L’autrice belge Nina Six a passé deux mois à Québec en résidence de création pour sa prochaine BD : « Les rives du Saint-Laurent ».
Par Estelle Lévêque
Dans le cadre de la résidence croisée entre le Québec et la Fédération Wallonie-Bruxelles, Québec BD a organisé un échange croisé. Alors que Nina Six s’est envolée pour le Québec, l’autrice québécoise Delphie Côté-Lacroix s’est rendue en résidence de création en Belgique.
Ainsi, pendant deux mois, Nina a pu découvrir la province pour nourrir ses recherches sur sa prochaine BD : Les rives du Saint-Laurent. Lors de sa dernière semaine dans la Capitale, celle-ci nous parle de son projet et de son processus créatif.
Entre réalisme et fiction
« Le scénario de la BD se base sur le voyage de deux personnages principaux : la mère et la fille, à 30 ans d’écart, en 1993 et en 2023. Elles font le même trajet de voyage sur la rive gauche du Saint-Laurent. » Inspirée des anecdotes de voyage que lui racontait sa mère, Nina Six propose une bande-dessinée à mi-chemin entre l’histoire vraie et la fiction.
Sur une base d’autofiction, l’autrice s’intéresse au voyage en solitaire, en tant que femme, à deux époques différentes. « Forcément, ça amène un imaginaire différent sur le fait de voyager seule. Le voyage part de Montréal pour aller jusqu’au but de voir des baleines à Tadoussac. D’une époque à l’autre, on voit la ville qui évolue, les rencontres qu’elles y font, etc. »
Dans le premier tome de sa série Les Pissenlits, Nina Six fonde son récit sur des souvenirs d’enfance. En cours de création du deuxième tome, elle souligne l’importance du voyage et du déplacement dans son processus d’écriture.
« Le fait de marcher, ça développe quelque chose en moi. J’ai apprivoisé ça quand je suis allée dans les Vosges pour le tome 2 des Pissenlits. J’avais du mal à trouver une idée pour ma prochaine BD. Quand j’ai randonné pendant une semaine, toutes les idées se sont mises en place. Il y a un truc où ton corps fait le tri dans tes idées. »
Nina Six
Être sur le terrain
Dans le cadre de Les rives du Saint-Laurent, accomplir le même voyage que sa mère apporte une grande profondeur au travail de recherche de l’autrice. Sur le terrain, l’imaginaire se débarrasse de clichés, travers et raccourcis pour aboutir à un scénario riche d’expériences. Par exemple, ces recherches ont permis à Nina de rendre plus réaliste la question du transport dans son récit.
« En Europe, le rapport au déplacement est très différent. Ici, il y a des endroits où on ne peut pas aller en transport en commun. Au départ, j’avais idéalisé ça, en imaginant que mes personnages pourraient simplement prendre le train pour se rendre à leurs différentes étapes. »
Les inondations à Baie Saint-Paul survenues au début du mois de mai ont également changé le scénario de l’autrice. « J’ai pris conscience de la différence entre la période ou ma mère a voyagé et celle, 30 ans plus tard, où on constate des catastrophes climatiques. Ça a changé ma logique de production. »
La bande-dessinée à Québec
En plus de ses recherches scénaristiques, Nina Six a pris part au festival Québec BD du 12 au 16 avril. À cette occasion, elle a rencontré plusieurs auteurs de Québec comme Caroline Soucy et Paul Bordeleau. Également, l’autrice belge a participé à des activités de live dessin, en collaboration avec des auteures espagnoles et françaises en résidence à Québec.
Charmée par la ville, Nina Six fait un bilan très positif de sa résidence. « J’aime beaucoup Québec, ça me fait penser à Bruxelles. C’est à échelle humaine et j’ai l’impression d’avoir tout ce dont j’ai besoin pour travailler ; à savoir des bonnes librairies et des chouettes cafés. Je me suis sentie à ma place. »
Pour découvrir le travail de Nina Six, consulter sa page instagram. En attendant Les rives du Saint-Laurent (titre provisoire), découvrez le tome 1 de la bande-dessinée Les Pissenlits.
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