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La stratégie du Bloc québécois pourrait lui coûter cher à Québec

Le Bloc québécois fait le pari d’appuyer le gouvernement libéral de Justin Trudeau en échange d’une augmentation de 10 % du montant de la pleine pension pour les personnes âgées de 65 à 74 ans, une hausse qui coûterait au moins 3 milliards de dollars aux contribuables canadiens par année.

Bien que cette proposition électoraliste puisse permettre au parti de renforcer ses appuis auprès des électeurs de cette tranche d’âge à travers la province, elle pourrait également le faire disparaître du paysage politique à Québec à la suite des prochaines élections fédérales.

Une analyse d’Alexandre Morin

Les électeurs de la région de Québec n’en peuvent plus du gouvernement Trudeau. Un rapport sur les intentions de vote fédérales au Québec, publié par la firme Léger en août dernier, révèle que 49 % des Québécois estiment que le Canada prend une mauvaise direction sous les libéraux et ce chiffre atteint 52 % dans la RMR de Québec. À l’échelle provinciale, le parti recueille 27 % des intentions de vote, mais ce soutien chute à 17 % dans la région de Québec.

En ce qui concerne le taux de satisfaction à l’égard du gouvernement fédéral, l’insatisfaction atteint des sommets dans la région. Effectivement, si le taux d’insatisfaction envers le gouvernement Trudeau est de 57 % dans la province, il grimpe à 65 % dans la RMR de Québec.

En somme, les politiques de Justin Trudeau ne passent plus dans la capitale. À la lumière des données sur la perception des électeurs de Québec envers le gouvernement actuel, il est évident que tout parti s’en rapprochant trop risque d’être affecté par la lassitude qu’il génère. Pourtant, c’est le pari qu’a choisi de faire Yves-François Blanchet.

Québec : terreau fertile pour la droite

Le pari est d’autant plus risqué pour les députées bloquistes de la région, car leurs circonscriptions sont loin d’être acquises. En effet, selon le site de projections électorales Qc125.com, en date du 22 septembre 2024, les conservateurs étaient en avance dans Beauport–Limoilou à 34 % des intentions de vote, contre 33 % pour le Bloc québécois, tandis que Beauport—Côte-de-Beaupré—Île d’Orléans—Charlevoix montrait une égalité à 38 % entre les deux partis. Ces deux circonscriptions sont actuellement détenues par le Bloc, mais Québec est reconnu pour être un terreau fertile pour les idéaux conservateurs.

La stratégie de Pierre Poilièvre d’utiliser à répétition le terme « bloc-libéral » pour associer les déboires du gouvernement en place à son nouvel allié à la Chambre des communes pourrait trouver un écho plus favorable dans la région de Québec, où le Parti conservateur domine avec 38 % des intentions de vote, selon le dernier sondage Léger du mois d’août.

Les impacts de ce sauvetage du gouvernement libéral en échange d’une politique dépensière apparaissent encore plus risqués dans une région qui, par le passé, n’a pas hésité à voter pour des partis et des politiciens prônant la réduction des dépenses publiques. Les bons résultats obtenus par l’ADQ, suivis par la CAQ à l’époque, témoignent de l’appétit des électeurs de la région de Québec pour une saine gestion des finances publiques, ce qui contraste avec les récentes actions politiques du Bloc québécois. De plus, les deux circonscriptions actuellement détenues par le Bloc dans la région ont élu des députés conservateurs lors des élections de 2015, celles qui ont mené Justin Trudeau au pouvoir.

3e lien

Un autre signal d’alarme pour les députées bloquistes de la région est leur position ambivalente sur le projet de 3e lien.

Avec le regroupement de la Coalition de l’Est, qui compte 78 signataires, dont la MRC Côte-de-Beaupré, la municipalité de Saint-Ferréol-les-Neiges, la municipalité de Château-Richer et l’Alliance Affaires Côte-de-Beaupré, et qui réclame un lien routier à l’est de Québec, le parti fédéral représentant ces municipalités et ces acteurs régionaux à Ottawa ne pourra plus se cacher derrière l’argument que ce n’est pas une compétence fédérale. Il devra véritablement prendre position sur le projet de 3e lien autoroutier entre Québec et Lévis. Le rôle premier d’un élu étant de représenter ces concitoyens au parlement, un élu ne peut pas rester muet sur un enjeu aussi important pour sa région.

Si les députées bloquistes de la région continuent de ne pas se prononcer formellement en faveur de la construction d’un 3e lien autoroutier, elles risquent d’ouvrir la porte au Parti conservateur, qui pourrait alors recueillir le soutien de ces municipalités et de ces acteurs économiques régionaux. La Coalition de l’Est pourrait alors se demander : pourquoi les élues bloquistes de la région n’ont-elles pas fait du financement de la construction d’un lien à l’est de Québec une condition pour maintenir le gouvernement en place ?

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