Bien que le groupe Trudel affirme que le développement de l’îlot Dorchester ne soit économiquement viable qu’avec un immeuble d’au minimum 20 étages, plusieurs résidents des quartiers Saint-Jean-Baptiste et Saint-Roch demeurent préoccupés par l’impact du projet sur les perspectives visuelles.
Par Alexandre Morin
Le groupe Trudel se montre à l’écoute des résidents du quartier Saint-Roch et apporte des modifications à son projet de développement immobilier sur le stationnement actuel de l’îlot Dorchester.
Augmentation du verdissement, réduction de 50 espaces de stationnement, mise en place d’un système d’autopartage, diminution de la capacité de l’hôtel de 175 à 150 chambres et ajout de 20 unités résidentielles : le groupe Trudel s’adapte aux demandes des résidents du secteur.
Malgré tous ces ajustements, des inquiétudes persistent, provenant en partie de la Haute-Ville.
Visuel
Ce mercredi soir, plusieurs résidents du quartier Saint-Jean-Baptiste sont descendus de la Haute-Ville pour faire part de leurs inquiétudes concernant le projet du groupe Trudel lors d’une consultation publique organisée avec la participation de la Ville de Québec, du Conseil de quartier Saint-Roch et des promoteurs.
Ils s’inquiètent du non-respect du Programme particulier d’urbanisme (PPU) pour le secteur sud du centre-ville de Saint-Roch, adopté en 2017, qui fixe une hauteur maximale de 33 mètres (10étages) et qui sera modifié pour permettre la réalisation du projet.
« On reconnaît que 20 étages c’est plus que 10 évidemment […] Il y a un besoin de logements en ce moment, faut en créer, faut faire lever des bâtiments de plus grand volume ».
David Chabot, responsable des relations gouvernementales au groupe Trudel
La version renouvelée du projet prévoit actuellement la construction de 410 logements dont 20 unités de logements sociaux et 40 unités de logement abordables, d’un hôtel de 150 chambre et l’implantation possible d’une épicerie à volume. Celle-ci étant nécessaire selon les promoteurs puisque la Basse-Ville et Saint-Roch en particulier a besoin de compétition épicière.
Le problème, selon plusieurs résidents, réside dans l’impact que le projet aura sur l’aspect visuel de la ville. Ils estiment que la partie hôtelière, qui élève le projet à une hauteur de 20 étages, détruira le paysage visuel du secteur.
« Les gens que j’ai sondés dans le quartier déchantent surtout devant l’envergure du projet proposé de 20 étages », s’est exprimée une résidante du quartier Saint-Jean-Baptiste aux promoteurs du groupe Trudel. « Plusieurs considèrent que laisser une vue exceptionnelle à des touristes de passage au détriment des résidants du quartier, c’est assez inacceptable », a-t-elle renchéri.
« La considération de Saint-Jean-Baptiste, on l’attend […] un bâtiment en hauteur, c’est sûr qu’il ne peut pas être transparent ».
David Chabot, responsable des relations gouvernementales au groupe Trudel
Un autre citoyen a renchéri en affirmant que c’était « absolument fondamental que le caractère de la ville de Québec soit préservé ». Il a ajouté qu’il était important, en Haute-Ville, d’avoir une vue sur le ciel et les montagnes et qu’inversement, il était essentiel de conserver la vue sur la dénivellation de la falaise séparant la Basse-Ville et la Haute-Ville. « La topographie de Québec est un élément essentiel du caractère de la ville de Québec », a-t-il conclu en s’inquiétant que le projet nuise aux perspectives visuelles.
Les promoteurs défendent le projet
Pour les promoteurs du groupe Trudel, les changements socio-économiques ont grandement évolué, rendant le PPU de 2017 désuet ou inadapté.
Le groupe cite notamment l’augmentation de 36 338 habitants dans la ville de Québec depuis 2017 et souligne les données de la Ville qui affirment que le taux d’inoccupation des logements locatifs dans le quartier Saint-Roch frôle les 0 %, aggravant considérablement la crise du logement dans le secteur.
Ils soulignent aussi la hausse des coûts de construction de 50% depuis 2017.
« La situation a évolué beaucoup depuis 2017 […] L’APCHQ nous parle de 100 000 nouveaux logements demain matin à Québec pour avoir un taux d’inoccupation équilibre à 3%, ces logements-là faut qui viennent à quelque part », a expliqué M. Chabot pour défendre la nécessité du projet. « On veut combattre l’étalement urbain, on veut densifier notre centre-ville, ça vient aussi avec des conséquences », a-t-il admis.
Le projet s’inscrit selon lui en phase avec la Vision de l’habitation de la Ville de Québec visant la construction de 80 000 nouveaux logements d’ici 2024 sur son territoire.
Impossible sans la partie hôtelière
Selon les promoteurs, il est impossible de réaliser le projet sans la partie hôtelière. Ils affirment que le verdissement et l’offre de logements abordables sont rendus possibles grâce aux revenus qui seront générés par l’hôtel. L’hôtel est la clé du succès du projet. Sans hôtel, il n’y aurait pas de financement pour le reste du projet.
« On n’est pas Montréal, on n’est pas Toronto où il se fait du 60 étages et du 80 étages […] Un 20 étages, c’est quand même assez modéré en termes de densité », a illustré M. Chabot pour défendre la vocation hôtelière du projet et la nécessité d’avoir un minimum de 20 étages.
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