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Mademoiselle Agnès « méprise l’humanité »

La comédienne Sylvie Drapeau. ( Photo : Angelo Barsetti)

Saint-Roch – La pièce Mademoiselle Agnès sera présentée le 8 juin à 15h et à 19h30 au Théâtre La Bordée, dans le cadre du Carrefour international de théâtre.

Par Marie-Ève Groleau

Dans un décor épuré et orné d’un imposant cadran ont joué avec fougue des acteurs d’expérience. Parmi eux, on peut apprécier le jeu physique de Sylvie Drapeau, Éric Bernier et Nathalie Claude.

Bien qu’esthétique, musicale et comique, la pièce présente Agnès (Sylvie Drapeau) en dérapage existentiel. Elle dénonce avec ferveur l’hypocrisie relationnelle et surtout, envers soi. Dans un monologue d’entrée époustouflant, les critiques cinglantes d’Agnès, surtout de l’art et des artistes, témoignent de blessures profondes. Son rapport au temps et à la finitude est masqué par la colère.

Pour colorer la hargne projective d’Agnès gravitent autour d’elle des personnages se montrant bienveillants. La difficulté de vivre ensemble, l’expression de soi sans limite, le manque d’amour et de reconnaissance teintent le vécu des personnages. Dans un univers déjanté, les vérités d’Agnès tranchent la consensualité ambiante.

À défaut d’entendre les passages philosophiques prononcés par un intriguant sage et bouffon , le touchant se trouve englouti par le comique. Sans nuance manifeste au plan de l’évolution affective des personnages, la violence d’Agnès se perpétue.

Molière

Il s’agit d’une adaptation québécoise de Louis-Karl Tremblay qui s’est inspiré de la pièce de l’auteure allemande Rebekka Kricheldorf qui, elle, s’est basée sur Le Misanthrope de Molière.

Cette critique de l’art et des artistes trouve un écho dans l’actualité. Les dialogues échangés avec puissance proposent à la fois, une ode à la jeunesse et à l’expérience. Les acteurs s’offrent, généreux de prouesses vocales saisissantes. Lors de moments clés, les rires nombreux, se sont fait entendre, exprimés par un public réceptif. L’adaptation québécoise semble toutefois avoir été créée par et pour les artistes.

Avec quoi peut-on repartir, au plan humain, de cette œuvre théâtrale ? L’humour caustique et la répartie peuvent-il empêcher l’accès au sens profond ? L’artiste d’aujourd’hui a-t-il confiance en la conscience du spectateur ? Comment parler d’art « qui creuse » comme le scande Mademoiselle Agnès ? À voir au Carrefour international de théâtre de Québec.

Avec : Éric Bernier, Stéphanie Cardi, Luc Chandonnet, Nathalie Claude, Sylvie Drapeau, Félix Lahaye, Tracy Marcelin et Ariane Trépanier.

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