Saint-Pierre et Gauthier s’emparent du STUDIOTELUS

Duo d’artistes québécois, Tanya Saint-Pierre et Philippe-Aubert Gauthier ont présenté ce soir leur œuvre vidéo Dans une sorte de rêve éveillé – l’invitation, au STUDIOTELUS du Grand Theatre de Québec.

Par Estelle Lévêque

Présentée jusqu’au 15 février, Dans une sorte de rêve éveillé – l’invitation est une exploration de techniques numériques, sonores, visuelles. Dans une esthétique du design d’intérieur des années 70-80, celle-ci se fait des plus actuelles, notamment via l’écho qu’elle donne à l’urgence climatique.

C’est par le biais du collage que l’artiste Tanya Saint-Pierre a débuté la création de l’œuvre, en 2019. Puis, un ensemble de disciplines artistiques ont mené cette dernière à forme finale.

En effet, depuis 2022, Tanya Saint-Pierre et Philippe-Aubert Gauthier ont exploré, entre autres, pour cette création, l’animation de synthèse, la composition d’une trame sonore et les arts numériques.

Du papier au numérique

Aujourd’hui, l’œuvre du duo a été présentée au public, au sein du STUDIOTELUS, où elle vivra, en continu, au cours des mois à venir. En présence du public, Ariane Plante, commissaire aux arts visuels numériques au Grand Théâtre de Québec, s’est entretenue avec les artistes.

Ariane Plante : Si on vous demande de présenter votre œuvre, qu’est-ce que vous avez envie de nous dire à son sujet ? Quel est le propos de votre œuvre ?

Tanya Saint-Pierre : C’est une vidéo, une animation de synthèse, sur le théâtre de la domestication de la nature dans les habitations. 

Comment ce travail, à la rencontre des collages et de l’animation 3D, s’est fait ?

Tanya Saint-Pierre : Le projet a débuté avec le désir de transposer le travail de collage fait main en modélisation 3D. Pas seulement en mettant des collages dans des environnements 3D, mais d’utiliser le collage comme méthode pour créer des environnements.

Comment avez-vous travaillé la trame sonore ?

Philippe-Aubert Gauthier : On a décidé de faire toute la vidéo sans son. Puis, dans le dernier mois, on a analysé les couleurs de la vidéo, l’intensité lumineuse, pour piloter de façon automatique une série de synthétiseurs. Ça nous permet d’avoir une trame sonore qui suit précisément les micro-variations de couleurs. 

Par ailleurs, on a fait des choix esthétiques au niveau du style des instruments. On voulait aller chercher quelque chose de doom jazz, un peu apocalyptique, mais à la fois mielleuse et douce, qui faisait écho aux espaces qu’on aperçoit [dans l’œuvre].

À partir de quoi as-tu travaillé tes collages ?

Tanya Saint-Pierre : Le contexte du Grand Théâtre et la notion de décor a inspiré le choix de la série ; elle était faite à partir de revues de design d’intérieur des années 70-80. 

Regarder la maison brûler

Dans la vidéo, on peut dire que la maison est en feu. Quel est votre rapport à l’actualité brûlante écologique ?

Philippe-Aubert Gauthier : On a commencé à travailler avant l’épisode intense de cet été, des incendies au Québec et au Canada. Évidemment, tout le monde était déjà au courant de la crise climatique mais on dirait que cette année c’était particulier. De notre côté, ça se passait pendant qu’on créait l’œuvre donc ça nous a aussi modulé. 

On n’a pas une position moralisatrice face à ça, c’est plus pour toucher à l’étrange fascination, cette ambiguïté ambiante, qu’on peut avoir à regarder quelque chose brûler tout en étant face à une menace. 

Dans une sorte de rêve éveillé – l’invitation, de Tanya Saint-Pierre et Philippe-Aubert Gauthier, est présentée au STUDIOTELUS du Grand Theatre de Québec du 18 octobre 2023 au 15 février 2024.

Elle est accessible en visite libre, tous les samedis de midi à 17h pour tous, et lors des spectacles pour les détenteurs de billets. Idéalement, nous vous conseillons d’aller contempler l’œuvre lorsque la nuit est tombée, afin d’apprécier la projection vidéo à son plein potentiel.