Deux maisons d’édition de Québec valorisent l’originalité

Deux maisons d’édition de Québec se démarquent par leur approche qui repense le milieu du livre. Les Éditions de l’Écume, dans Montcalm, ont lancé une campagne de sociofinancement.

Par Estelle Lévêque

L’écrivaine et éditrice Laetitia Beaumel fonde l’Écume en 2020. Dernièrement, la maison d’édition a lancé une campagne de sociofinancement destinée à couvrir les frais d’impression de leurs quatre prochains ouvrages. Ces fonds leurs permettraient, à terme, de devenir éditeur agréé.

Ramener l’auteur au cœur de l’édition

Laetitia Beaumel a publié ses écrits dans différentes maisons. Elle en tire une observation décevante. « Sans auteur, le livre n’existe pas. Pourtant, on lui donne seulement 10% des recettes. On se fiche un peu de son avis sur le titre ou l’apparence du livre. On lui demande d’aller au salon du livre et faire des lectures gratuitement, comme si son temps devait toujours être bénévole », déplore-t’elle.

Les Éditions de l’Écume visent une démarche où l’auteur est mieux considéré. Ce dernier a un droit de regard sur l’impression et la production. On lui propose également des contrats de droits d’auteur respectueux. De plus, l’équipe travaille avec respect pour l’environnement : encres végétales, papier recyclé, fournisseurs locaux et distribution en transports verts.

Toucher un public nouveau

Depuis 2018, Moelle Graphik édite des œuvres de bande-dessinée nées d’une réflexion spécifique ou d’une démarche artistique. En s’éloignant d’un format standardisé, ils souhaitent faire connaître des artistes émergents et toucher un public novice de ce genre littéraire. 

René Lévesque : Quelque chose comme un grand homme, bande-dessinée de Marc Tessier, nommée au prix des libraires, en est un bel exemple. Après une recherche de cinq ans sur l’ancien premier ministre, l’auteur propose une BD dense, en 13 chapitres, illustrés dans 13 styles graphiques différents.

« Ça amène une proposition qui sort de certains sentiers battus », remarque Julien Poitras. « C’est quelque chose auquel le public était moins ouvert dans le passé, mais le lectorat a évolué. Les gens trouvent intéressant le fait que plusieurs auteurs soient présents, de toutes générations, connus et moins connus, avec une diversité de genre », poursuit-il.

Le milieu du livre à Québec

La ville de Québec est un lieu de choix pour les éditeurs. Suite à son cursus de création littéraire, Laetitia découvre rapidement le dynamisme en poésie à Québec. Cependant, malgré le label ville de littérature UNESCO, elle ne trouve aucune maison d’édition en poésie dont le siège social est à Québec.

Ainsi, fonder sa maison d’édition au Centre Culture et Environnement Frédérick Back, tombait sous le sens. « J’y ai travaillé à la fois au niveau écologique et culturel. C’était symbolique de se dire que l’Écume appartient à ce lieu. » Laetitia Beaumel mentionne son lien au quartier Montcalm et à ses résidents qui se questionnent et militent. « Je vis à Québec, j’écris sur Québec, c’est ma ville de cœur », conclut-elle.

Pour Julien Poitras, s’installer à Québec était un choix éclairé et délibéré. « Avec la SCABD qui animait la scène artistique de Québec, le festival Québec BD, et d’autres projets en gestation, Québec a toujours été un pôle fort de la bande-dessinée », souligne l’éditeur de Moelle Graphik. Toutefois, il rappelle que de nombreux talents se trouvent dans le Bas-Saint-Laurent, à Gatineau, et sur l’ensemble du territoire.

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