Par Jayman
Cher journal.
En regardant aller la saga publisacienne à Montréal, je ne peux m’empêcher de me demander « mais pour kessé faire que c’qu’on continue encore à tolérer qu’on nous rentre le Publisac de force dans boète à malle !? ».
C’est simple : si tu veux le Publisac, tu demandes le Publisac, et on te livre le Publisac. Point.
Bien évidemment, devant une telle évidence, Transcontinental, la compagnie derrière le Publisac, s’est monté une barricade de chialage en disant « Mais là, s’il faut que les gens demandent le Publisac, ce ne sera pas viable et le Publisac va disparaître. »
Oui, et?
Je ne suis pas un expert en entreprisologie, mais je suis pas mal 100% certain que ce ne sera pas la première fois qu’une entreprise disparaît. Et à ce que je sache, les fermetures d’entreprises ont zéro impact sur la capacité de la Terre de continuer à tourner.
Ce qui a un impact sur la capacité de la Terre de continuer à tourner, c’est notre impact environnemental. Et à cet effet, je me fais un plaisir de le dire : la fin du Publisac serait comme si Hollywood arrêtait de faire des “remakes” de vieux films, soit une bonne chose!
Bon, là, je sais, l’entreprise tente de se convaincre que parce que les gens recyclent le Publisac, le Publisac est un ami de la nature. Que dis-je, un ami? Un amant de la nature! Sans Publisac, il n’y aurait même plus de nature !! Sauvons la planète à grands coups de Publisac !!!
Et c’est vrai. Pas qu’on va sauver la planète avec les Publisacs! Mais c’est vrai que le monde le recycle. Nos boîtes à malle ne sont qu’un intermédiaire entre l’usine de Publisac et le bac de recyclage.
En faits, ils devraient mettre l’usine de Publisac directement dans un gigantesque bac de recyclage. On économiserait du temps et de l’énergie.
Et oui, ça paraît bien, sur papier, le fait que les gens recyclent. Mais le problème qui ne paraît pas sur le papier, c’est la quantité dudit papier à recycler.
Chaque semaine, on livre 3.5 millions de Publisacs au Québec, qui pèsent chacun environ trois quarts de livres.
Oui, je l’ai pesé!
Ça veut dire que 2.555 millions de livres de papier se retrouvent dans le recyclage. C’est 1 159 tonnes.
Par semaine.
Pour l’année, c’est 60 268 tonnes de Publisac à recycler, l’équivalent de 542 baleines bleues et demie. C’est beaucoup.
Parce que contrairement à ce que semblent penser les dirigeants de Transcontinental, le recyclage de papier, ça ne se fait pas en criant « ciseaux ». Ça prend de l’énergie, des produits chimiques, de la machinerie. Ça crée de la pollution. Le recyclage, ce n’est pas une solution miracle à la pollution. C’est juste un moins grand mal. Comme se mordre le petit doigt quand on vient de se cogner le gros orteil. Ça ne fait que changer le mal de place.
Et on ne parle même pas des 182 millions de sacs de plastique annuels qui enrobent chaque Publisac.
Et tout ça, au final, pour quoi? Pour faire parvenir aux gens des aubaines qui les encouragent à consommer toujours plus.
Au même moment où les signaux d’alarme environnementaux sont au rouge vif saignant avec des petites larmes de douleur et d’anxiété qui leur coulent le long des joues, parce que la nature est en train d’imploser sous le poids de notre surconsommation, une entreprise pleure pour avoir le droit de continuer à encourager les gens à consommer toujours plus.
J’ai l’impression que le Publisac est le brake à bras collé qui empêche la voiture verte de l’humanité d’avancer.
P.S.
Je suis conscient que les journaux hebdos, comme celui-ci, sont dépendants du Publisac pour se rendre chez les gens. Et Publisac s’amuse énormément à faire miroiter la fin des hebdos si advient la fin du Publisac.
Mais je ne me laisse pas berner par leur tentative d’apeurer l’opinion publique avec l’avenir incertain des journaux hebdos. Ils existaient avant le Publisac, ils continueront d’exister après! Même si ça ne paraît pas toujours, je suis un optimiste affirmé. Je suis persuadé que les hebdos vont trouver des façons créatives et originales d’assurer leur avenir.
Par exemple, en faisant des alliances avec les camelots itinérants. Ou en utilisant des drones qui vont livrer ça à la porte. Ou en se promenant à vélo dans les rues pour lancer les journaux dans les vitres et se faire poursuivre par des pneus (comme dans le jeu vidéo “Paper boy”). Tu vois? Il existe tout plein de solutions.
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