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Chronique : Airbnb : on se réveille!

david lemelinDavid Lemelin (Photo : Courtoisie)

Par David Lemelin

Est-ce que c’est un vrai problème, les « Airbnb », soit ces locations touristiques d’appartements qui pourraient autrement servir aux résidents?

Oui. Et l’ennui, c’est que ce n’est pas qu’un petit problème. Prenons l’exemple de Saint-Roch.

Le zonage de la Ville de Québec permet la conversion de logements en « Airbnb ». Ça, c’est un fait. En théorie, ça part d’un bon principe : faire profiter d’une ville à des touristes qui essaient autre chose que l’hôtel conventionnel.

Sauf que, dans la vraie vie, quand on cède un pouce pour que le party prenne chez les amis du capital gourmand… c’est pas long que les pouces deviennent des mètres puis des kilomètres…

Dans Saint-Roch, vous avez le boulevard Charest Est au complet, de même que la rue Saint-Joseph Est, Saint-Vallier Est et Notre-Dame-des-Anges. Ajoutez à ça la rue du Pont, la rue Dorchester et de la Couronne ainsi que le côté impair de la rue Saint-François Est et vous vous retrouvez vite avec un quartier qui devient de moins en moins citoyens et de plus en plus touristique, avec les aspects indésirables qui l’accompagne.

En réalité, Saint-Roch est lourdement victime de ce zonage. Les deux tiers du zonage Airbnb sont concentrés dans ce quartier. Ça ne va pas du tout. Quel impact négatif cela peut-il avoir? Suivez-moi…

Si vous marchez le quartier, vous allez vite réaliser que ça dévitalise au possible un secteur. Et pour cause : les touristes n’y sont pas!

Ainsi, on prive des résidents de logements qui servent à des gens de passage qui ne s’investissent pas dans le quartier comme le font des citoyens. C’est, on le comprendra, incomparable comme impact.

Par exemple, au cours des deux dernières années, 4 maisons de chambre ont changé de vocation, sur Saint-François Est et sur la rue du Pont Est (deux cas sur chaque rue). Bien sûr, ces nouveaux Airbnb sont légaux, là n’est pas le problème.

Le problème, c’est que ce ne sont pas que les petites unités qui sont transformées en Airbnb : les immeubles plus grands le sont aussi.

Par exemple, sur Saint-Vallier Est, l’immeuble 77 est devenu un « Aparthotel ». Un nom qui dit tout…

Ne reste que 8 logements pour 21 résidences de tourisme. Ça ne va pas pantoute.

Si vous vous promenez du côté du 735 Charest Est, vous découvrirez avec stupéfaction que plus d’une quarantaine de boîtes à clé poussent dans le hall d’entrée de l’immeuble, comme des champignons. Et si vous poursuivez votre marche, vous verrez aisément les « potentiels » de prochains Airbnb sur Charest Est (le 540), sur Saint-Vallier Est (le 65), etc. Etc. Etc.

Suffit d’évincer les gens, de payer trois mois de loyer et le déménagement et hop! on défigure un quartier à la faveur de gens qui ne font que passer.

Et ça, ce n’est qu’un tout petit aperçu de tout ce que les Airbnb peuvent encore avaler dans le quartier, petits et grands immeubles, anciens comme récents. On aurait dans Saint-Roch, au minimum, plus de 200 logements qui pourraient, tout à fait légalement, être convertis en Airbnb.

Ça ne vous donne pas la nausée?

Moi, oui. Pas parce que je m’oppose au tourisme (les hôteliers sont là pour ça). Loin de là! Mais, parce que j’ai en tête que la Ville souhaite préserver sa capacité résidentielle, qu’on veut densifier, qu’il y a une crise du logement, qu’il est de plus en plus onéreux de se loger au centre-ville et que les refuges pour itinérance débordent.

On veut une vie de quartier active? On veut que nos citoyens puissent s’épanouir dans les quartiers centraux? On souhaite lutter contre la hausse abusive des valeurs immobilières?

Bin, on se sort les doigts du nez et on agit. Il y a des leviers pour ça. Suffit de les saisir, avant qu’il ne soit trop tard…

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