Audrey Lizotte, nouvellement nominée comme directrice générale d’Espaces d’initiatives, souhaite collaborer avec tous les acteurs impliqués pour créer une culture d’innovation sociale à Québec.
Elle remplace Édouard-Julien Blanchet qui demeure au conseil d’administration.
Espaces d’initiatives est un laboratoire d’innovation sociale qui travaille à accélérer l’émergence et le déploiement d’initiatives à impact social à Québec via des programmes d’innovation, des espaces collaboratifs et des activités de maillage.
Quel est ton parcours ?
« J’ai un parcours assez éclectique. J’ai commencé ma carrière comme gardienne d’animaux dans un zoo. J’avais fait une technique en santé animale au Cégep à Sherbrooke. Je m’intéressais aux problématiques, aux besoins exacts des animaux et comment améliorer leur bien-être.
J’ai décidé de faire un baccalauréat en développement durable, administration des affaires et entrepreneuriat. Tout ça a mené pendant la COVID à une maîtrise en innovation à l’Université Laval. »
Qu’est-ce qui t’a poussé à t’intéresser à l’innovation ?
« Déjà au zoo je décortiquais des problématiques et j’étais « intrapreneure », je faisais des projets à l’intérieur de l’institution. À l’université, ce que j’ai beaucoup aimé c’est vraiment les opportunités et les gens qu’on rencontre.
J’ai commencé comme coordonatrice dans un atelier de mécanique vélo à Coop Roue-libre. C’est là que j’ai rencontré une communauté de gens plutôt militants pour le cyclisme utilitaire. J’ai trouvé ça super intéressant.
Je suis aussi allée en Suisse pendant un an avec l’université et je me suis impliquée pour le cyclisme utilitaire. C’est une communauté qui travaille ensemble pour toujours améliorer leurs conditions de déplacement actif. Ça a porté ses fruits ensuite. Je trouve ça super valorisant que ce soit des gens qui partent des initiatives et que ce ne soit pas toujours nos villes ou nos gouvernements. »
As-tu toujours été impliquée dans le milieu communautaire et la vie citoyenne ?
« Depuis mes études, c’est le milieu que j’ai le plus découvert et qui m’a le plus intéressé. Ce qui me rejoint c’est le fait d’avoir une mission et une valeur sociale. Ce qui me manquait au zoo était le côté humain. Il y a aussi beaucoup d’enjeux sociaux qui sont importants et sur lesquels on peut donner notre énergie. »
Quel est l’enjeu social qui te tient le plus à coeur ?
« Mon dada c’est les communautés durables actives en milieu urbain. J’ai fait ma maitrise là-dessus pour développer un projet, toujours en cours, pour aider les villes à organiser mieux les infrastructures afin de répondre aux besoins.
J’ai découvert ce qu’est l’innovation sociale. C’est les gens qui sont le plus au courant de ce qu’ils ont de besoin, donc c’est vraiment une richesse de connaissances que j’ai appris à apprécier et à voir tout le potentiel. L’important c’est aussi les mesures d’impact de cette façon de faire, donc tout ce qui est de la recherche en sciences sociales pour aller mesurer l’impact des projets. La recherche reste fondamentalement importante. »
Quelle est la mission d’Espace d’initiatives ?
« Le but est d’aménager un laboratoire propice à des rencontres, des apprentissages et où tout le monde apporte de la valeur selon son expérience et son expertise.
Au sein d’Espace d’Initiative, on veut faire non seulement des maillages avec les citoyens et les organismes, mais vraiment créer une expérience propice à une synergie d’équité, de diversité, d’inclusion et de transparence pour l’amorçage de projet, mais aussi d’idées, d’opportunités, de discussions en continu. C’est ça la vision de culture d’innovation que j’aimerais apporter avec Espace d’initiatives, tout ça avec des activités diversifiées et super trippantes pour tout le monde qui n’est pas nécessairement à l’aise avec la gestion de projet.
Juste d’être présent et de partager son vécu et ses idées, dans une machine d’émulsion d’innovations sociales, ça va apporter beaucoup de valeur, non seulement pour son estime de soi, savoir qu’on contribue et qu’on est considéré, mais aussi pour ceux qui ont la fibre entrepreneuriale. Ça va être un bon tremplin pour démarrer une initiative. »
Comment vois-tu ton rôle en tant que directrice générale ?
« Espace d’initiatives est dans une période de restructuration. J’arrive à ce moment pour repartir la machine, se positionner, refaire des partenariats et trouver des activités.
J’ai une grande ambition pour Espace d’initiatives. Le défi c’est de commencer petit et de continuer les activités qui ont été entamées. Dans l’idéal, je nous verrais collaborer directement avec la Ville de Québec, l’université, des centres technologiques et vraiment créer un bassin de recherche où des experts de plusieurs domaines sont présents.
Le but c’est vraiment de travailler en commun pour que ça fonctionne et que ça apporte des vrais changements dans nos villes. On veut en être un maillon principal. »
Es-tu optimiste quant à la transformation de notre ville par des nouvelles manières de faire ?
« Je suis optimiste, mais plutôt réaliste. On s’en va vers l’amélioration tout le temps, mais il ne faut pas se fâcher contre des gros systèmes qui sont lents à changer. Les changements vont se faire, mais c’est des décisions politiques. Il faut prouver que ça fonctionne, il faut avoir des réussites […] Il faut se pratiquer et se mettre la main à pâte. »
Est-ce qu’il y a un enjeu concret qui est prioritaire d’après toi ?
« Ce qui me vient en tête en premier c’est le travail en silo. Il y a beaucoup de discussions et de chantiers sur des projets qui se travaillent, mais dont on n’est pas nécessairement au courant. Espace d’initiatives veut briser les silos, ouvrir le dialogue et être vraiment inclusif. Ça fait mousser beaucoup de nouvelles idées et du travail de collaboration. C’est une des choses les plus importantes que je vois concrètement.
Par exemple, dans les gouvernements et les ministères, il y a beaucoup de travail en double qui se fait. Je pense que ça n’aide pas à ce que ce ne soit pas lent et long.
Le genre d’activité que j’aimerais tester éventuellement, c’est le design fiction, qui peut prendre différents aspects et qui permet de bien décortiquer une problématique en se mettant dans la peau des personnes qui le vivent, que ce soit par le théâtre, les visites terrains, des jeux sérieux, simulations, etc.
Je lance l’appel à des étudiants ou des professeurs universitaires qui connaissent le concept et qui aimeraient faire un living lab avec nous. »
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