Le directeur général de Lauberivière, Éric Boulay, est catégorique : « Je suis avec les commerçants là-dedans ».
L’organisme comprend les préoccupations des commerçants et des résidents du quartier Saint-Roch face à la hausse de l’itinérance dans le secteur et se dit essentiel pour atténuer les effets de la crise actuelle.
Par Alexandre Morin
Éric Boulay est persuadé que Lauberivière contribue à la solution plutôt qu’au problème de l’itinérance. Il rejette les accusations affirmant que le déménagement de l’organisme aurait entraîné des attroupements d’itinérants dans le secteur, soulignant que cette hausse visible de l’itinérance aurait eu lieu malgré tout.
« L’itinérance c’est très confrontant de la voir, c’est très difficile pour les gens qui la vivent ».
Éric Boulay, directeur général de Lauberivière
« Aujourd’hui, j’ai une grande fille de 11 ans et un gars de 15 ans. Moi-même, si mon gars allait à l’École des Berges et qu’il avait 8 ou 9 ans, je serais inquiet », mentionne-t-il pour témoigner de sa compréhension des inquiétudes des résidents de Saint-Roch face à la hausse visible de la consommation de drogues dans le quartier.
Éric Boulay condamne également le vandalisme auquel sont confrontés les commerçants de la Basse-Ville de Québec.
Lauberivière : un partenaire essentiel
Le directeur général n’aime pas un certain discours médiatique qui met les organismes en opposition aux commerçants. Au contraire, selon lui, les organismes d’aide aux itinérants et les commerçants sont des partenaires, puisque tout le monde vise le même objectif : aider les personnes en situation d’itinérance à se sortir de la rue.
« Un commerçant qui se retrouve avec quelqu’un devant son commerce qui crie dans la rue parce qu’il est laissé à lui-même, je ne peux être contre le fait que ça n’a pas de bon sens ».
Éric Boulay, directeur général de Lauberivière
Avec 5 000 personnes différentes accueillies et 45 895 nuitées enregistrées en 2023, Lauberivière joue un rôle crucial dans le soutien aux plus vulnérables. M. Boulay souligne que, sans les services de l’organisme, la situation dans la rue serait bien plus préoccupante, aggravant les défis déjà présents pour la communauté.
Centre d’injection supervisé
Pour Éric Boulay, le centre d’injection supervisé du quartier Saint-Roch joue un rôle crucial. Bien qu’il comprenne les craintes associées à ce type d’établissement, le directeur général de Lauberivière reste convaincu que le centre contribue à réduire les méfaits.
« Le centre d’injection à sa place ».
Éric Boulay, directeur général de Lauberivière
Il soutient que les consommateurs de drogues injectables continueraient de consommer, que le centre existe ou non. Il estime donc qu’il est préférable de leur offrir un lieu sécuritaire pour le faire.
Espoir
Les personnes en situation d’itinérance chronique peuvent-elles espérer s’en sortir et réintégrer la société? Absolument, selon Éric Boulay, qui cumule plus de 20 ans d’expérience dans le domaine et qui a été témoin de nombreux parcours inspirants. « Il n’y a pas de situation sans issue […] certaines sont complexes, mais je crois que chacun peut s’en sortir », affirme-t-il.
Selon lui, la prévention est la clé du succès pour lutter contre l’itinérance. Il se rallie d’ailleurs au maire Marchand, partageant l’idée qu’une vision zéro itinérance est possible pour la ville de Québec. Ambitieux, mais possible.
C’est possible selon M.Boulay en investissant dans un modèle global de lutte contre l’itinérance, incluant l’accès au logement, la prévention et les services directs comme ceux offerts par Lauberivière. À court terme, l’hiver à venir doit être une priorité afin de s’assurer que personne ne meure de froid cette saison.
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