Dans un récent article publié par Radio-Canada, on pouvait lire que le Canada veut interdire la vente de véhicules à essence neufs d’ici 2035 et prendre un virage électrique. Cependant, cela fait plusieurs années que l’on dit cela, et ce n’est peut-être pas la bonne cible.
Par Mélissa Gaudreault
Quand je pense au dossier des voitures électriques, les mots qui me viennent à l’esprit sont « fausses promesses » et « mauvais problème ».
D’abord, j’ai du mal à croire que la transition se fera réellement d’ici 2035, puisqu’il y a quelques années on parlait de 2025, puis 2030 comme années phares dans le virage électrique.
Je n’ai cependant pas l’impression que l’on verra beaucoup de changements ces années-là au rythme où on avance en ce moment.
Le gouvernement ne semble pas être pressé dans ce dossier, et pourtant il devrait l’être selon moi. Nous sommes présentement en période de crise climatique, quoiqu’en disent les sceptiques et les conspirateurs, une période qui a commencé bien avant qu’on en parle dans les médias.
On le sait depuis longtemps qu’il y a trop de voitures sur les routes et qu’elles sont l’une des causes de la pollution.
Faire une transition vers l’électrique permettrait de diminuer la pollution et c’est une ressource que l’on retrouve en plus grand nombre et que l’on maitrise bien au Québec, mais il y a encore beaucoup d’inconvénients à faire le saut vers l’électrique.
Par exemple, l’autonomie des voitures n’est pas assez grande, il n’y a pas assez de bornes de recharge que ce soit en ville ou sur la route donc c’est compliqué quand on veut faire des longues distances, et ça coûte plus cher qu’un véhicule à essence à prix moyen.
Il faudrait donc mieux encadrer la vente et l’utilisation des véhicules électriques, notamment en ajoutant des bornes de recharge et en offrant une aide financière – plus grande que ce qu’elle est en ce moment – à ceux qui souhaitent s’acheter un véhicule.
Par rapport à l’année 2035, on peut se questionner sur les raisons qui font que l’échéancier est si loin.
Est-ce parce que de mettre un échéancier plus tôt n’est pas réaliste, ou parce qu’il y a un manque de volonté de la part des gouvernements, ou manque de moyens et de ressources pour atteindre l’objectif ou est-ce une tout autre raison?
Il est certain que c’est le genre transition qui prend du temps à se faire et un changement sociétaire comme celui-ci se fait généralement lentement parce que ça vient modifier les habitudes de consommation de la population, mais c’est surprenant vu le contexte actuel de crise climatiques qu’on ne mette pas l’obligation de vendre des voitures électriques dans les dossiers prioritaires.
Mauvais problème
C’est bien beau de dire que l’on va obliger les concessionnaires à vendre des véhicules électriques à partir d’une année précise, mais le problème de pollution ne se règlera pas en passant des voitures à essence au voitures électriques, selon moi.
Le problème est plutôt le nombre de voitures en circulation et l’utilisation qu’on en fait.
En effet, il y a souvent des ménages qui possèdent plus d’une voiture mais qui pourrait facilement n’en avoir qu’une ou moins que ce qu’ils en ont (s’ils en ont plus que deux), que les gens prennent souvent leurs véhicules pour faire des courtes distances et surtout en ville où c’est souvent tout un casse-tête de se trouver une place de stationnement de toute façon, quand il serait plus pratique de se déplacer à pied, en vélo ou en autobus.
Mais ce n’est pas nécessairement plus facile de se déplacer en utilisant l’un de ces modes de transport non plus.
Je pense donc qu’on doit mettre plus d’efforts pour améliorer l’accès aux transports en commun et aux transports actifs.
Si l’on prend l’exemple de la ville de Québec, la première chose que je ferais serait de revenir à l’horaire d’autobus d’avant pandémie c’est-à-dire un autobus qui passent aux 10 minutes.
Ensuite, on pourrait disons baisser les tarifs d’autobus pas seulement du tiers et pour les personnes à très faibles revenus comme l’a fait le RTC cette année, mais pour tous les travailleurs de la classe moyenne.
Quelqu’un qui prend l’autobus souvent n’a pas le choix de se procurer une passe d’autobus d’au moins 20 trajets ou sinon mensuelle, mais les prix peuvent définitivement freiner notre volonté à utiliser les transports en commun.
Les cartes de 20 trajets sont offertes au coût de 60$, qui peuvent durer entre deux et trois semaines si l’on ne sort pas beaucoup de chez-soi, ou sinon c’est 90$ par mois, pour un total entre plus ou moins 1020 et 1080$ par année. J’ajoute que l’on ne peut se procurer une carte mensuelle que lorsque le mois est débuté, ce que je ne trouve pas très pratique pour deux qui reçoivent leurs chèques aux deux semaines.
Si l’on s’attarde sur le prix, je trouve que c’est indécent de payer plus de 1000$ par année plus l’inflation et de devoir prévoir ses déplacements puisque les passages d’autobus se font de plus en plus rares, surtout si le but est d’inciter les gens à utiliser ce mode de transport. Il y aurait certainement plusieurs choses à revoir dans ce dossier.
Comme autres solutions pour inciter les gens à moins utiliser leurs voitures, il faudrait qu’il y ait des chemins cyclables nord-sud et est-ouest dans toute la ville de Québec pour que ceux et celles qui habitent en banlieue puissent faire la route banlieue-centre-ville sans avoir peur d’une rencontre avec un automobiliste, ainsi que d’assurer la sécurité des piétons en améliorant les passages déjà existants et en en ajoutant aux endroits où c’est nécessaire comme dans les zones scolaires où ils se font rares pour ne pas dire inexistants.
Bref, un problème mondial de pollution causée par les voitures ne se règle pas en incitant les gens à acheter des voitures, même si celles-là sont dites moins polluantes.
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