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La taxe Paquet

david lemelinDavid Lemelin (Photo : Courtoisie)

Parfois (ou souvent), pour se démarquer en politique, il devient tentant de dire une connerie, quelque chose de fort, qui attire l’attention. Je plaide coupable, je l’ai déjà fait : j’avais comparé le régime Labeaume à la Corée du Nord. C’était stupide.

Mon ex-collègue Patrick Paquet a visiblement besoin d’attention. Alors, pour y arriver, de temps à autre, il tire au canon et attend de voir les dégâts. Sa dernière salve et non la moindre : au nom de « l’équité » entre les usagers de la route, la Ville de Québec devrait imposer une taxe pour les cyclistes qui utilisent leur vélo en hiver.

Yep. Je sais…

Puisqu’il a choisi politiquement de jouer le jeu de la « guerre à l’automobile » et de se poser en défenseur du char, ça le conduit à lancer, parfois, ce genre d’ineptie.

Invité à préciser sa « pensée », il a parlé de taxe « symbolique » d’au plus 30$ pour couvrir les coûts de déneigement des pistes cyclables, imposée obligatoirement aux cyclistes hivernaux, et de taxe volontaire pour les cyclistes d’été.

« Pourquoi on ne regarde jamais du côté des cyclistes? », demande alors, outré, Patrick Paquet.

Je vais lui dire pourquoi.

De un, parce qu’ils contribuent déjà au trésor en payant leurs taxes municipales. Même comme locataires (puisque le propriétaire en paye), ils ne sont exempts de rien.

De deux, parce qu’ils sont, comme l’a dit Marchand, « sobres en carbone ». À vélo, ces gens n’émettent pas de GES et contribuent à lutter contre le réchauffement climatique. Ils permettent dès lors de sauver des coûts en environnement et en santé publique. On devrait leur faire un chèque, pas les taxer.

De trois, parce qu’en prenant leur vélo, ils favorisent leur santé (poids, stress, etc.), éloignant fort probablement ceux-ci de l’hôpital ou du médecin.  On devrait leur faire alors un chèque, pas les taxer.

De quatre, parce que, il est vrai, le cycliste coûte 25 fois moins cher que l’automobiliste pour chaque kilomètre parcouru. On a vu aussi passer ces données : si faire du vélo te coûte 1$, la société paye 0,08$. La voiture? C’est 9,20$.        Et puis, selon Trajectoire Québec, le transport automobile coûte au moins 43 milliards $ par an aux Québécois, auxquels il faut ajouter 7,6 milliards en frais liés à la santé, sécurité routière, frais de justice, etc. Ces frais ont gonflé de 70% en 20 ans.

C’est pour ça qu’on ne demande jamais aux cyclistes.

Ça n’enlève aucunement la nécessité de réfléchir à la fiscalité municipale, à la répartition de la facture, à trouver des mécanismes innovants, etc. Ça ne prive pas de penser ou de faire ses devoirs.

Mais, parfois, les devoirs sont mal faits. Alors, ici, je donne un « E » à la taxe Paquet. Et, le connaissant, je sais qu’il sait que c’est niaiseux comme idée.

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