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Chronique : Servir les intérêts de qui ?

david lemelinDavid Lemelin (Photo : Courtoisie)

Par David Lemelin

Les récents événements entourant le tramway ont mis de l’avant, de façon spectaculaire, comment la structure même du système politique au Québec tend à nuire, dans une certaine mesure, aux intérêts de la population. 

On dira qu’un élu municipal pense lui aussi en fonction de la prochaine élection, mais le dossier du tramway met davantage de l’avant les lacunes du système en ce qui concerne le pouvoir de Québec sur les municipalités. 

Quand un premier ministre est obsédé par la prochaine élection, il devient plus poreux aux influences des idées à la petite semaine. Dès lors, il aura tendance (on l’a vu) à utiliser le pouvoir qu’il a sur une ville pour dicter le pas, n’en déplaise aux élus. 

À Québec, Marchand essaie de penser à ce qu’il faudra dans 10 ou 15 ans. Même si la prochaine élection influence sans doute ses choix, il reste que, lui, au quotidien, il sera pris avec la bibitte s’il fallait qu’elle soit mal conçue, mal pensée. Il est donc obligé d’avoir un recul qu’un premier ministre fragile et sensible aux sondages n’a pas (ou ne veut pas avoir). 

Or, est-ce que le gouvernement du Québec est toujours le mieux placé pour décider de l’aménagement d’une ville? Non. 

On comprend alors encore mieux les inconforts de Labeaume qui souhaitait une cité-État, rêvant pour Québec d’un statut lui accordant un pouvoir indépendant de l’Assemblée nationale beaucoup plus grand que celui d’une « créature du gouvernement ».  

Résultat? Même en se faisant retirer le dossier, Marchand a dû la boucler. Il aurait pu parler (et il aurait dû), mais son impuissance ne fait que mettre en lumière les limites du modèle. 

C’est d’autant plus criant que le gouvernement a lui-même modifié sa loi pour que les municipalités s’occupent clairement des projets de transports qui versent dans l’aménagement du territoire.

Mais… il a, malgré cela, toujours les mains sur le volant. Les maires et mairesses le savent. Les débats entourant la fiscalité municipale ne font que le rappeler, une millionième fois. 

On dira que le gouvernement peut, avec son pouvoir, freiner les ardeurs d’un élu municipal qui aurait déraillé. C’est vrai. Mais, n’y aura-t-il pas lieu de conserver un garde-fou plutôt que le volant comme tel? 

Si on donnait plus de pouvoir d’initiative aux municipalités, plus de contrôle sur l’aménagement de leur territoire, on permettrait de mieux adapter les projets en fonction des besoins, en dépendant moins des élections aux 4 ans, sachant qu’au municipal, la stabilité est plus grande que pour les autres paliers (on change moins souvent les maires et conseillers). 

Ça n’empêche pas toutes les conneries, certes. Mais, le contrôle actuel est contesté depuis des décennies. Il doit y avoir des raisons…

Au fond, c’est un peu comme le système électoral. On se promet vertueux et, une fois au pouvoir, on change d’idée. 

Or, la vraie question, ce n’est pas de savoir si c’est bon pour la réélection dans 4 ans. C’est de savoir si c’est bon pour les citoyens. Et ça ne va pas forcément de pair…

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