Le 24 janvier, le Théâtre du Trident dévoilera L’Éveil du Printemps, une pièce de David Paquet, inspirée de l’œuvre éponyme du XIXe siècle.
Par Estelle Lévêque
Mise en scène par Olivier Arteau, l’Éveil du Printemps sera au Théâtre du Trident du 24 janvier au 18 février. Entretien avec David Paquet, auteur de la pièce, qui nous parle de son travail et de ce qui l’a inspiré dans l’œuvre originale, écrite en 1891 par Frank Wedekind.
Que raconte l’Éveil du printemps ?
C’est une pièce qui parle d’éveil sexuel et de l’hypocrisie bourgeoise qu’on peut rencontrer dans ce contexte. La pièce de Wedekind date d’une époque où il y avait un silence délibéré sur la sexualité. Elle parle de ce qui arrive quand on est contraint au malheur à cause du mutisme des gens qui nous entourent.
Tu en as fait une réécriture, qu’as-tu souhaité modifier ou garder par rapport à la pièce originale ?
Je me suis donné beaucoup de libertés, mais j’ai gardé le cadre thématique : les chamboulements rencontrés au moment de l’éveil sexuel. À notre époque, presque paradoxalement, un des problèmes n’est plus l’absence d’information mais presque la surenchère, avec un bombardement d’images et d’informations. Il y a cinq personnages adolescents, qui dressent un panorama de différents chemins qui peuvent rendre cet épanouissement difficile. Il y a aussi des personnages adultes dans la pièce, qui permettent d’explorer la question de l’épanouissement sexuel tout au long d’une vie.
Comment a débuté ce projet ?
Quand Anne-Marie Olivier (alors directrice artistique et codirectrice générale du Trident) et Olivier Artaud m’ont proposé de faire une adaptation de cette pièce, j’avais complètement carte blanche. Je ne connaissais pas la pièce. J’ai dit « permettez-moi, je vais lire ça quelques fois et voir si je suis en mesure de trouver un chemin là-dedans. » En la lisant, j’ai été happé par certaines émotions, certains personnages, ça m’a donné envie d’y entrer.
Aviez-vous déjà collaboré sur un projet ?
Je connaissais leur travail mais on n’avait jamais collaboré ensemble. Pour l’Éveil du Printemps, j’ai travaillé avec Olivier, qui signe la mise en scène et qui était hyper ouvert à recevoir des commentaires. Je suis allé 4 fois à Québec pour assister aux enchaînements, j’aime beaucoup voir les acteurs travailler en répétition : écrire selon qui ils sont, selon ce qu’ils font.
C’est la première fois que tu faisais ce travail de réécriture. As-tu trouvé cela contraignant ?
J’avais ce souci de fidélité, mais je ne voulais pas que ça devienne une prison. Un des plus grands défis pour ce projet, c’est qu’il est le fruit d’une coproduction entre le théâtre du Trident et le théâtre Denise Pelletier à Montréal. Donc il est destiné à la fois à un public adulte, et à un public d’adolescents, très multiculturel.
La pièce se veut assez drôle, c’est assez pétillant et assez rythmé. La pièce d’origine, je la trouvais extrêmement verbeuse. Ça philosophe longtemps et beaucoup, de façon erratique. Je me suis dit que ça ne fonctionnerait pas avec notre capacité de concentration d’aujourd’hui. Personne n’écoute quelqu’un qui les emmerde. Donc j’ai gardé le thème, les personnages et une petite part du récit, mais j’ai essayé de dynamiser la façon dont les personnages s’expriment.
Tu enseignes à l’École nationale de théâtre du Canada et au Conservatoire d’art dramatique de Montréal. Est-ce que le fait de côtoyer des personnes dans la vingtaine t’a inspiré, t’a aidé à être plus réaliste ?
Ce qui m’aide le plus, c’est d’être prof. Je vois la relation des étudiants à l’écriture, ça me permet de peaufiner la mienne. En revanche, je ne suis pas dans un grand réalisme en terme d’écriture. J’aime l’idée de réinventer un monde plutôt qu’être un miroir fidèle de celui dans lequel on est. Pour moi, toute pièce est un équilibre entre un miroir et un refuge de ce monde parce que, parfois, il fait bon le quitter.
Dans une entrevue, tu parlais de funambulisme émotif, de raconter des moments où l’on ne sait pas si on doit rire ou pleurer. C’est quelque chose qu’on retrouve aussi dans l’Éveil du Printemps ?
Absolument. Pour l’instant, je vois difficilement comment je pourrais faire autrement. C’est un des éléments centraux de ma démarche. C’est une façon pour moi d’offrir un condensé de la vie. Pour l’Éveil du Printemps, j’ai même essayé d’en faire plus. Si l’on peut vivre, dans un court laps de temps, sur 1h50, un concentré d’émotions, c’est comme une sorte d’adolescence concentrée.
Comment te sens-tu à l’approche de la première représentation ?
J’ai extrêmement hâte qu’on rencontre le public. Comme c’est une réécriture, comme les gens qui connaissent la pièce arriveront avec des attentes, je suis fébrile. Et ravi du processus. J’espère que le public appréciera la pièce autant que j’ai aimé embarquer dans cette aventure.
« L’Éveil du Printemps » sera présentée du 24 janvier au 18 février, au Thâtre du Trident, au Grand Théâtre de Québec. Plus d’informations et billetterie en ligne sur le site internet du Théâtre.
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