Plusieurs commerçants du quartier Saint-Sauveur se prononcent suite à la présentation, par la ville de Québec, du concept d’aménagement de la rue Saint-Vallier Ouest.
Par Estelle Lévêque
Au cours des derniers jours, plusieurs citoyens et organismes ont vivement critiqué le projet de réaménagement de la rue Saint-Vallier Ouest. Celui-ci comprend plus de verdissement, des installations plus conviviales et la mise en place d’une rue à sens unique.
Alors que ces deux premiers sont accueillis globalement assez positivement, c’est notamment ce dernier point qui fait débat. Pour les comités de citoyens comme certains commerçants, le sens unique en direction ouest viendra complexifier la circulation dans le secteur et son accessibilité.
Circulation et transport en commun
Supprimée de la rue Saint-Vallier Ouest dans la direction Est, la circulation sera reportée sur les rues avoisinantes. Entre autres, on parle de la rue Saint-Luc et de l’avenue des Oblats. Pour M. Gagnon, propriétaire de la bijouterie Serge Gagnon, la mise en place d’un sens unique est une aberration.
« Certains commerces demandent une circulation dans le secteur, avec des transports volumineux. Imaginez vous l’achalandage que ça va faire dans les petites rues : c’est pas du tout des rues qui sont prévues pour ça », commente-t-il. Il évoque notamment les transports de livraisons, mais aussi le transport en commun.
Au-delà d’une circulation difficile, ces modifications viendront complexifier l’accès au transport collectif. « On est dans un quartier où le transport en commun est essentiel. La ville a la vision de densifier le centre-ville auprès des utilisateurs de transports en commun. Là, au lieu d’arrimer un transport en commun plus efficace, ils choisissent de compliquer les choses », lance-t-il.
Bravo au verdissement
Toutefois, tout ne serait pas à jeter dans le projet de réaménagement proposé par la municipalité. Notamment, la plantation d’arbres et végétaux est bien accueillie par les commerçants rencontrés en entrevue. « La rue a besoin de ce verdissement, elle a besoin d’être plus attractive. On trouve que le projet est très beau », résume Damien Geoffroy, copropriétaire du Julio Taqueria et du restaurant Chez Tao. Compréhensif envers les préoccupations citoyennes des résidents, M. Geoffroy considère toutefois que la vision proposée correspond à leurs attentes de commerçants.
« On a hâte de voir le quartier plus vert et plus convivial. On veut du verdissement et une rue plus belle, mais il faut le faire intelligemment et pour que tout soit fluide. »
Andréanne Girard, copropriétaire de la boutique Jardins Vitrum Hortis.
Travaux et mise en pratique
En effet, la copropriétaire du commerce fleuriste témoigne d’une rue à sens unique susceptible de créer des malentendus. Rappelons que le sens unique était à l’essai, sur la période estivale 2022. « Il y avait du monde qui prenait le sens unique à contresens, certains autobus restaient pris, des camions de livraison aussi. J’ai hâte de voir comment ils vont penser ça lors de sa mise en place définitive. »
Par ailleurs, les travaux de réaménagement de la rue, qui devraient débuter en 2024, suscitent quelques réactions. Les commerçants interrogés se disent enthousiastes sur le long-terme, mais plus inquiets ou impactés à court-terme. « Ça va être long et le commerce sera parfois moins accessible pour nos clients, que ce soit à pied ou pour le stationnement », commente Andréanne Girard. Le commerce assure toutefois ses arrières avec le développement de son service de livraison.
Dans la même lignée, les propriétaires du restaurant Lima développent une offre de traiteur, afin de pallier une baisse de fréquentation au cours de l’année à venir. « Les réaménagements de la rue sont une bonne chose, je pense que ça va nous bénéficier sur le long terme. Mais pour la prochaine année, ça nous fait un peu peur », conclut Émilie Couillard.
Quant au copropriétaire du Julio Taqueria, il voit les travaux comme un « mauvais moment à passer ». « Il faut savoir faire des sacrifices. Il faut être réaliste, on ne peut pas avoir des améliorations sans travaux », résume-t-il. M. Geoffroy espère tout de même que la ville mettra en place un soutien financier significatif pour les commerces impactés.
Manque de transparence
Alors que M. Pierre-Luc Lachance valorise un projet basé sur des consultations citoyennes, Marc Gagnon déplore un manque de transparence et dénonce des prises de décisions arbitraires.
« Depuis cinq ans, on réfléchit au sujet des aménagements à faire sur la rue Saint-Vallier », affirme Marc Gagnon, commerçant impliqué dans le quartier depuis 43 ans. « On veut être ouvert, être objectif dans nos réflexions, donc on a demandé à la ville des arguments pour la mise en place d’une rue à sens unique. Ils ne nous sont jamais arrivés avec une étude favorable à ça. Ce n’est qu’une décision politique », laisse tomber M. Gagnon.
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