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Mireille Dubois : le franc succès d’une humoriste sur le tard

humour(Photo : Courtoisie)

À 73 ans, Mireille Dubois est la preuve vivante que la retraite peut représenter le début d’une nouvelle vie.  Le spectacle de cette humoriste sur le tard fait littéralement un tabac dans la province depuis qu’elle s’est mise à l’écriture à l’âge de… 58 ans.

Par Martin Claveau 

Mireille Dubois débute tôt son parcours sur le marché du travail. Déjà à 18 ans, elle est engagée à la mairie de Neufchâtel.

Puis, au gré des regroupements de municipalités dans la région, elle deviendra employée de la Ville de Québec.

Mme Dubois travaillera alors de longues années pour la municipalité au sein de différents services comme la police et les communications.

Si bien qu’après 32 ans de service, elle n’est âgée que de 51 ans, mais devient tout de même éligible à la retraite et choisit de se prévaloir de son droit.  

Cette femme active ne demeure toutefois pas sur la touche bien longtemps et sera par la suite embauchée par la Caisse des employés de la Ville pour y travailler quelques années.  

Tout au long de sa carrière, cette pince-sans rire dotée d’un fort sens de l’humour prend plaisir à organiser des « bien-cuits » pour souligner la retraite de ses collègues dont elle aime bien tirer la pipe.

Après chacune de ses brèves interventions, ses collègues lui suggèrent qu’elle devrait tenter sa chance dans le milieu de l’humour, tant il lui semble naturel de dérider des auditoires. 

L’idée germera lentement dans sa tête, mais elle n’est pas encore convaincue à ce moment. 

En 2007 survient le décès marquant d’une trop jeune et très bonne amie. Ce triste événement la motive alors à tenter sa chance, jugeant que la vie est trop courte et qu’il faut éviter d’accumuler des regrets. 

Se lancer dans le vide

À 58 ans, Mireille Dubois se lance donc dans le vide et réserve le Centre d’art la Chapelle pour y présenter un spectacle d’humour qu’elle n’a pas encore écrit.

« Ce fut vraiment un moment déterminant pour moi. Entre août et novembre de cette année-là, j’avoue que j’étais pas mal stressé », rigole aujourd’hui cette courageuse membre FADOQ en songeant à ce moment déterminant de son cheminement. 

Au fil de ses sessions de travail et de ses soirées à prendre un verre avec des amis, les idées lui viennent.

L’humoriste en devenir prend alors confiance en ses moyens, si bien qu’elle accouche d’un premier jet du spectacle qu’elle présente dans la salle de Vanier.

« Le soir de la première, j’ai rassemblé pratiquement tout le monde que je connaissais pour y assister. Je crois que mon récit a un peu rappelé aux gens le leur et je crois que ça leur a plu », se félicite-t-elle. 

« Mon filon, ça demeure simplement ma vie, qui est en fin de compte la vie moyenne des gens. Il n’y a rien d’extraordinaire là-dedans, mais je fais preuve de pas mal d’autodérision », appuie-t-elle.  

Profitant de cette lancée, Mme Dubois additionne ensuite les prestations à son rythme. Elle donne ainsi des spectacles corporatifs et anime aussi, bénévolement, des spectacles bénéfices pour l’association de sclérodermie de Québec.

« Il s’agit d’une terrible maladie que ça m’a permis de mieux comprendre, alors ça m’a fait du bien de m’impliquer dans cette cause », convient celle qui admire tous ceux qui font du bénévolat et qui font tourner des organisations comme La FADOQ.

« Tout ce temps que les gens donnent, moi ça me fascine et ça m’émeut à la fois. Alors, j’essaye de faire ma part aussi », ajoute-t-elle.

Le Tremplin

Si certains lui suggèrent d’essayer de faire son entrée à l’École nationale de l’humour, elle préfère ne pas emprunter cette voie et se fier à son instinct.

Au printemps 2009, Mireille Dubois participe au festival, « Le Tremplin de Dégelis », un concours artistique réputé. Elle le fait sans avoir trop d’attente.

