Le gouvernement du Québec, sous la direction du Premier ministre François Legault, a franchi une étape décisive vers un avenir plus vert. Un projet de loi visant à interdire la vente de voitures à essence dans la province à partir de 2035 a été déposé. C’est une initiative audacieuse qui soulève des questions importantes.
Par Juliet Nicolas
Mercredi 10 juillet, le ministre de l’Écologie, Benoit Charette, a annoncé le dépôt du projet de règlement confirmant l’interdiction de la vente de nouveaux véhicules légers à combustion interne à partir de 2035. Cela signifie que les véhicules fabriqués en 2034 ou ultérieurement ne pourront plus être vendus ou loués au Québec à partir du 1er janvier 2035.
La transition électrique : un pas vers un avenir plus vert
Le secteur du transport routier est un contributeur majeur aux émissions de gaz à effet de serre du Québec, avec plus de 24 millions de tonnes. À lui seul, il représente 34 % des émissions totales de GES.
Selon les Statistiques SAAQ-AVÉQ sur l’électromobilité au Québec en date du 31 mars 2024, le Québec comptait près de 270 000 véhicules légers entièrement électriques ou hybrides rechargeables, sur environ 4,8 millions de véhicules dans la province. La cible établie dans le Plan pour une économie verte 2030 étant de 1.6 millions de véhicules électriques sur les routes d’ici 2030
Ainsi, la norme VZE vise à encourager la transition vers des véhicules plus propres et à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées aux transports. Cependant, la transition vers les véhicules électriques est un sujet complexe qui soulève de nombreuses questions.
Coûts et actions gouvernementales : qui paie la facture ?
A travers un communiqué, La Fédération canadienne des contribuables (FCC) demande au gouvernement de divulguer aux contribuables le coût de cette transition. Nicolas Gagnon, directeur de la FCC pour le Québec, a déclaré : « Avant d’appuyer sur l’accélérateur et d’interdire les nouveaux véhicules à essence, Legault doit donner l’heure juste aux contribuables et divulguer les coûts qu’ils devront assumer ».
Les coûts de cette transition sont effectivement multiples. Ils comprennent les coûts économiques, les infrastructures énergétiques supplémentaires et les tarifs d’électricité. De plus, Hydro-Québec a récemment admis qu’elle devait revoir à la hausse sa production d’énergie en raison de l’impact des voitures électriques sur la consommation d’énergie.
« Quel sera l’impact sur la facture d’électricité des Québécois lorsque toutes les voitures circulant sur les routes du Québec seront électriques ? Quel sera le coût des nouveaux barrages et des parcs éoliens qui devront être construits pour répondre à cette demande ? Ces questions restent sans réponse »
M. Gagnon, directeur de la FCC
Au-delà de la dépendance automobile
La transition vers les véhicules électriques est une étape importante pour réduire notre impact environnemental. Cependant, elle ne résout pas tous les problèmes associés à notre dépendance à l’automobile. En effet, même si nous remplaçons tous nos véhicules à combustion interne par des véhicules électriques, nous ne parviendrons pas à inverser certaines tendances préoccupantes.
L’étalement urbain continue de progresser, ce qui entraîne une fragmentation du territoire. Les distances entre les maisons, les lieux de travail, les écoles et les commerces augmentent, ce qui rend la voiture individuelle presque indispensable pour de nombreux Québécois. Nous avions déjà évoqué ce sujet l’an passé. A lire; Chronique : Véhicules électriques : fausses promesses et mauvais problème
De plus, cet étalement urbain a un impact négatif sur nos écosystèmes. Il entraîne la destruction d’habitats naturels, la réduction de la biodiversité et l’augmentation de la pollution de l’eau et de l’air. En outre, la construction de nouvelles routes et infrastructures nécessite d’énormes quantités de ressources, comme le béton et l’acier, qui ont leur propre empreinte carbone.
Le chemin vers un avenir durable
La transition vers les véhicules électriques est donc une question complexe qui nécessite une communication transparente de la part du gouvernement. Les citoyens sont en droit de connaître les coûts associés à cette transition. Malgré les engagements environnementaux pris par les gouvernements au fil des ans, la voiture a toujours une place prépondérante. Avec ce règlement, plutôt que de nous orienter vers une diminution de la consommation, nous persistons dans une approche axée sur l’électrification.
Pour participer à la consultation publique et apporter ses commentaires pour l’élaboration de la version finale du règlement, veuillez consulter le lien.
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