Aujourd’hui, à 13h, une marche de soutien pour les employés de bibliothèque prendra son départ à la bibliothèque Saint-Charles, à Limoilou. Le cortège, mené par la conseillère municipale limouloise et cheffe de Transition Québec Jackie Smith, se rendra jusqu’à Gabrielle-Roy. Selon Mme Smith, la mobilisation citoyenne est essentielle pour appuyer les grévistes fatigués, qui ne se font toujours pas entendre.
Par Florence Bordeleau
Une grève aux enjeux tentaculaires
Cette année, 14 conventions collectives doivent être renégociées par la Ville. Le corps policier, les cols blancs (travailleurs de bureaux) et les cols bleus (employés manuels) sont les principaux groupes menaçant d’interrompre leur travail pour se faire entendre de leur employeur. Les cols bleus, qui avaient voté à 98% en faveur d’un mandat de grève plus tôt cette année, ont finalement déclaré, hier, un premier trois jours d’arrêt à la fin juin. Les cols bleus avaient d’ailleurs commencé « à ralentir le travail », moyen de pression jugé « illégal » par la Ville. Cela a conduit à la mise en demeure, par la Ville, du chef du syndicat des cols bleus.
En d’autres mots : la mairie n’est pas tranquille avec ses employés ces temps-ci. Les horaires difficiles et les salaires sont au cœur du débat.
Le TUAC (le syndicat des employés de bibliothèques) est-il aux prises avec un employeur qui craint que de trop bonnes conditions octroyées à ses grévistes créerait des précédents envers tous les autres groupes de travailleurs syndiqués municipaux ?
***Rappelons que l’employeur des bibliothécaires n’est pas directement la Ville, mais l’Institut canadien de Québec, qui est financé par la mairie (plus de détails ici).
En point de presse mardi dernier, Bruno Marchand a répondu par l’affirmative.
Le maire de Québec, Bruno Marchand, en point de presse le 4 juin 2024.« Il y a un lien à faire, du fait qu’on négocie cette année 14 conventions collectives qui sont venues à échéance. On ne peut pas négocier une convention collective et se dire que ça n’aura pas d’impact sur les autres. Il y a un tout là-dedans, il y a une question d’équité interne pour les 14. Et là, bien que c’est l’ICQ, qui négocie avec ses employés, il y a aussi une comparaison qui se fait. Il y a un tout à regarder. Mais concernant la grève des bibliothèques, il y a un dépôt qui a été fait par l’ICQ, un dépôt qui est complet, dont on attend le retour du syndicat. »
Jérôme, employé de bibliothèque, est au courant que cette offre a été déposée, mais n’a aucune idée de ce qu’elle contient. Le tout est sur la glace. Il mentionne que cette quatrième offre a été qualifiée de « globale et finale » par l’employeur.
« L’ICQ est sorti dans les médias vendredi dernier pour dire qu’il avait fait une offre à notre syndicat qui, lui, a tout de suite précisé qu’il manquait des documents pour présenter cette offre à leurs membres. En date d’hier après-midi, notre syndicat n’avait toujours pas reçu tous les documents requis. Peut-être les a-t-il reçus hier en fin de journée ou tôt ce matin. Toujours est-il qu’il y a un décalage entre ce que l’ICQ dit aux médias et les faits. Vendredi dernier, 31 mai, l’ICQ disait souhaiter que l’offre soit soumise au vote des syndiqués le plus rapidement possible, alors que l’offre était incomplète. »
Jérôme, commis de bibliothèque, le 7 juin 2024.
Les bibliothèques, un service essentiel ?
Jackie Smith considère les bibliothèques comme un liant social d’importance, mais aussi un lieu-refuge pour les moins nantis : « Les bibliothèques sont très importantes pour le communautaire. Mais en été, ça l’est encore plus : une bibliothèque, c’est un des endroits qui est climatisé où tu peux aller et passer ta journée sans être obligé de consommer. C’est extrêmement important dans le contexte des changements climatiques, pour tous les gens qui n’ont pas les moyens d’avoir l’air climatisé. »
Smith souligne également que les enfants ont du rattrapage à faire dans leur cursus scolaire, entre autres à cause des grèves du corps professoral de cet hiver. Les bibliothèques jouent un rôle fondamental dans le nivellement des inégalités chez les jeunes, par les ateliers offerts. Pour ces différentes raisons, elle organise donc la marche de soutien aux employés.
La marche de Jackie Smith
« La communauté est tellement avec les bibliothécaires, ça n’a pas de bon sens. On a reçu environ deux mille courriels de gens qui nous demandaient “s’il vous plaît, réouvrez les bibliothèques.” […] Je pense que la communauté est rendue à devoir faire une démonstration de solidarité envers les employés de bibliothèques. Ça fait trois mois qu’ils sont en grève, ils doivent commencer à être découragés. » Pour cette marche, plus de 400 personnes ont répondu à l’appel de la conseillère municipale de Limoilou, sur Facebook. Reste à voir si la pluie aura raison des marcheurs…
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