Par David Lemelin
C’est le genre de conférence de presse qu’on fait en se disant : « J’ai pas le goût, mais j’ai pas le choix. »
Bruno Marchand est donc allé expliquer que le tramway est en vie. Il a l’air mort, il a un trou dans le front, une hache dans le dos, un poignard dans la poitrine…, mais il est bien vivant
On comprend la démarche. Il pouvait difficilement annoncer un recul pur et simple.
Il a plutôt dévoilé un plan B qui semble plus pertinent que le plan A, à savoir : la Ville prend en charge le projet, on fractionne le contrat en plusieurs petits, on favorise ainsi la concurrence qui n’est jamais venue dans sa version éléphantesque.
Ce faisant, on s’enlève l’épine du pied (ou la lance, peut-être) d’avoir à s’enfarger dans les garanties financières et les provisions qui refroidissent le privé.
Oui, car c’est ce qui s’est produit avec le consortium Mobilité de la Capitale, nous dit-on dans La Presse, qui a jeté l’éponge parce qu’il n’a pas été capable d’obtenir la caution nécessaire de la part des institutions financières.
C’est un passage obligé pour pouvoir se lancer (et ça protège la Ville).
On se retrouve donc, aujourd’hui, au point mort.
Le maire s’est alors tourné vers le premier ministre Legault pour faire appel à son sens de l’État. On comprend la démarche, encore une fois.
Ça prend de la vision, de la hauteur et le sens des responsabilités pour décider d’offrir à Québec un réseau structurant fort et capable de répondre à ses besoins futurs.
Mais, le sens de l’État de Legault, en général, se résume à des calculs électoraux du quotidien. Ça s’arrête au bout du nez, cette vision. Pis, encore.
Remarquez, le projet s’est beaucoup auto-flingué avec sa facture qui passe de 3,4 milliards $ à 8,4 milliards $ pour 19 kilomètres de rails… ça fait 442 millions $ du kilomètre.
Et cet argent de plus n’irait pas dans des rails en or, des sièges en cuir d’Italie ou des bains de pieds pour les passagers.
Ça irait dans les poches de ceux qui sont dans la liste des justifications : inflation, coût des matériaux, coûts de main-d’œuvre, taux d’intérêt…
Le moment est néanmoins venu de respirer par le nez (celui que notre vision doit dépasser) pour aligner le projet sur les besoins réels des citoyens et penser les choses différemment.
C’est ce qu’on perçoit (du moins dans le pitch de vente) dans le plan B dont on a vanté les vertus.
Encore hier, je répétais que Labeaume a vraiment choisi de partir au bon moment. En se sauvant, genre…
Pour ma part, je ne sais pas si le projet est mort. Je persiste à dire qu’un réseau structurant avec une colonne vertébrale forte est indispensable à Québec. On n’est plus un village. Point.
Mais, en pensant au tramway et à sa situation actuelle, j’entends presque Gerry Boulet chanter : « Toujours vivant… »
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