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Chronique : Ce parc ne m’appartiendra plus

jardin parc ibervilleLe parc d'Iberville, avant la construction des bacs de jardinage (Photo : Courtoisie)

Par Martin Claveau

Je sais que je radote encore, mais ça fait longtemps que je reste à Limoilou. Depuis 1993 je crois. Depuis tout ce temps, j’ai toujours habité la partie sud du quartier que j’appelle affectueusement le « ghetto », tant elle semble, en général, être délaissée par la ville.

À ce que je constate, il y a plus de monde pauvre qui vivent dans mon « hood » que dans les coins les plus au nord de quartier, alors ça a peut-être quelque chose à voir avec cette situation, mais ce n’est pas le but de mon propos aujourd’hui. Ça sera pour une autre fois.

Je fréquente le parc Iberville, à l’extrême sud, depuis le début de ma vie dans le secteur. Je ne suis pas seul. Nous sommes des centaines à le faire en toutes saisons. Nous sommes moins nombreux qu’à Cartier Brébeuf, mais nous existons quand même et nous aimons ce parc, il est à nous.

Je m’y rends souvent au gré de mes courses matinales, j’y fais parfois des exercices discrètement sur les modules, quand il n’y a pas d’enfants qui jouent. Depuis la naissance de ma fille, nous y allons encore plus souvent. Nous pique-niquons, nous jouons parfois à la pétanque, nous profitons des jeux d’eau.

Nous avons organisé deux fois sa fête avec ses amies dans ce parc. Nous jouons au frisbee, au soccer et je lui ai aussi appris à lancer une balle de baseball dans ce parc. Ça n’a pas été un succès, mais nous l’aimons quand même notre parc. On est comme plein de monde quoi!

Le parc Iberville est un véritable poumon pour le secteur sud de Limoilou.  Pour nous, aller à Cartier Brébeuf ou à la Pointe aux Lièvres, est un peu loin et, de toute manière, tout Limoulois que je suis, la pointe aux Lièvres c’est Saint-Roch!

Toujours est-il que ma jouissance de mon parc chéri sera sérieusement interrompue l’an prochain. Selon ce que je constate, ces jours-ci, le parc Iberville sera bel et bien amputé d’un bonne partie de sa surface. Cette portion sera dorénavant occupée par un jardin communautaire.

La nouvelle est un peu passé inaperçue, l’an dernier, même pour moi qui suis quand même l’actualité municipale pas pire. C’est donc dire que ça s’est fait en douce cette affaire-là pour éviter le débat et nous imposer une vision comme seule la Ville de Québec sait le faire à répétition…

Cela dit, je n’ai absolument rien contre ces jardins communautaires. En fait, ma blonde et ma fille aimeraient bien en avoir un. Je crois que c’est plutôt sain en fait. Qui peut être contre ça?

Le problème, c’est ce que fait la ville de Québec, dans le cas présent. On déshabille Pierre pour habiller Jacques. On enlève un espace vert accessible à TOUT LE MONDE pour le transformer en un jardin communautaire qui sera réservé à quelques privilégiés chanceux qui pourront y cultiver un potager.

Une grande portion de MON PARC sera donc possiblement clôturé et deviendra inaccessible à la majorité des citoyens.

Le problème ici c’est de prendre un des rares espaces vert publics de Limoilou et de le transformer en potager qui sera forcément réservé à quelques privilégiés qui attendent sur des listes d’attentes interminables.

Il me semble qu’on aurait pu mieux choisir notre endroit pour faire un jardin. Je comprends que la demande est forte pour ce genre de jardin, mais il me semble que de transformer un parc en jardin est un brin réducteur.

Ça me révolte de voir qu’on a pu prendre cette décision à la ville et si j’avais su que c’est au beau milieu de mon parc qu’on installerait un de ses jardins, je me serais indigné bien plus tôt et je suis persuadé que je ne suis pas seul.

Quand je réfléchis au bien commun, mes expériences récentes m’apprennent à ne jamais trop faire confiance à une ville qui donne souvent l’impression d’avoir son agenda et ses intérêts propres, parfois au détriment de la majorité des gens qui l’habitent.

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