Nous nous sommes entretenus avec Daniel Picard, co-fondateur des Épices du guerrier, pour en apprendre plus sur l’entreprise, l’importance et l’originalité des épices ainsi le terroir autochtone.
Par Mélissa Gaudreault
Lancé officiellement en 2018, les Épices du guerrier, « ce sont des mélanges de plantes et d’herbes que l’on cueille en territoire autochtone et on fait des mélanges qui s’adressent au public d’aujourd’hui. On met une partie du terroir autochtone dans l’assiette des Québécois pour vous faire découvrir notre culture gastronomique », explique Daniel Picard.
L’entreprise a été créé à la base « pour aider à financer des activités jeunesse pour les enfants autochtones. On avait l’idée de passer du temps au Festival western de St-Tite en 2017 et de vendre un produit x pour financer les activités comme on le fait à chaque année pour les jeunes. Patrice Dion, qui travaillait déjà avec moi, me dit « On pourrait faire tes épices. Elles sont bonnes, je suis convaincu que ça marcherait. » Et moi j’ai eu l’idée de dire que vu qu’on est autochtones, on va mettre ça dans une vraie bûche de bois dans laquelle on va sculpter un trou donc ça va faire un beau cadeau, quelque chose qui a l’air de prestige, qui représente bien notre magnifique terroir. »
Les produits et ingrédients
Daniel Picard et Patrice Dion nous propose une variété de mélanges d’épices pour rehausser nos plats sans trop d’efforts et sans dépenser une fortune, tout en découvrant le terroir autochtone.
On retrouve donc les mélanges classiques, qui sont des mélanges de plantes boréales autochtones et d’épices contemporaines, des mélanges de tous les jours « pour agrémenter et donner des saveurs uniques à tous les plats et pour faciliter la cuisine », déclare Daniel Picard.
Le Mélange Tomahawk illustre bien le mariage entre le terroir autochtone et québécois puisqu’il est fait à base de sucre d’érable, de sel fumé Hickory, de paprika, de plusieurs types de piment, et d’autres ingrédients.
Le mélange myrique baumier (goût fruité, vif, boisé) et poivre des dunes du Québec, qui « a la particularité de développer son goût de piquant plus on va le mâcher », représente bien le terroir autochtone. Vient ensuite le sucre d’érable, qui était à la base de l’alimentation autochtone et le type de sucre qui existait à l’époque et qui a été créé par les Premières Nations. Enfin, le chaga, qui est un champignon au goût vanillé et de noisettes, est en train de devenir très populaire et connu auprès des Québécois.
Il y a aussi des mélanges prêts-à-cuisiner pour toutes sortes de plats comme des côtes levées, des cuisses de poulet, du BBQ, des hot-dogs, du baloney, des smoked meat, etc. Les Épices du guerrier offre une foule d’autres produits dérivés comme des mélanges à café, des sauces et plus encore.
Les mélanges d’épices les plus populaires sont : le poivre au bacon, le sel aux champignons sauvages et le café au chaga.
Son produit préféré à lui : l’assaisonnement à bagel, qui est fait avec du sésame, qu’il l’utilise avec n’importe quel plat dans lequel il mettrait normalement du sel.
Les mélanges classiques ont été créé par les deux associés Daniel Picard et Patrice Dion, tandis que les autres mélanges comme les mélanges prêts-à-cuisiner sont fait par le chef Peter Moineau qui prend les idées de base des deux associés et les travaillent pour les rendre « commercial », c’est-à-dire de s’assurer qu’ils sont réglementaires selon les normes du marché de l’alimentation pour pouvoir être vendus.
On peut retrouver les Épices du guerrier dans près de 1000 points de vente tels qu’au Grand Marché de Québec, au siège social Épices du guerrier à Wendake et dans commerces locaux et spécialisés (ex. : épicerie fine, boucherie, poissonnerie, boulangerie, épiceries santé, fromagerie, restaurants, IGA, Metro, Amazon, etc.).
Importance du terroir
On peut dire que l’entreprise les Épices du guerrier est un peu l’emblème du terroir autochtone puisque leurs produits le représente bien pour toutes les raisons nommées plus haut. Par ailleurs, leur nom vient du cueilleur, celui qui affronte les éléments et la fatigue pour cueillir les ingrédients nécessaires pour faire la cuisine qui sont difficiles à trouver. C’est donc un guerrier, d’où le nom Épices du guerrier.
Daniel Picard essaie donc de sensibiliser le public à la provenance de ce que l’on mange, à l’importance de ne pas surexploiter les ressources, au fait que la nature qui nous entoure, ce n’est pas seulement le garde-manger des Premières Nations, c’est aussi le nôtre. On remarque tout de suite le respect qu’ils ont pour ce que la nature a à leur offrir à travers leurs pratiques.
« On a des règles très strictes. Il est pas question qu’on coupe des arbres pour cueillir nos plantes, on utilise aucun pesticide, on va cultiver un certain pourcentage de nos terres donc ça se regénère extrêmement bien, on va même cueillir sur le bord des autoroutes en Gaspésie parce qu’il y a des plantes partout et les gens ne le savent pas, donc il y a vraiment une conscience environnementale pour bien utiliser le territoire pour qu’on y ait encore accès pour des centaines d’années. »
Le concept de l’entreprise montre l’importance des épices dans la cuisine des Premières Nations ; puisqu’il n’y a pas beaucoup de variété dans les aliments disponibles, « les herbes, les épices, les thés vont venir complimenter cette alimentation-là qui est faible en saveurs. »
Plus largement, la cuisine occupe une place importante chez les Premières Nations : « c’est la vie, c’est le partage, c’est le moment où on est en famille. Dans plusieurs communautés autochtones, plusieurs générations vivent ensemble sous le même toit, donc c’est un moyen de partager et d’utiliser notre territoire. Chaque mois, chaque saison apporte ses ingrédients et le repas devient au centre des discussions. »
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