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Chronique : Le toit du monde

david lemelinDavid Lemelin (Photo : Courtoisie)

Par David Lemelin

J’ai été touché par le texte de mon collègue Martin Claveau, qui se décourage X1000 de la difficulté, notamment pour les jeunes, d’avoir accès à une propriété. C’est à la fois injuste et caractéristique de notre société capitaliste et gourmande.

Mais, est-ce que le logement est un droit? Est-ce normal que ça serve surtout à l’enrichissement de quelques-uns?

C’est un éternel problème, en effet.

Pourtant, se loger est un besoin vital, donc un droit fondamental. On veut un toit, on veut être en sûreté, à l’abri, pour pouvoir vivre, élever une famille, etc. Rien de plus normal.

Dans le cas qui occupait mon collègue, il parlait plus précisément de la capacité d’acquérir une maison ou un condo dans Limoilou. Alors, une question : acheter son toit est-il un droit légitime?

J’ai envie de vous répondre philosophiquement et économiquement.

Il n’y a rien qui justifie que le droit de propriété soit réservé aux mieux nantis. Ça s’appelle des inégalités sociales et économiques. On peut trouver ça cute qu’un seul propriétaire multimillionnaire fasse la pluie et le beau temps sur les coûts du logement, il reste que c’est profondément injuste.

Qui plus est, des prix poussés à la hausse n’enrichissent que les riches et la municipalité qui ramasse son dû au passage. Mais, pour quel bienfait collectif? Pour le plaisir d’avoir des condos chics à 450 000 $ un peu partout? C’est un drôle de projet collectif, non, rêver de discriminer son prochain?

Ainsi, avoir le droit d’acheter une maison ou un condo est plus une question d’équité que de droit fondamental, on l’aura compris. Mais, acheter son toit ne devrait pas être quelque chose d’inaccessible, surtout lorsqu’on dispose de revenus convenables. Or, dans les faits, les intentions d’achat de propriétés sont en baisse chez les 18-34 ans.

Quel effet cela a-t-il? Ça stimule l’étalement urbain.

De fait, les jeunes ménages regardent plus loin, d’abord aux alentours du centre urbain, ou plus loin encore (pour citer Buzz Lightyear) comme Portneuf, la Côte-de-Beaupré ou même la Rive-Sud pour acheter leur propriété. Ainsi, tranquillement la densification se fait ailleurs, alors qu’on est supposé travailler plus fort pour densifier à l’intérieur du périmètre urbain.

Remarquez, ce n’est pas mal de s’acheter une maison en banlieue ou en milieu rural. Je ne tape pas sur les doigts des jeunes qui font avec ce qu’ils ont. C’est plutôt vers les politiciens que je tourne le regard, les yeux froncés.

Au lieu de laisser le marché décider que les inégalités sont inévitables, prenez tous les moyens légaux et politiques pour dicter le pas. Vous verrez : l’étalement ralentira, bien des jeunes opteront pour la ville et les quartiers centraux resteront vivants et promis à un bel avenir. La ville n’en sera que plus riche en taxes, puisque la masse de payeurs sera supérieure à celle des plus fortunés de quartiers dévitalisés.

Et profitez de l’occasion pour investir rapidement et sérieusement dans le logement abordable. C’est pas la foutue main invisible du libre marché qui le fera…

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