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Chronique : Sacré Régis!

david lemelinDavid Lemelin (Photo : Courtoisie)

Par David Lemelin

Il n’arrête pas!

Je le déplorais, il y a un moment déjà dans une précédente chronique.

Il y a quelque chose de malsain et d’ironique à voir Régis Labeaume jouer les sages au recul moralisateur, sachant qu’il a été, surtout, un matamore brutal et un élu allergique au dialogue et à la contestation.

Ainsi, depuis des mois, il nous fait la leçon dans ses chroniques publiées par La Presse. Il fait semblant, semaine après semaine, d’avoir une position mesurée et réfléchie sur une foule d’enjeux, y compris internationaux.

Car oui, Régis lit un livre ou passe les yeux en diagonale sur une chronique et, soudainement, il se sent à l’aise de jouer les politologues.

Il s’intéresse quelques minutes aux élections américaines? Il pond alors un texte censé nous apprendre quelque chose sur nos voisins, lui qui n’a pourtant jamais été reconnu pour son sens de l’analyse et sa maîtrise des données et des concepts. Il bousculait et décrétait. C’était ça, le style de la maison.

En fait, je soupçonne chez lui une envie permanente de paraître plus cultivé qu’il ne l’est en réalité. Maire, il aimait donner cette impression, très souvent.

Je me souviens, notamment, de sa manie de citer des grands philosophes ou penseurs classiques, pour appuyer ses propres démarches.

Un jour, par exemple, en séance du conseil, il cite ainsi Rousseau pour justifier son action concernant les débordements de la rivière Lorette, en disant que, dans le [Du] contrat social, – célèbre ouvrage du philosophe genevois qui est d’un chic fou quand on le cite – Rousseau explique que le premier des principes à prendre en compte est celui de la sécurité.

Puisque Jean-Jacques le dit, Régis peut donc agir à sa guise pour protéger les citoyens des excès aqueux du secteur…

On ne va pas s’opposer à Rousseau, tout de même!

J’étais dans la salle. Si j’avais pu lever ma main, j’aurais alors repris Labeaume pour lui apprendre que les premiers principes abordés dans le bouquin qu’il n’avait visiblement pas lu sont la liberté, l’égalité et la souveraineté.

Mais, c’est ça, Régis. Avoir l’air de ce qu’il n’est pas.

On peut noter au passage que Rousseau, dans son chic ouvrage, met justement en garde contre les dangers liés aux abus du gouvernement. Comme quoi…

Le plus comique (si l’on veut), est que Régis invitait récemment les gens à faire preuve d’ouverture pour lutter contre le racisme dans un texte intitulé « cliver ou dialoguer ». Ça ne s’invente pas…

Il clivait et ne dialoguait pas lorsqu’il régnait, Régis.

Sa vraie nature, on la lit plutôt dans un texte récent portant sur l’élection partielle dans Jean-Talon.

Donnant son avis (comme si on en avait besoin) sur les candidatures en présence, il prend soin au passage de planter Paul Shoiry, père de la candidate caquiste, en disant que celle-ci pourrait « viser une carrière moins médiocre que celle de son père ».

Ahhh… ÇA, c’est le Redge qu’on connait!

Or, Paul Shoiry, souvenez-vous, a été maire de Sillery, conseiller municipal et chef de l’opposition à l’hôtel de ville de Québec. C’est tout sauf une carrière médiocre.

Ceux qui ont connu Paul (j’en suis) vous diront, au contraire, qu’il a été un politicien conciliant, sérieux et intelligent.

Bref, le genre que Régis n’aimait pas!

Alors, tout ça pour dire : il peut bien jouer les chroniqueurs sages et vertueux, il reste qu’il y en a qui voient clair dans son jeu.

Et ça aussi, j’en suis…

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