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Maude Boutin Saint-Pierre, ou l’éclosion créative

Maude Boutin Saint-Pierre, lauréate du prix Relève professionnelle en Capitale-Nationale des Prix d’excellence des arts et de la culture. (Crédit photo : Denis Baribault - image recadrée)Maude Boutin Saint-Pierre, lauréate du prix Relève professionnelle en Capitale-Nationale des Prix d’excellence des arts et de la culture. (Crédit photo : Denis Baribault - image recadrée)

Diplômée du Conservatoire d’art dramatique de Québec, Maude Boutin Saint-Pierre se démarque par son approche à la croisée des disciplines, pour des œuvres aussi intimes que collectives.

Par Estelle Lévêque

Maude Boutin Saint-Pierre a achevé sa formation au Conservatoire d’art dramatique en 2018. Depuis, elle a exploré diverses facettes du théâtre en tant qu’interprète mais aussi créatrice. Elle a cofondé la compagnie Vénus à vélo, le collectif féministe Les Reines et le collectif multidisciplinaire Les Bambines.

Dernièrement, elle a exploré le monde du balado en écrivant et réalisant Parentèle. En 2023, Maude a suivi une formation en direction d’intimité, notamment pour la pièce L’œil, présentée à l’automne au Périscope. À l’occasion de la 37e édition des prix d’excellence des arts et de la culture, Culture Capitale-Nationale récompense son travail en lui décernant le prix Relève professionnelle.

Le Carrefour de Québec : Quels sont tes ressentis concernant cette distinction dans le cadre des Prix d’Excellence ? 

Maude Boutin Saint-Pierre : C’est vraiment une belle reconnaissance qui me touche. J’étais vraiment émue d’être nominée aux côtés de Natalie Fontalvo et Jorie Pedneault. C’est précieux comme soutien puisque le milieu des arts vivants reste un milieu précaire. Un soutien comme celui-ci va me permettre, cet été, de me consacrer à ma pratique, prendre du temps de création.

Le vacarme des fleurs

Sur quel projet travailles-tu en ce moment, et pour les mois à venir ? 

J’ai créé une œuvre audio Le vacarme des fleurs, pour laquelle j’ai eu la chance de faire une résidence de création aux Jardins de Métis en 2022. Dans les prochains mois, j’espère pouvoir me plonger dans l’exploration sonore de cette œuvre et peut-être dans un projet de livre d’artiste, en collaboration avec Julie Bellavance. Il y a peut-être, aussi, des projets avec Vénus à vélo. Rien n’est encore confirmé, mais beaucoup de choses mijotent. 

Comment envisages-tu le projet autour du Vacarme des fleurs ?

Tout d’abord, on aimerait amorcer une recherche visuelle. On pense se questionner sur les façons de créer un dialogue entre mon manuscrit et les lithographies de Julie Bellavance. Ceci dit, pour ce projet là, j’ai envie de créer dans un rythme plus lent. Depuis ma sortie d’école, j’ai eu un rythme assez effréné de création. Pour une œuvre qui parle de guérison et de lenteur, j’ai envie d’appliquer ces notions au sein-même du processus créatif.

Intimité et pluridisciplinarité

Qu’est-ce qui te plaît dans le fait d’explorer une œuvre à travers divers médiums ?

L’apprentissage est quelque chose qui m’anime énormément. Dès que j’ai acquis quelque chose, j’ai très vite envie de retomber dans ce contexte d’apprentissage. 

C’est aussi quelque chose qui a été motivé par les rencontres que j’ai faites. Si je n’avais pas travaillé avec Vanessa ou rencontré Julie, cette idée d’un objet papier n’aurait pas existé. C’est en étant au contact d’autres sensibilités artistiques que les portes s’ouvrent. 

Faire des rencontres pluridisciplinaires, c’est quelque chose de vraiment riche, qui décloisonne ma pratique théâtrale.

Tu explores très souvent le thème de l’intimité, dans tes œuvres. Peux-tu me parler de l’importance de ce thème au fil de ton parcours ?

Je m’intéresse à l’intimité parce que ça a toujours été les histoires qui venaient me rejoindre, avant même de créer moi-même. Puis, j’ai pris conscience de tout le potentiel politique de l’intime et j’ai eu envie de plonger dedans.

Pour Parentèle, je partais de mon intimité tout en allant à la rencontre d’autres personnes, pour parler des façons de faire famille de manière alternative. Avec Le vacarme des fleurs, je m’intéresse plus au deuil. L’œil s’attarde sur la représentation du corps féminin en art. On aborde la question de la nudité en art vivant. Puis, La délivrance parle de famille, d’accouchement, de maternité.

Je pense que j’aime aller chercher des histoires qui paraissent presque banales, mais qui viennent nous chercher dans des endroits insoupçonnés. 

À quels oeuvres as-tu pris part dernièrement, en tant que comédienne ?

L’année passée, j’ai joué dans Cabaret et dans Alice, au Trident. Après Noël, je serai dans Orgueil et préjugés, au Trident également. Ce sont trois pièces avec des esthétiques, des textes, des époques complètement différentes. C’est vraiment le fun de pouvoir s’immerger dans la démarche et le processus de différents artistes.

Passé et futur

D’où viens-tu et où vis-tu à Québec ?

J’ai grandi à Stoneham. Puis, j’ai habité, au début de mes études, à Limoilou. Par la suite, j’ai habité dans Saint-Jean-Baptiste.Tout récemment, je suis retournée vivre à Stoneham, mais je passe toujours beaucoup de temps en centre-ville. Notamment dans Saint-Jean-Baptiste, puisque ma compagnie y est implantée.

Est-ce qu’il y a une discipline, un projet que tu aimerais particulièrement explorer à l’avenir ?

Il y en a tellement (rires). Mais je dirais que j’ai envie d’explorer la création pour le théâtre Jeune public. Je trouve qu’il y a une grande authenticité chez le public jeunesse qui vient me rejoindre. J’ai aussi envie de continuer à faire du son. Je trouve qu’il y a un quotient d’intimité dans le son qui fait qu’on peut littéralement chuchoter à l’oreille du public. Éventuellement, peut-être faire des formes plus hybrides, sous forme d’exposition ou de quelque chose qui mélange les arts vivants, le son, les arts visuels.

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