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1\2 Itinérance à Québec: Éric Boulay parle d’une tempête parfaite

Éric Boulay, directeur général de Lauberivière

Éric Boulay, directeur général de Lauberivière, attribue la hausse de l’itinérance à Québec à ce qu’il décrit comme une « tempête parfaite », soulignant que l’accès aux logements est le principal facteur de la crise actuelle.

Par Alexandre Morin

La hausse de l’itinérance à Québec est désormais indéniable. Lauberivière, un organisme communautaire bien établi dans l’aide aux personnes en situation d’itinérance, a observé une augmentation de la demande de ses services, variant entre 7 % et 15 % chaque année. En effet, le nombre de demandes est passé de 24 000 en 2017 à 46 000 en 2023, représentant une augmentation de 90%.

Logement

Pour Éric Boulay, directeur général de l’organisme établi en Basse-Ville de Québec depuis 1983, la conjoncture économique actuelle et l’accès limité aux services d’aide psychologique dans le réseau public forment une « tempête parfaite » qui favorise l’augmentation de l’itinérance.

« En ce moment, on a une tempête parfaite pour créer de l’exclusion ».

Éric Boulay, directeur général de Lauberivière

La hausse des loyers à Québec, la diminution du pouvoir d’achat et l’endettement croissant des ménages sont les principaux facteurs contribuant à la situation actuelle d’itinérance dans la ville. M. Boulay souligne que cette conjoncture économique engendre également une baisse de l’estime de soi pour de nombreuses personnes.

« En moyenne, à Québec, le prix d’un 3 1/2 est de 1 250 $, tandis qu’un 4 1/2 coûte 2 000 $. Il n’y a plus personne qui est capable maintenant de ne pas être serré avec ces prix-là », résume-t-il.

Société de performance

M. Boulay critique également une société qui tolère de moins en moins les écarts de conduite, favorisant ainsi une exclusion plus rapide.

« On nourrit cette société de performance là, faut faire des gains en capital et être compétitif […] Il y a un prix à tout ça : c’est l’anxiété collective et la fragilité du filet social », explique-t-il.

« Les sociétés occidentales, on est axé sur la performance.  Il n’y a pas de place à l’écart de conduite. Si tu pleures, t’es tannant, tu déranges les autres … ».  

Éric Boulay, directeur général de Lauberivière

Lauberivière

Lauberivière offre une gamme de services variés pour soutenir les personnes en situation de précarité. Ces services incluent une soupe populaire qui sert 400 repas par jour et un hébergement pour hommes et femmes, totalisant plus de 20 000 nuitées annuellement.

Lauberivière dispose de 18 logements; un studio et dix-sept 3 ½. Ce service a pour mission d’offrir des logements supervisés à prix modique, afin que les personnes continuent leur cheminement vers une autonomie complète.

L’organisme offre aussi un soutien psychosocial, un programme de formation « À l’Aube de l’emploi » pour aider à l’insertion professionnelle, ainsi qu’une fiducie pour la gestion financière des usagers.

Local destiné au programme de formation « À l’Aube de l’emploi » pour aider à l’insertion professionnelle des usagers de l’organisme Lauberivière.

Deux centres de jour sont disponibles pour des activités de socialisation et des services de base. Lauberivière propose également un programme de rétablissement pour les personnes sortant de l’Institut universitaire en santé mentale, ainsi qu’un service de dégrisement avec près de 4 000 admissions par an pour soutenir les personnes en état de consommation.

Lauberivière propose également « La Halte », un service d’hébergement accessible 24 h/24 avec un haut seuil de tolérance. Ce refuge permet aux personnes de se reposer à tout moment, sans obligation de sobriété, et accepte les animaux de compagnie, offrant ainsi un environnement sécuritaire et inclusif pour ceux qui en ont le plus besoin.

Les blessures invisibles

M. Boulay, qui compte plus de 25 ans d’expérience dans le milieu communautaire, explique que les « blessures invisibles » ne reçoivent pas le même niveau d’attention que les blessures physiques, contribuant ainsi à l’aggravation de la situation dans la rue. Il critique particulièrement le manque de sensibilisation et de prévention face aux problèmes qui mènent à l’itinérance.

« Quand on met un hôpital de santé physique, on assure de dire aux gens de bien manger, de faire de l’exercice et de ne pas fumer […] avant que tu sois rendu dans la rue, il y a quelque chose à faire, on ne le fait pas », illustre-t-il.

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