Cet événement se révèle excessivement formateur et lui permet de rencontrer plusieurs créateurs.

Forte de l’expérience accumulée durant ses prestations et de son texte, elle présente son spectacle et, surprise, elle remporte le concours.  

Cette consécration lui procure une notoriété immédiate. Cette réussite gonfle sa confiance.

Elle constate alors, à sa grande surprise, que la plupart des humoristes participants sortent tous de de l’École nationale de l’humour. Ces derniers ne font toutefois que des numéros d’une quinzaine de minutes. 

« Moi j’avais un full show et plusieurs en sont demeurés très surpris », se remémore-t-elle. L’humoriste bien connu, Louis T., la remarque alors et se sert même d’elle pour motiver de plus jeunes humoristes à écrire leur propre matériel comme elle. « Ce concours fut une expérience extraordinaire pour moi », considère, avec le recul, Mme Dubois.  

La lauréate participe ensuite au Festival d’humour de Rivière-du -Loup, où elle assure la première partie de nulle autre que Cathy Gauthier.

« Elle a vraiment été gentille avec moi et m’a même reconduite sur scène pour mon spectacle, alors qu’elle n’était pas obligée du tout de le faire », tient-elle à souligner.  

Par la suite, Mireille Dubois fera brièvement affaire avec un agent artistique, mais découvrira alors qu’elle préfère se développer à son propre rythme.

Elle quittera donc ce dernier, en bons termes, tout en lui demandant conseil de temps à autre.  

Elle réalisera une véritable tournée en Abitibi où elle présente son spectacle dans cinq villes en quelques jours.

« J’ai adoré, mais ça demeure assez épuisant et j’étais brûlée après coup car c’est un peu trop pour moi à mon âge », rigole-t-elle.

En septembre dernier, 130 personnes s’entassent pour la voir à l’Espace Félix Leclerc de L’Île d’Orléans. Elle y sera d’ailleurs de retour le 20 avril prochain, avis aux intéressés.

« Je ne suis plus jeune, mais je veux continuer et j’ai encore l’énergie pour le faire, mais à condition que ce soit à mon rythme », confesse celle qui possède indéniablement le don de faire rire.

Si ses influences sont nombreuses, Mireille Dubois respecte énormément l’humoriste Lise Dion en raison de sa simplicité.  

Spectacle

Le spectacle maintenant fort bien rodé aborde les différentes décades de la vie de la septuagénaire.

« Je me suis ajustée en voyant les réactions des gens en salle. Le spectacle que je présente a beaucoup évolué depuis le début », commente-t-elle.

Ils ne reconnaissent pas leur mère

 « Le plus beau cadeau que mon garçon et ma fille m’aient fait récemment, c’est qu’ils m’ont confié qu’en voyant mon spectacle ils avaient tous les deux oublié que j’étais leur mère. Pour moi, ce fut une belle récompense de savoir ça, car ça prouve que je me suis développé comme artiste. Ça me flatte aussi beaucoup quand certaines personnes me mentionnent que je leur donne le goût d’entreprendre des choses malgré leur âge. À chaque spectacle, j’ai encore le trac, mais j’adore être sur scène », avoue Mirelle Dubois qui considère sa carrière d’humoriste comme un beau cadeau de la vie.  

« Pas de danger que j’attrape la grosse tête, toutefois, car mes petits-enfants me ramèneraient vite à la réalité », conclut cette sympathique pince-sans-rire, qui habite l’Île d’Orléans en compagnie de son amoureux.

*Mireille Dubois sera en spectacle 2 avril prochain à Montebello (Club FADOQ ), ainsi qu’à l’Espace Félix Leclerc  de l’Île d’Orléans, le 20 avril. On peut la joindre sur son courriel à :  mir.dubois@gmail.com.

*Ce texte a été publié originalement dans l’édition du printemps 2024 du magazine l’Écho des 2 Rives de la FADOQ  de la région de Québec-Chaudière-Appalaches.

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