Le Théâtre du Trident présente à l’honneur sa première pièce de la saison 2023-2024 ; Hosanna ou la Shéhérazade des pauvres de Michel Tremblay. Un délice senti pour les yeux, les oreilles et le cœur. D’une mise en scène du créateur Maxime Robin, avec qui nous nous sommes entrevus, la pièce est à l’affiche jusqu’au 7 octobre prochain.
Par Marie-Eve Groleau
Équilibrée entre le comique franc et le touchant véritable, la pièce plonge d’entrée de jeu les spectateurs dans un univers disco, chantant et dansant des années 70.
Juxtaposés dans l’espace scénique, parfois cinétique, les différents lieux dans laquelle se déroule l’action se chevauchent, amenant un ludisme assumé. L’espace scénique créé assure le déplacement des comédiens parfois en patins à roues alignées. Ponctuée de chansons de l’époque et de quelques danses, l’action dramatique fait écho a la liberté d’être comme quête personnelle et collective.
Bien représentée au cœur de ce que l’on présume être le Village Gai à Montréal, la scène, illuminée d’un bar qui pourrait être l’un de la rue Sainte-Catherine présente aussi l’appartement du personnage principal ; Hosanna.
Arrivée à Montréal au début de l’âge adulte, Hosanna, Claude de son prénom, découvre une ville vivante, grouillante et un potentiel immense de vivre son homosexualité, tout en exprimant qui il est vraiment.
Au cœur de l’action, Hosanna fait la connaissance d’une bande de travestis qui semblent autant en fugue de la société qu’ éprouvant le désir de s’y sentir reconnus (travestis : terme nommé dans la pièce). Les personnages, tous plus colorés les uns que les autres semblent désirer un but commun ; vivre une liberté de cœur et d’être.
À travers les aventures d’Hosanna dans la grande ville montréalaise, le public suit un Hosanna qui a atteint le 3e âge et qui accompagne les spectateurs dans le passé tout au long de la pièce.
Hosanna, enfant, est joué par un acteur surtout muet, à qui l’on fait subir la colère et la violence d’Hosanna adulte et le mépris de sa mère.
Justesse créative
Comment se délivrer du poison qu’est le mal-être, de l’impression d’être petit, lorsque l’on vit le sentiment de ne pas être bien dans son corps comme le vit Hosanna ?
Le public, témoin des relations amicales et amoureuses du personnage central de la pièce, peut éprouver compassion et empathie. Toujours avec une grande justesse, les comédiens assurent leur rôle avec nuances et énergie.
Le metteur en scène Maxime Robin témoigne de son expérience de première mise en scène au Trident, se sentant toutefois déjà très proche de l’univers de Michel Tremblay. Il nous parle également de son rôle avec les comédiens d’expérience qui ont joué dans ce projet.
« Je me sens familier avec les questions de genre, mais je n’avais jamais osé y aller. Je me sens très proche de l’univers de Tremblay. Je suis habitué de travailler des histoires de femmes, un peu comme Les Belles Sœurs et la, avec Hosanna, j’avais à travailler qu’avec des hommes. J’étais un peu stressé, mais Olivier Arteau, le directeur artistique, m’a convaincu et j’ai dit oui ! Ça été un immense bonheur de travailler avec tous les comédiens. Nous avons demandé à Luc Provost (Mado Lamotte) de rejoindre l’équipe, pour qui c’est sa première expérience en tant que comédien au théâtre. Luc a dit ; j’aimerais que le gens me connaissent et pas juste Mado. Aussi, nous avons accueilli Josef Asselin qui a 13 ans, qui joue Claude enfant. Pour tous les deux, il s’agit d’une première expérience qu’ils ont relevé avec brio », a partagé le metteur en scène.
Le propos, qui traite principalement d’identité de genre, est imbriqué avec nuance, humour et dérision tout au long de l’action.
« Toutes les scènes de l’enfance n’appartiennent pas à la pièce de Michel Tremblay, j’ai pris la liberté d’ajouter ces scènes. Michel Tremblay m’a d’ailleurs donné carte blanche ! Pour moi, l’identité se créée à cet âge. C’est intéressant que dans ton environnement, il y ait des gens qui puisse être sensibles et t’accueillir dans ce vécu et ces questionnements », a conclu Maxime Robin.
Résolument touchante et humaniste, la pièce a ce potentiel de plaire à un large public.
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