il ne s’agit donc pas selon elle de « faire la guerre à l’auto », mais de « repenser l’espace public ». « C’est au bénéfice de tout le monde », assure-t-elle en donnant l’exemple des automobilistes qui n’aiment pas que la piste cyclable ne soit pas assez large et qu’il y ait un risque pour la sécurité.

Par ailleurs, la co-porte-parole croit que le mouvement est planétaire et que la réflexion sur le réaménagement des villes pour qu’elles soient plus durables s’opère partout.

« Nécessairement, ça amène des changements dans nos habitudes de vie, continue-t-elle. C’est naturel, que ce soit en transport ou en d’autres domaines, qu’on soit comme être humain réticent au changement. Moi je ne me surprend pas qu’on soit face à des interrogations légitimes de la part de certaines personnes. »

D’après elle, pour que les citoyens se rallient tous derrière le projet de mobilité tel que pensé par l’administration municipale, il faut une meilleure sensibilisation et éducation. Cela passe aussi selon Angèle Pineau-Lemieux par la consultation et la participation citoyenne et elle se réjouit de voir que c’est l’approche qu’a choisi la Ville.

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