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Chronique : On atteint enfin le fond de ma poubelle!

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

Par Martin Claveau

Comme c’est là, les gens de la Haute-Saint-Charles seront les premiers à recycler leurs déchets de table. La Ville vient de confirmer que ces citoyens seront les premiers à recevoir des sacs de plastique mauves destinés aux résidus alimentaires.

Ils étrenneront ainsi notre nouvelle usine de biométhanisation de 200 millions. La collecte débutera en novembre.

Moi qui habite au centre-ville, près de chez qui on a décidé de bâtir cette fameuse usine je ne le prends pas pantoute! Je trouve que l’administration manque de sensibilité, car c’est avec nous qu’on aurait dû commencer. Après tout, c’est nous qui endurons le plus de pollution.

Alors je suis jaloux et je l’avoue, mais je vais survivre et il était temps qu’on en vienne à ça.

Tout ça se fera sans ajouter de nouvelle collecte et de nouveaux camions au processus des vidanges. Un lecteur optique démêlera les sacs quand ils échoueront à l’incinérateur. Les sacs mauves de résidus alimentaires iront d’un bord et les sacs verts de vidanges de l’autre.  

Ceci dit, les sacs verts, avec des batteries et du plastiques, seront donc encore brulés comme avant à 700 mètres de chez moi et les sacs mauves deviendront lentement du méthane, qui produit de l’effet de serre… pour lutter contre l’effet de serre, à un kilomètre de chez moi.

La plupart des gens à qui j’ai parlé ne voient pas de problème au fait qu’on mêle la collecte des ordures et celle des matières compostables. C’est un fait que tout ça se mêlait déjà avant à l’incinérateur alors, en bruler moins devrait être mieux, mais le diable est parfois dans les détails…

L’été dernier, alors que j’assistais au fascinant spectacle du ramassage des ordures, assis sur ma galerie avec ma seule héritière, dans un de ces grands moments de temps de qualité père-fille, cette dernière me dit : « Papa c’est drôle, les sacs se font tous déchirer par la machine dans le camion ». « En effet mon bichon, on dirait que les sacs se défont sous la pression dans la benne du camion », lui rétorquais-je, un peu béat du constat à « ma » Béa.   

J’ajouterais à ce déplorant constat que, dès qu’il y a un objet le moindrement coupant dans les sacs, ces derniers ont tendance à s’ouvrir dès que je les empile dans mon bac noir. Ils se mélangent souvent au contenu pour générer une espèce de fongus malodorant de fond de poubelle.

J’imagine qu’on ne doit pas avoir à craindre que les sacs se contaminent mutuellement dans le processus, qu’on arrive à l’incinérateur et que le lecteur optique capote. Le résultat serait qu’on devrait incinérer encore une bonne partie de nos déchets. J’imagine que les responsables du projet ont pensé à ça.

Bon, j’arrête de casser votre party. Je suis bien content que l’on puisse maintenant faire quelque chose avec nos résidus alimentaires. J’espère juste qu’on a réfléchi au problème des sacs qui se déchirent dans le camion avant de construire une usine à 200 millions de dollars.

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