Après le gros boom pandémique du marché du vélo, les ateliers et boutiques cyclistes gardent le rythme face à cette nouvelle réalité qui ne semble pas décroître.
Par Estelle Lévêque
Même si toute montée suppose une redescente, le marché du vélo n’a pas encore entamé la sienne. C’est du moins ce dont témoignent plusieurs ateliers et boutiques de vélo du centre-ville de Québec. Après la frénésie cycliste du contexte pandémique, le deux-roues semble toujours avoir la cote.
« Entre 2019 et 2021, on a augmenté d’à peu près 50 % nos ventes. […] Suite à ça, les ventes se sont stabilisées. On n’a pas eu de descente de notre côté jusqu’à maintenant », commente Julien Roy, propriétaire de la boutique Vélos Roy-O, sur la rue Saint-Jean.
Prendre de l’expansion
Du côté du magasin Mathieu Performance, dans le Vieux-Limoilou, l’explosion du marché du vélo en temps de pandémie a créé un tremplin pour son expansion déjà prometteuse.
« Nous autres, on a toujours été sur une belle courbe de progression. Mais elle a pris un pic un peu plus franc pendant la pandémie. On a un solide gain, c’est super positif. »
Philippe Desgagnés, directeur général de Mathieu Performance.
En effet, dernièrement, l’entreprise Mathieu Performance gagne du terrain, une tendance déjà bien amorcée à Limoilou, en ouvrant deux nouveaux points de vente. Ainsi, début 2024, le commerce fusionne avec JH Lamontagne à Lévis et lance un nouveau projet à Saint-Augustin-de-Desmaures sous la bannière Giant Québec. Principalement tourné vers la vente de vélos et accessoires, l’entreprise s’étend ainsi dans un secteur plus large afin de se rapprocher de sa clientèle installée en dehors du centre-ville.
Réparation ou achat ?
Dans le quartier Saint-Sauveur, l’atelier Vélo Basse-Ville, lui, se spécialise dans la réparation. Ouverte en mai 2019, la boutique propose tout de même, depuis 2023, quelques vélos à la vente. « Jusqu’à l’année dernière, on n’était pas capable d’avoir des vélos, à cause de la pandémie. Depuis, les stocks se sont rétablis, on s’est mis à vendre plus de vélos. Mais l’essentiel de l’activité, c’est encore la réparation », souligne Étienne Babin, propriétaire de Vélo Basse-Ville.
L’automne dernier, l’atelier invitait sa clientèle à faire l’entretien de leur vélo avant le printemps, pour éviter des listes d’attentes trop longues. Depuis, les affaires continuent de marcher et l’achalandage reste fort. « La constante, c’est qu’on est toujours dans le jus. Si on compare d’une année à l’autre, je dirais que cette année, ça s’est calmé un peu. Mais, la réalité c’est qu’il y a encore 10 jours d’attente. Le sommet qu’on a atteint c’était une attente de 5 semaines fin mai, début juin », précise M. Babin.
Chez Vélos Roy-O aussi, les services de réparation restent l’activité majoritaire de l’atelier, bien qu’il vende également quelques vélos, majoritairement utilitaires. « Le creux, il a plutôt été l’an passé, au niveau des ventes de vélo. Beaucoup de vélos étaient en surplus de stock et donc à prix réduit, chez les grossistes. Ça a porté certaines personnes à changer leur vélo plus tôt, au lieu de l’entretenir », commente Julien Roy.
Une saison de plus en plus longue
Ces dernières années, le marché du vélo témoigne d’une activité qui s’étale sur un plus long terme. Plus fourmi que cigale, les ateliers comme leur clientèle changent leurs habitudes. Depuis la pandémie, Julien Roy compte plus d’employés dans son atelier, même pendant la basse saison. Au regard de l’activité en plein croissance, il s’attend à ce que ça continue, confie-t-il. Chez Vélo Basse-Ville, la tendance est similaire.
« Avant, le vélo, c’était 5-6 mois par an, maximum. Ça commençait à bouger en mars, voire en avril, et ça se terminait avec le retour des classes. Maintenant, si on commence à suggérer aux gens de venir très tôt, dès le retour des vacances de Noël, ça fait des saisons qui commencent en février et qui se terminent fin novembre. »
Étienne Babin, propriétaire de Vélo Basse-Ville.
Afin d’encourager les cyclistes à apporter leur vélo avant le printemps, les boutiques proposent parfois des tarifs préférentiels pour un entretien hors haute-saison. Aussi, la demande grandissante pour le vélo d’hiver apporte de l’activité aux ateliers dès l’automne. « En novembre, il y a un gros boom pour le vélo d’hiver, qui sont souvent des gros travaux », ajoute Étienne Babin.
Dans un prochain article, les propriétaires d’ateliers de vélo nous parleront plus en détail des tendances cyclistes des dernières années.
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