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Chronique : Le tremplin et le boulet

david lemelinDavid Lemelin (Photo : Courtoisie)

Par David Lemelin

L’appui au maire Marchand a chuté. Selon Léger, près de la moitié des gens de Québec veulent un changement à la mairie. Il n’y en a que 29 % qui souhaitent qu’il reste.

Ça fait mal.

Il y a un an à peine, 67 % des citoyens se disaient satisfaits de son travail, des chiffres comparables à ceux de Labeaume, son populiste et populaire prédécesseur. On est rendu à 47 %.

Perdre 20 points en un an, c’est énorme, évidemment. La confiance a aussi dégonflé, passant de 69 % à 45 %. L’effet des espadrilles et des nœuds papillon est passé, visiblement.

Est-ce étonnant? Pas du tout. Le sondeur explique qu’il y a une « perception » que le maire est le porteur de ballon du grand projet de tramway. Et quand on n’est pas content, on blâme le maire.

Eh bin, oui! C’est pas une perception, c’est un fait : Marchand s’est, à juste titre, annoncé comme porteur de ce ballon, comme « Capitaine Tramway ».

Il est donc testé avec ce projet, évalué avec ce projet, critiqué et calomnié avec ce projet. C’est la réalité.

Est-ce que quelqu’un d’autre aurait mieux fait? J’ai souvent pointé du doigt son inexpérience, son manque de connaissances et de compétences.

Mais, la fraîcheur et les valeurs qu’il portait le servaient bien jusqu’ici : on laissait la chance au coureur et on appréciait son ton moins abrasif que l’ex-maire désormais chroniqueur à La Presse.

Sauf que le ton a changé. Il s’est mis à frapper les adversaires, espérant donner l’image d’un leader fort, qui sait ce qu’il fait. Que font les gens dans ces conditions? Ils regardent alors les livrables…

Dès lors, le tramway fait trébucher Marchand. Ça ne fonctionne pas, la sauce ne prend pas. C’est donc lui qui en paie le prix.

Sa cote pique du nez, le projet est mort-vivant… le tramway n’est plus un tremplin, mais un énorme boulet.

Pourtant, on le savait. Des maires ont déjà vécu cela dans le passé : les projets de ce type ne sont pas populaires et les élus en place sont souvent battus à l’élection suivante. Ce n’est donc absolument pas surprenant.

Certes, le contexte économique est difficile, mais tout le monde est pris avec cela. Ça force à tenter de se tenir debout devant le gouvernement Legault, ce que Labeaume réussissait mieux que quiconque.

Or, Marchand n’y arrive pas. Il est incapable de s’imposer, non seulement en raison de son style, mais surtout parce que Legault semblait surpuissant jusqu’ici…

Jusqu’ici.

Toutefois, le vent est en train de tourner. Les maires devraient pouvoir saisir cette occasion et ils vont sans doute essayer d’en tirer profit, tôt ou tard.

Ça pourrait être une bouée de sauvetage pour Marchand : forcer la main de Legault et en récolter le crédit.

Mais, à ceux qui le voient déjà battu, notez ceci : les élus municipaux sont les plus stables de tous les paliers de gouvernement et surtout… il n’a pas d’opposant sérieux en vue.

De fait, le chef de l’opposition, Claude Villeneuve, n’attire pas les insatisfaits : il n’y en a que 27 % qui sont satisfaits de son travail. Donc, si Marchand devait être battu, ce sera par une candidature de l’extérieur de l’hôtel de ville.

Le sondage nous apprend que les gens sont néanmoins fiers de leur ville. C’est donc dire que Québec n’est pas perdue. Il est encore possible d’aller chercher le cœur des citoyens.

Encore faut-il pouvoir les convaincre de sa capacité de relever le défi. Pour répondre à ma question précédente : est-ce que quelqu’un d’autre ferait mieux?

Oui. Je ne crois pas qu’un Jean-Paul L’Allier s’y serait cassé les dents avec autant de déconvenue. Il y a des personnalités plus fortes et expérimentées qui s’en seraient tirées probablement moins mal.

Oui, moins mal. Car, je pense encore que Labeaume s’est sauvé juste à temps…

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