Par David Lemelin
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt cette histoire dans La Presse qui parle d’un citoyen qui terrorise l’appareil municipal de La Macaza, dans les Hautes-Laurentides.
Ayant été fonctionnaire municipal pendant quelques années, je ne pouvais que comprendre le personnel et les élus et souhaiter qu’ils poursuivent sans délai le « sonneur d’alerte » autoproclamé.
Je me suis mis à penser que plusieurs municipalités, au Québec, doivent vivre le même genre de chose, à des degrés variables, allant du citoyen un peu taquin à l’harceleur qui cherche la guerre.
On connait.
À Rivière-du-Loup, par exemple, il y avait les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse qui venaient, invariablement, à toutes les séances du conseil, empoisonner le débat.
Eux, ils croyaient débusquer la corruption, les abus et l’incompétence des fonctionnaires. Ces quatre citoyens le faisaient, sourire aux lèvres, se trouvant entre eux particulièrement futés.
En réalité, ils se couvraient de ridicule, fois après fois, forçant les élus à répondre à chaque élément soulevé, calmement, en essayant de ne pas leur donner l’impression qu’ils retardent la séance et gaspillent le temps de travail de la fonction publique. C’était pourtant le cas.
Ils ne débusquaient rien. Ils ne mettaient à jour aucun complot. Au contraire, l’appareil municipal est hyper compétent et performant. Mais, eux, ils avaient un fun noir.
Cette même ville a aussi connu son moment de terreur lorsqu’en novembre 2018, un homme d’affaires, fou de rage, est venu bousculer le directeur général, à l’hôtel de ville, en hurlant à mort. J’étais là, aux côtés du DG, quand ça s’est produit.
Malheureusement, le coupable s’en est sorti avec une absolution conditionnelle valable pour 18 mois, sans plus. De quoi nourrir le cynisme de la fonction publique qui ne s’est sentie ni respectée ni protégée par la loi.
Évidemment, un citoyen a le droit de poser des questions, même futiles, voire stupides. Ne pas avoir de jugement n’est pas illégal.
C’est plutôt le paradoxe qui me fascine : surveiller l’appareil (sans compétence particulière pour le faire) pour qu’il ne fasse pas d’excès et pour qu’il contrôle la hausse des taxes… en adoptant un comportement qui coûte du temps, de l’argent et cause des délais… pour rien.
À Québec, aux séances du conseil, il y a les habitués. Ils ne sont pas méchants et ne parviennent généralement pas à grand-chose en matière de sable dans l’engrenage. Il y a certaines époques où c’était plus difficile, mais Labeaume avait le don de chercher le trouble.
J’ignore s’il y a des cas de citoyens zélés « à La Macaza » à Québec, mais je voulais simplement écrire ce mot pour encourager celles et ceux qui consacrent leur carrière au service public.
Oui, il y a des endroits mieux que d’autres, certains appareils municipaux sont sans doute moins performants et valeureux. Mais, pour l’essentiel que j’ai pu connaitre dans ma vie, je dis : merci.
Le service public est noble et votre travail est essentiel à la vitalité de nos municipalités. Les citoyens zélés n’y changent rien. En fait, c’est tout le contraire…
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